Manifestation du 18/02, Montpellier

Projet de Communiqué
Déclaration de la manifestation

Depuis de longues années, bien avant l’affaire des caricatures danoises, la stigmatisation des musulmans s’est progressivement imposée. Dans cette islamophobie ambiante, ces  caricatures décrivant le Prophète Mohammed comme un terroriste et un assassin manifestent un niveau de vulgarité injurieuse rarement atteint dans la diffamation et portent à leur paroxysme les amalgames racistes. 

La polémique qui s’enracine à propos de ces caricatures, complaisamment reproduites au nom de la solidarité démocratique pour la liberté d’expression, relève de la supercherie. En effet, poser le problème en termes de liberté d’expression ou de « droit au blasphème » est habilement trompeur. Le problème réel, celui de la liberté d’être raciste et de l’exprimer dans les médias, est ainsi éludé.

Ayons enfin l’honnêteté morale de reconnaître que ces dernières caricatures sont profondément discriminatoires et racistes.

Notons que le parallèle avec les années trente du vingtième siècle saute aux yeux dès qu’il est question de caricatures raciales. 

Les publications antisémites et racistes de l’époque ont pu se livrer à la démonisation de toute la population juive, jusqu’à parvenir aux rivages effroyables que l’on sait.

Durant cette récente période de barbarie déchaînée, comme aujourd’hui, des humanistes bien pensants nous auraient sans doute opposés la « liberté d’expression » et « d’opinion ».

Le droit à la liberté d’expression, droit inestimable consacré par l’humanité libre comme universel, ne saurait entrer en contradiction avec le droit à la dignité qui est tout aussi inestimable.

Invoquer le « droit à la liberté d’expression » pour se donner le droit de tout dire, n’importe comment, contre n’importe qui, est une attitude irresponsable car il n’est pas vrai que tout est permis au nom de la liberté d’expression.

L’article 10.2 de la convention européenne des droits de l’homme ne stipule-t-il pas que :

« l’exercice de ces libertés comportant des devoirs et des responsabilités peut être soumis à certaines formalités, conditions, restrictions ou sanctions prévues par la loi, qui constituent des mesures nécessaires, dans une société démocratique, à la sécurité nationale, à l’intégrité territoriale ou à la sûreté publique, à la défense de l’ordre et à la prévention du crime, à la protection de la santé ou de la morale, à la protection de la réputation ou des droits d’autrui, pour empêcher la divulgation d’informations confidentielles ou pour garantir l’autorité et l’impartialité du pouvoir judiciaire. »

L’équilibre entre d’une part le droit à la liberté d’expression, et d’autre part le devoir de lutter contre le racisme, la discrimination, la calomnie, l’antisémitisme, l’islamophobie et tout appel à la haine doit s’imposer.

Cette crise révèle deux fléaux : l’injustice envers l’autre et l’ignorance de l’autre.

Nous devons tous contribuer, d’une manière positive, au dénouement de cette crise grave qui risque de dégénérer davantage, sans céder à cette surenchère de quelques journaux irresponsables ou d’une minorité islamophobe.  

Bref, il est du devoir de chacun, quelles que soient ses convictions, de faire l’effort nécessaire non seulement de connaître l’autre, mais aussi de le reconnaître et de lui faire justice en toutes circonstances.

Ne serait-il pas bienvenu d’appeler les citoyens à un usage responsable de leur liberté d’expression, qui tienne compte des sensibilités qui composent nos sociétés contemporaines. Il ne s’agit pas de restreindre l’espace de la parole libre : non. Il s’agit simplement d’appeler les uns et les autres à user de leurs droits de façon raisonnable. Les citoyens de confession musulmane ne demandent pas plus de censure, simplement un peu plus de respect.

De même les citoyens français de confession musulmane se doivent de condamner et de stopper toute réaction violente en rappelant à tout musulman que le saint Coran (la parole de Dieu) nous ordonne d’être équitables envers tout être humain et nous enseigne que nul n’est responsable pour un acte commis par un autre. De plus, la tradition du prophète nous apprend que jamais l’envoyé de Dieu  ne se vengea d’une injure personnelle.

Bâtir un meilleur « vivre ensemble »

On ne peut bâtir un « vivre ensemble », tel que le veulent la plupart des citoyens, sur la dérision ou le mépris. Que cherche-t-on ? Laisser dans les coeurs de la rancune et de la colère ? Faire la preuve que l’on n’a aucun avenir possible en commun ?

Certes, NON ! La sagesse commande de rappeler et de souligner que nos différences constituent un trésor nous offrant la chance unique de nous enrichir mutuellement. Et par là, de construire des ponts en vue de nous rapprocher les uns des autres et de travailler à vivre ensemble.

Si un désaccord existe : parlons-en ! C’est cela qui construit !

Ensemble montrons cette voie du dialogue, de la raison !

Ensemble œuvrons pour un monde de respect, de solidarité fraternelle…

Aussi le collectif d’associations citoyennes musulmanes et non musulmanes de la Région Languedoc-Roussillon – signataires de cette déclaration – appelle l’ensemble des citoyens à une marche silencieuse et pacifique :

Le Samedi 18 Février 2006 à partir de 14h00 à Montpellier
Du jardin  du Peyrou à la place de la Comédie

 A travers ce rassemblement, nous affirmons :

1- Notre condamnation de toute atteinte à la dignité humaine et aux convictions religieuses.

2- Notre condamnation de toute forme de discrimination, de racisme et d’islamophobie.

3- Notre  volonté d’œuvrer pour le respect, la solidarité et le vivre ensemble. 

4- Notre attachement aux principes universels des droits de l’homme, qui garantissent à toute personne ses libertés fondamentales, y compris la liberté de culte.

 Signataires (Liste provisoire) :

PSM Sud  (Participation et Spiritualité Musulmanes) ; Vivre en Paix (Montpellier) ; A.D.O (Dialogue et Ouverture, Sète) ; Ouverture (Béziers) ; Espoirs (Béziers) ; Bon Voisinage (Perpignan) ; Mille et une Activités (Beaucaire) ; Partage et Echange (Nîmes)

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