PSM-IDF : la retraite spirituelle estivale -Interview de Fathi Mahmoudi, membre du bureau de PSM-IDF

Les trésors du Coran sont inépuisables. Dans ce sens, le programme proposé offrait différentes approches pour profiter pleinement de ces trésors à travers les assises spirituelles et les prières de nuit comme de jour.

La retraite spirituelle estivale de PSM-IDF a eu lieu du 7 au 17 juillet 2006 à Trappes. Nous avons pu interroger à ce sujet Fathi Mahmoudi, ingénieur, membre du bureau de l’association et l’un des organisateurs de cette activité qui s’articule, dit-il, autour du Saint Coran.

Question 1 : Vous avez participé à une retraite spirituelle (ribat) de 10 jours, pouvez-vous nous parler du programme ?

Fathi Mahmoudi : Le pilier central autour duquel gravitait le programme était le Coran, Parole de Dieu. Le Prophète  – Paix et bénédictions de Dieu sur lui – nous dit qu’il est le festin de Dieu auquel il faut participer de tout son être.

Les trésors du Coran sont inépuisablesSe réunir pour Dieu dans la fraternité et dans l’unique but de Lui plaire en étudiant Son Livre révélé donne l’occasion d’attirer les effluves de miséricordes divines : «  Chaque fois, dit le Prophète, qu’un groupe de fidèles se réunissent dans une maison de Dieu pour réciter le Coran et l’étudier entre eux, la paix du cœur descend sur eux, l’amour les enveloppe et Dieu parle d’eux à ceux qui se trouvent en Sa présence. » [Moslim]

Les trésors du Coran sont inépuisables. Dans ce sens, le programme proposé offrait différentes approches pour profiter pleinement de ces trésors à travers les assises spirituelles et les prières de nuit comme de jour.

Le réveil de la nuit était suivi d’une séance de Dhikr – Souvenance de Dieu – en répétant abondamment la parole La ilaha Illa Allah (Il n’y a de divinité que Dieu) dont les fruits sont inexprimables. L’Imane – la certitude en Dieu et en Sa Parole – nous dit le Prophète, s’use dans le cœur comme le tissu. Il nous recommande de la renouveler en multipliant avec abondance cette parole : La ilaha Illa Allah. Le fruit de cette répétition verbale est la présence du cœur à Dieu : « Renouvelez votre foi, dit le Prophète. On demanda : Ô Prophète, comment renouveler sa foi ? Il répondit : Dîtes abondamment La ilaha Illa Allah. » [Rapporté par Ahmad et At-Tabarani]

Souvenance de DieuCette première séance nous prépare à être en prière dans l’intimité de la nuit et exprimer notre besoin au Créateur des Cieux et de la Terre. Notre Seigneur se manifeste au premier ciel, chaque nuit, au dernier tiers, et appelle : « Qui M’invoque que Je lui exauce, qui me demande que Je lui donne, qui Me demande pardon que Je lui pardonne. » [Rapporté par Bokhari]

Demander à Dieu, c’est demander pour soi mais aussi pour ses frères et sœurs ainsi que tous ceux qui nous ont précédés dans la Foi :

« Seigneur, pardonne-nous ainsi qu’à ceux qui nous ont précédés dans la Foi. » [Al Hashr / S.59 – v.10]

La prière en groupeAvant la prière de l’aube, le programme de la nuit est couronné d’une séance d’Istighfar – demande de pardon car il n’est pas donné à l’homme de pouvoir être irréprochable. La faiblesse humaine fait que nous sommes tous pécheurs. Il est agréable à Dieu de voir Son serviteur Lui revenir et demander la rémission de ses péchés.

A ce propos, Dieu dit dans la sourate Ad-Dariyate (S.51) : « Et aux dernières heures de la nuit ils imploraient le pardon. » (v.18)

Les prières obligatoires de la journée étaient précédées de séance de Dhikr autour des prières de bénédictions sur le Prophète  Çalat ‘ala Nabi – qui illuminent le cœur puis par la parole La ilaha Illa Allah qui le remplit d’amour et de certitude. Ces séances nous préparent à une prière d’humilité et de recueillement, qui constituent l’âme même de cette adoration.

