Dans le cœur des pèlerins : Une expérience spirituelle transformante et inoubliable

Un voyage, un témoignage, des sentiments propres à chacun et une histoire aussi divers que la différence qui peut exister entre les pèlerins. Notre sœur Yamina nous raconte comment il y a quelques années, elle s’envolait vers les terres saintes.

Depuis le début de l’année 2010, mon époux ne cessait de répéter : n’est-il pas venu le temps pour nous d’accomplir le hajj ? Je voyais bien combien cela lui tenait à cœur mais pour moi je ne comprenais pas encore pourquoi maintenant ?

Je trouvais toujours des arguments pour reporter à plus tard !

Non, les enfants sont trop jeunes, à qui allons-nous les confier ?

Non, mes parents âgés d’abord, que vont dire les gens sur nous ?

Non, nous allons vider notre épargne, que va-t-il se passer s’il y a une urgence ?

Non, nous sommes encore jeunes, n’avons-nous pas toute la vie devant nous ?

Non, cet argent pourrait servir à des travaux ou un voyage, est-il vraiment prioritaire et urgent de l’accomplir aujourd’hui ?
La liste des arguments est longue…

Durant 3 années, j’ai émis un droit de veto…
Jusqu’au jour où eut lieu le déclic !

Mais qu’est-ce qui, un jour, provoque le basculement ?
Qu’est-ce qui fait que nous passons de sourd à entendant ?

Qu’est-ce qui fait que du jour au lendemain, j’entende enfin l’appel de mon Seigneur, raisonner en moi comme celui que mon époux avait entendu depuis bien longtemps ? Cet appel de mon Seigneur à être Son invité dans Sa maison sur Terre ?

Avec le recul, je comprends maintenant que ces arguments répétés étaient comme des bouchons dans mes oreilles empêchant l’appel de mon Seigneur de me parvenir. Mais, un jour, ces bouchons tombent grâce à des causes. Et chacun aura les siens.

Pour ma part, l’année 2011 signa mon entrée dans la quarantaine avec toutes les questions existentielles et les interrogations qui se bousculaient dans ma tête et qui caractérisent cette période de la vie. Il fallait apporter un changement dans mon existence, apporter quelque chose de nouveau, j’en avais besoin…

En perpétuel questionnement et en quête de sens de la vie et des choses qui nous arrivent, je décidais avec la grâce de Dieu de m’inscrire en cours de Sciences islamique : je voulais comprendre par moi-même et vérifier ce que notre Seigneur nous dit dans Son livre et à travers la meilleure de Ses créatures Mohammad, paix et salut sur lui. Ces cours ont été une belle claque pour cette partie ombragée de moi-même qui croit avoir le contrôle sur tout et semble avoir oublié qui l’a créée…

Ainsi, la lumière de la science vint infuser en moi doucement, se sont produites alors des prises de conscience et la sortie progressive des ténèbres. Les bouchons dans les oreilles tombent petit à petit : les arguments qui étaient des vérités solides fondent comme neige au soleil… Les ruses de notre ennemi juré numéro un se dévoilent au grand jour : tous ces arguments n’étaient que mensonges en réalité ; tout pour m’empêcher d’accomplir cette grande adoration, de renouveler le pacte avec mon Seigneur !

Alors la confiance, la sérénité l’espoir deviennent des habitants de mon cœur ! Et puis, j’entends enfin venues de quelque part ces paroles merveilleuses : « Me voici Ô Dieu, je réponds à ton appel. Tu n’as pas d’associé, me voici. La louange et la grâce t’appartiennent ainsi que la royauté. Tu n’as pas d’associé. »

Par la grâce de Dieu, ainsi, l’intention d’accomplir le Hajj s’inscrit dans mon cœur et rejoint celle de mon époux.
Sa joie se lit sur son visage, il a été d’une grande patience…

Nous étions heureux et très souvent pris d’émotions diverses car nous ne réalisions pas que nous partirons là-bas…. Nous nous sommes préparés, organisés, formés dans une sérénité bien particulière.

Les préparatifs en amont ont été d’une grande facilité à organiser et dans une atmosphère de confiance incroyable : la garde des enfants, la logistique de la maison, notre absence, les bagages, la famille etc.

Le jour du départ s’est passé dans une ambiance paisible : nous ressentions la présence divine, nous étions confiants et heureux. Les enfants étaient très patients. Des au revoir paisibles, faciles, inoubliables à jamais. Comme si un vent invisible chargé de sérénité, soufflait dans notre direction depuis Médine…

C’est dans ce moment fort de ma vie, que la parole « La Ilaha Illa Allah » (il n’y a de dieu que Dieu) pris tout son sens ! Je quitte tout : mon pays, mes enfants, ma famille, mon travail, mon argent, ma maison ; je laisse tout derrière moi et pars accomplir ce pilier important avec l’espoir d’être parmi ceux dont Dieu aura décrété un hajj vertueux.
Assis dans la voiture de notre voisin qui nous amena à Roissy, nous ne réalisions pas encore ce qui nous arrivait !

