L’eau n’est pas un dû

A l’occasion de la journée mondiale de l’eau, nous avons voulu partager l’extrait d’un article publié dans « Sciences et Avenir ». Cet extrait illustre l’importance de l’eau et souligne également la portée que les sociétés musulmanes ont accordée à l’eau au temps du Moyen Âge. Ceci est conforté, entre autre, par les enseignements du Prophète Mohammed (Paix et Bénédiction sur lui) relatif à l’économie de l’eau dans la pratique des ablutions.

 

A titre d’indication, l’expert évoque aussi dans son article la gestion de l’eau par les Romains, les Grecs et les Mayas. Bel hommage rendu pour les apports positifs de ces civilisations concernant l’utilisation et la valorisation de l’eau.

Sans plus tarder, lisons le passage de ce bel article [1]:

Brian Fagan, archéologue et anthropologue dit : « Nous ne devons pas considérer l’eau comme un dû ». Chercheur, il est l’un des premiers à avoir étudié l’exploitation de l’eau depuis les débuts de l’agriculture, et plaide pour que l’homme prenne conscience de sa valeur.

Quelle est selon vous la société qui a manifesté le plus de respect pour cette ressource ?

Les sociétés islamiques au Moyen Age. Vivant dans le désert, elles en avaient une connaissance approfondie. Le Coran qui cite à 60 reprises le mot « ma », qui signifie « eau » en arabe, met en garde contre la thésaurisation de l’eau et enseigne que le jour de la résurrection, Allah ignorera ceux qui possèdent des réserves d’eau et la refusent aux voyageurs. Les experts musulmans en hydrologie savaient comment la capter dans les milieux les plus arides et comment la conserver. Ils ont utilisé des technologies simples déjà connues mais à grande échelle et ont combiné différentes techniques sur de nouvelles terres. Ainsi, ils ont développé et étendu vers le Maghreb et jusqu’en Espagne le système des qanâts, apparu en Iran dès la fin du premier millénaire avant notre ère. Des canaux souterrains allaient chercher le liquide jusqu’à la nappe phréatique sous les montagnes et le conduisaient en plaine, d’où il était dirigé vers les villages et les champs ; des puits creusés à la verticale depuis la partie supérieure des reliefs permettaient d’entretenir le système. Il resterait 33000 qanâts opérationnels en Iran.

En Algérie, cet aménagement traditionnel, appelé foggara, est utilisé dans les oasis de Gourara dans le Sahara. Lorsque l’eau arrive en surface, des petits ponts de terre en de peigne dirigent la ressource vers tel ou tel propriétaire, un spécialiste mesure le débit pour assurer une répartition équitable. De même, à Oman, l’eau du « falaj » dessert le village, fait un détour par la mosquée, part irriguer les champs… En 2006, les canaux encore existants dans le sultanat ont été classés au patrimoine mondial de l’Unesco.

L’expertise des hydrologues arabo-persiques s’est diffusée et perdure encore en partie de nos jours. Vers le XIe siècle, dans certaines régions, il n’y avait pas un lac, une rivière, une source pleinement exploités. Dans le Sawad d’Irak, au sud de la Mésopotamie, la presque totalité de la terre cultivable était irriguée, soit 50000 km2, ainsi que l’attestent les registres de l’impôt foncier ! Au Yémen aujourd’hui, les paysans continuent à récolter de l’eau de cette façon.

Pour conclure

Quant est-il aujourd’hui de notre relation par rapport à l’eau ? Sommes-nous conscient de sa valeur au point de la préserver ? Les plus soucieux sont certainement ceux qui dans leur quotidien en sont privés, trouvent des difficultés à s’approvisionner en eau potable, subissent la sécheresse… comme les pays d’Afrique de l’est, du Maghreb ou encore l’Inde, qui manquent aujourd’hui cruellement d’eau, faute de pluie suffisante.

Il est signalé qu’un milliard d’êtres humains n’ont pas accès à l’eau potable et partout dans le monde, le manque d’eau serait la première cause de maladie ! Nous devrions certainement nous estimer heureux et chanceux parce que dans nos pays de résidence l’eau coule à flots; mais aussi coupable, parce que de l’eau est gaspillée chaque jour à cause de petits gestes que l’on laisse passer inconsciemment.

Nous oublions que l’eau n’est pas un dû, mais un cadeau, un bienfait de Dieu, sans laquelle aucune vie n’est possible sur Terre. Le lien entre la vie et l’eau est explicite dans plusieurs versets du Coran : «Nous avons créé, à partir de l’eau, toute chose vivante »[2], «Dieu a fait descendre du ciel une eau par laquelle il fait revivre la terre après sa mort »[3]

Toute la Planète a été placée sous la responsabilité de l’Homme, lequel doit en prendre soin et l’utiliser à bon escient. Dieu dit dans Son livre : «Nous avons fait descendre l’eau du ciel, avec mesure»[4] Il dit ensuite aux humains qu’ils peuvent se servir avec modération des cadeaux de Dieu aux fins de leur subsistance : «Ô fils d’Adam!…Mangez et buvez; ne commettez pas d’excès. Dieu n’aime pas ceux qui commettent des excès»[5]

Le Prophète, paix et bénédiction sur lui, accordait aussi une attention particulière à la préservation de l’eau. Il ordonnait aux musulmans de faire preuve d’économie dans l’utilisation de l’eau même si celle-ci provenait d’une rivière qui coule. Un jour, il rencontra par hasard Sa’ d qui faisait ses ablutions. Il lui dit alors :”Sa’d, quelle est cette extravagance ? ” Sa’ d répondit : “Est-il possible d’imaginer de l’extravagance pour les ablutions ?” Le Prophète, paix et bénédiction sur lui, répondit : “Oui, même si tu es sur la berge d’une rivière qui coule” [6]

L’eau est d’abord et avant tout un bien commun, un cadeau de Dieu permettant de mener une vie durable à laquelle elle est nécessaire. Soyons les gardiens de l’eau à l’image des civilisations et des générations qui nous ont précédées !


[1] Propos recueillis par Sylvie Briet : Extrait tiré du magazine «science et avenir », édition de Mars 2012 p 40

[2] Coran : sourate 21, V30

[3] Coran : sourate 16, V65

[4] Coran : sourate 23, V18

[5] Coran : sourate 7, V31.

[6] Hadith rapporté par Thirmidi

 

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