La lecture des versets méritoires (Ayates Fadilates) inaugurait la matinée après avoir accompli, par la Grâce de Dieu, les prières surérogatoires [Douha]. Cette sélection de lecture quotidienne est extrêmement rémunératrice dans la balance des œuvres ainsi que sur le plan spirituel. A titre d’exemple, le Prophète dit :

Lecture et apprentissage du Coran« Yasin est le cœur du Coran. Quiconque la lit en voulant La Face de Dieu et le bien-être de la vie dernière, Dieu lui pardonnera. Lisez-la pour vos morts. » [An-Nasaï – Abou Daoud – Ibn Hibban] « Quiconque lit la sourate Yasin, Dieu lui inscrit la récompense équivalente à dix fois la lecture du Coran. » [At-Tirmidhi]

« Celui qui lit la sourate Le destin a le mérite de la récitation du quart du Coran. » [Ad-Daylami]

Le programme offrait de larges séances consacrées à la lecture, à la méditation, à l’apprentissage et à la révision du Coran. Le Prophète nous encourage à son apprentissage et son enseignement : « Le meilleur d’entre-vous est celui qui a appris le Coran et l’a enseigné. » [Bokhari & Moslim]

Une dernière séance était consacrée à l’écoute du Coran. Cette manière d’exercer l’âme à écouter la parole de Dieu est essentielle dans un monde de tumultes où les gens, plongés dans les fausses urgences, ne savent plus prendre le temps de méditer et d’écouter. La simple écoute du Coran est une œuvre très méritoire et une miséricorde pour les cœurs :

« Et quand on récite le Coran, prêtez-lui l’oreille attentivement et observez le silence afin que vous receviez la miséricorde. » [Al A’raf / S.7 – v.204]

« Et quand ils [les gens du livre] entendent ce qui a été descendu sur le Messager, tu vois leurs yeux déborder de larmes pour ce qu’ils ont reconnu de la vérité. » [La table servie / S.5 – v.83]

Ce ribat nous a permis d’accomplir les prières à l’heure en groupe, d’apprendre le Coran et d’apprendre la science à travers des conférences et des assises de sciences.

Dans ce cadre fraternel nous nous encouragions, à travers ce programme, à réduire au maximum les moments d’insouciance et d’échanges futiles afin d’installer une atmosphère de quiétude [Sakina] qui favorise l’épanouissement de la foi : « C’est Lui qui a fait descendre la quiétude dans les coeurs des croyants afin qu’une foi s’ajoute à leur foi. » [La Victoire Eclatante / S.48 – v.4]

Rupture du jeune le soirLe jeûne, partie intégrante de la retraite spirituelle, reste l’état le plus propice à la méditation et à la présence à Dieu [Dhikr]. Le jeûne permet à l’âme d’être plus légère pour s’élever spirituellement.

Question 2 : Quels sont l’origine et le but d’une telle rencontre ?

F.M. : Le terme de Ribat trouve son origine dans la parole de Dieu et les dires du Prophète.

« Ô vous qui portez la foi ! Soyez endurants, incitez-vous à l’endurance. Et « rabitou (1) ». » [La famille d’Imrane / S.3 – v.200]

Le sens premier qui peut être attribué au terme Ribat est le combat contre l’injustice ou encore défendre les frontières contre un ennemi.

Le Prophète nous donne une autre signification pour ce terme dans le hadith authentique rapporté par l’imam Malik, Moslim, Tirmidhi et Nassaï : « Voulez-vous que je vous indique ce qui absout les péchés et qui élève en degré ? On répondit : Certes oui, ô Messager de Dieu ! Il dit alors : Accomplir les ablutions dans des conditions contraignantes, multiplier les pas jusqu’à la mosquée et attendre d’une prière à l’autre à la mosquée. Tel est le Ribat ! Tel est le Ribat ! Tel est le Ribat ! »

Rester en retraite à la mosquée en dehors du mois de Ramadan était une pratique courante des compagnons à l’image d’Abou Horeira et des générations suivantes d’hommes pieux tels que Hassan al Basri, Abou Hamid al Ghazali, AbdelQadir al Jilani… que Dieu les agrée tous.