Après les formalités d’usage aéroportuaire, nous voici installés dans l’avion. Nous ne connaissions pas encore nos compagnons de voyage, sauf certains membres de l’équipe encadrante formidable qui ont été aux petits soins et à notre service pendant tout le pèlerinage. Un véritable dévouement ihssanique !

Nous faisions escale au Caire et c’est à ce moment-là que nous réalisons que nous partons faire le hajj. En effet, nous étions dans un hangar dédié au départ des pèlerins d’Egypte vers la Mecque ; ils étaient habillés de leur habit d’ihram, cet habit simple et blanc, cet habit qui rétablit l’équité entre les hommes ! Nous les regardions le cœur palpitant et les yeux inondés de larmes ! ça y est c’est bon, nous y sommes …

Dans le second avion, nous dormions tous jusqu’à ce que la voix du pilote nous informe de la proximité de l’atterrissage. Un coup d’œil dans le hublot : dans la nuit noire, nous apercevions un rectangle très lumineux et quel magnifique contraste de lumière !

Après vérifications, il s’agissait de la mosquée du Prophète Mohammad paix et salut sur lui ! Incroyable ! Est-ce un rêve ou la réalité ?

Dieu est Grand ! Nous étions tous heureux, joyeux, nos yeux débordaient de larmes. Après une bonne dizaine d’heures de voyage, nous voici tout près de notre bien aimé prophète Mohammad que la Paix et les Salutations de Dieu soient sur lui. La sensation d’un rêve réalisé nous traversa. Encore quelques minutes, et nous ferons nos premiers pas sur le sol sur lequel est passé notre bien aimé prophète, des membres de sa famille, ses compagnons, et tous les suivants…

Notre séjour à Médine « l’illuminée » ville de la sérénité par excellence, fut rapide : 4 jours inoubliables, ponctués de visites des principaux lieux importants chargés de notre Histoire dans une ambiance de chants religieux, des prières à la mosquée sans oublier le passage dans ce petit coin de paradis sur Terre : la rawda charifa, prier ou invoquer son Seigneur juste à côté de Mohammad (pbsl), Aboubakr et Omar ( qu’Allah soit satisfait d’eux), quel privilège !
Nous étions entourés de frères et sœurs formidables et d’une équipe encadrante aux petits soins pour les invités de Dieu 7jours/7 et 24h/24 !

Puis, les jours des manassik (rituels) approchaient à grand pas. Nous quittâmes Médine difficilement car cette ambiance de sérénité, de paix, de sécurité, ne se trouve nulle part ailleurs. Mais nous étions tous impatients de vivre la suite : accomplir tous les rites du hajj en bonne et due forme, dans l’espoir d’un hajj accepté.

Nous enfilâmes nos vêtements d’ihram avec l’intention d’un hajj tamatou’ et direction la Mecque pour notre Omra. Nous voyageâmes en bus : la talbiya prononcée à l’unissons pendant près de 400 km, des moments forts spirituellement que les mots ne sauraient décrire !

Nous arrivâmes à la Mecque de nuit ; un repos express à l’hôtel était nécessaire avant de poursuivre notre omra. La talbiyya jusqu’aux portes de la mosquée puis avec silence, révérence, respect et humilité, regards tournés au sol, nos pas empruntèrent un chemin au milieu de tous ces milliers de pèlerins du monde entier. Nous entrâmes dans la grande mosquée enfin !

Beaucoup d’émotion à ce moment-là, nous ne réalisions pas encore ce qui se passait. L’imam nous accompagnant nous donna le signal de relever la tête et miracle, nous voici face à la Kaaba ! Cette image que j’avais vue sur des photos, des cadres, des tapis, des représentations diverses, était là en vrai, devant moi et j’allais bientôt la toucher ; non, je crois que je suis dans un rêve, je vais me réveiller…

Je n’oublierai jamais mon premier regard posé sur ce cube noir immense, posé au milieu de ces dizaines de milliers de pèlerins en rotation continue autour.

Fatigués physiquement, nous l’étions tous, mais tellement heureux d’être dans ce lieu magnifique à tourner autour de la Kaaba, à invoquer Dieu de toutes nos forces. Nos yeux inondés de larmes, celles du repentir et de gratitude d’être ici à ce moment-là en train de tourner, comme le font les anges quelque part dans une autre dimension…

La Kaaba attire le regard de celui qui l’observe comme l’attraction dans un champ magnétique. Je pourrai rester des heures à la contempler !