Le Dhikr abondant et le recueillement caractérisent la vie lumineuse des Prophètes et des pieux à l’exemple de notre mère Marie : « Chaque fois que celui-ci [Zacharie] entrait auprès d’elle dans le Sanctuaire, il trouvait près d’elle de la nourriture. Il dit : « Ô Marie, d’où te vient cette nourriture ? » – Elle dit : « Cela me vient de Dieu. Il donne certes la nourriture à qui Il veut sans compter. » [La famille d’Imrane / S.3 – v.37]

Ces rencontres viennent pour faire revivre une pratique du Prophète et des hommes pieux et voir naître un nouveau souffle spirituel dans un contexte matérialiste.

Il s’agit de se couper de nos habitudes un instant de notre vie et de consacrer tout notre être à L’invoquer. C’est venir frapper à Sa porte et Lui demander avec insistance de nous pardonner, de nous guider, de nous placer dans Sa proximité… c’est aspirer à être parmi les vertueux, en compagnie du Prophète, et à contempler La Face de Dieu, dans la vie dernière.

Parmi les visées de ces retraites spirituelles, l’effacement progressif de l’ego revendicateur permet d’acquérir l’Amour de Dieu et Sa Proximité. Cet effacement se fait au milieu de ses frères en étant à leur service, en invoquant en leur faveur, en prenant conscience de leur grande valeur auprès de Dieu. A ce propos, Dieu nous expose dans la sourate Al Maïda (S.5), le modèle de fraternité qui Lui est le plus agréable : « des gens qu’Il aime et qui L’aiment, humbles envers les croyants. » (v.54)

Récitation et apprentissage du CoranCette union des cœurs aspirant à l’Amour de Dieu et de Son Prophète est l’occasion de mettre en commun les volontés de chacun, ce qui donne naissance à un souffle spirituel qui permet de dépasser les pesanteurs de l’âme et nous transporte dans cet élan vers Dieu. C’est ce qui nous permit, par la grâce de Dieu, de suivre ce programme sans éprouver de grandes difficultés.

Question 3 : A l’issue de ces 10 jours d’intense spiritualité, comment avez-vous géré votre retour au quotidien ?

F.M. : La question de l’après Ribat était l’un des soucis majeurs qui habitaient chacun d’entre nous.

Comment préserver ce capital spirituel dans un environnement hostile à toute ambition de s’élever moralement et spirituellement?

En effet, si la retraite réunit des conditions favorables pour se remettre en question et être pleinement à l’écoute du message divin, notre quotidien au contraire n’offre pas la même facilité de méditation.

Un tel programme ne peut évidemment pas être mis en œuvre dans la vie de tous les jours. D’ailleurs, il ne conviendrait pas de vivre un tel programme et fuir toute responsabilité. Cela n’est pas le modèle prophétique auquel nous aspirons avec l’aide de Dieu.

La spiritualité à laquelle nous aspirons doit rayonner dans notre environnement. C’est elle qui donne sens à nos œuvres dans la vie de tous les jours : la famille, le travail, les études, notre engagement citoyen, la mosquée, la vie associative…

Avoir un cœur présent à Dieu au milieu des gens reste le vrai défi :

« Ô vous qui portez la Foi ! Observez strictement la justice et soyez des témoins (véridiques) comme Dieu l’ordonne, fut-ce contre vous-mêmes, contre vos père et mère ou proches parents. Qu’il s’agisse d’un riche ou d’un besogneux, Dieu a priorité sur eux (et Il est plus connaisseur de leur intérêt que vous). Ne suivez donc pas les passions, afin de ne pas dévier de la justice. Si vous portez un faux témoignage ou si vous le refusez, [sachez que] Dieu est Parfaitement Connaisseur de ce que vous faites. » [Al A’raf / S.7 – v.204]

Ce ribat, qui nous a permis de nous enrichir spirituellement, s’inscrit au sein d’une école qui aspire à répondre à ce défi.

Sortir de ce ribat avec un programme quotidien adapté et répondre présent aux différentes rencontres fraternelles sont des moyens essentiels pour préserver et fructifier ce capital spirituel. Mais ceci reste insignifiant si ce n’est sans compter sur le soutien et la miséricorde de Dieu.

En sortant de ce Ribat, on ne peut être que reconnaissant envers Dieu, Le Généreux, pour ses innombrables bienfaits. Aussi ressort-on avec un souhait profond de partager ces bienfaits autour de soi.

« Et quant au bienfait de ton Seigneur, proclame-le. » [Le Jour Montant / S.93 – v.11]

Note :

(1)  Rabitou signifie le fait de pratiquer le Ribat

 

 

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

Bouton retour en haut de la page