Les quelques jours qui nous séparent du départ vers Minan, la station des tentes blanches, sont occupés par les tawafs, les prières nocturnes, les lectures de coran, les invocations, les aumônes, les rappels spirituels, les invocations pour nos proches et pour toute l’humanité sans oublier le renouvellement de l’intention…

L’heure de partir vers Minan sonna, de nouveau nous nous habillions de notre habit de ihram: nous emportions le strict minimum pour ces prochains jours, un sac à dos était suffisant !

Les jours passés à Minan sont particuliers, d’ailleurs un de ses secrets, c’est ces liens particuliers que nous tissons avec nos frères et sœurs ; une expérience fraternelle inoubliable qui rime avec entraide, partages : le plus jeune donne la main au plus âgé, le plus fort encourage le plus faible, le sain se souvient du malade et ainsi s’équilibra notre groupe dans une atmosphère d’amour en Dieu !

A partir de ce moment-là, chaque station au cours des rites du hajj faisait écho à notre prochain voyage qui nous attend tous : le voyage de la vie dernière dont personne ne revient !

Chaque arrêt avait une signification spirituelle et le jour le plus important dans la vie d’un croyant est le jour de Arafat : le grand jour du pardon, un jour de repentir, un jour où je signe un nouvel engagement avec Dieu, celui de devenir chaque jour meilleur que la veille et de faire de mon mieux en déployant tous les efforts pour y arriver…

Minan, Arafat, Mouzdalifa, Minan, Jamarates, Minan, Jamarates, Minan, Jamarates, Tawaf ifada , et enfin la désacralisation qui clôtura notre hajj ; ce fut dans cet ordre que nous avions accompli cette grande, lourde et noble adoration chargée de sens !

Je retournai à l’hôtel le cœur léger, satisfaite d’avoir répondu à l’appel de mon Seigneur et certaine que ce hajj sera compté parmi les hajj vertueux. Amine !

Un dernier Tawaf, appelé Tawaf de l’adieu signa notre au revoir avec la Mecque, ce lieu chargé d’histoire. Ce fût un voyage qui a transformé le regard que nous portions sur la vie d’ici-bas : nous appartenons à Dieu notre Créateur et un jour selon Son Décret nous retournerons à Lui…

Fermeture des bagages, promesses de garder contact avec nos compagnons de voyage tellement spéciaux à cause de toutes ces expériences spirituelles fortes vécues ensemble, les accolades, les pleurs de séparation et nous voilà tous sur le chemin de retour vers chez nous, impatients de revoir nos familles car nous avions tellement de choses à leur raconter…

Je retournai en France avec un pincement au cœur de quitter cette terre sacrée certes, mais avec la certitude et la volonté d’y revenir bientôt accompagnée de mes enfants et le plus souvent possible!

Lecteurs, Lectrices, dépêchez-vous de vous y rendre ! Il y a des choses dans la vie que nous regrettons, mais jamais ce voyage !
Alors, je vous propose une action facile à faire et gratuite : ayez juste l’intention de vous y rendre au prochain départ, alors des miracles vont illuminer votre chemin…
Incha Allah !

Qu’en dites-vous ?

2 commentaires

  1. Salam aleykoum

    Magnifique, émouvant, poignant et inspirant témoignage … Je voyais et vivais les étapes à travers les lignes… Vous avez su Yamina nous emmenait avec vous dans vos souvenirs… Merci et bravo pour ce bel article que l’on sent écris avec sincérité, foi et amour…

    Pour répondre à votre question, j’en dis que j’en pense que oui, l’intention est renouvellée de nouveau à travers votre article de vivre prochainement moi aussi ce merveilleux voyage.

    Vos invocations

  2. Salam, je te remercie chère sœur pour ce témoignage tellement frais, tellement vrai. Tu m’as fais revivre ces moments intimes qui restent tapis au fond de notre cœur à tout jamais. Les secrets pour vivre pleinement cet événement unique sont, comme tu l’as souligné, le choix d’une bonne compagnie, ce qui t’a rendu d’ailleurs la station de Mina savoureuse et inoubliable, ce qui est malheureusement loin d’être le cas pour tous les pèlerins. L’autre point qui ressort de ton témoignage c’est le fait de partir en s’abandonnant au destin que Dieu nous y réserve. Prenant chaque moment et chaque difficulté comme une occasion de se rapprocher de Dieu et évitant ainsi bien des frustrations et des contrariétés que certains pèlerins creusent dans le désir de vivre un pèlerinage selon leur conception ou leurs à priori. Puisse Dieu accompagner nos frères et sœurs pèlerins cette année et les années à venir et les accueillir dans Son infinie miséricorde.

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