Âmes sensibles : ne plus s’abstenir

Ô âme sensible!
Ô bloc d’émotions!
Ô cœur à fleur de peau!
Ces quelques mots sont pour toi, rien que pour toi…
Émoi, émoi…et moi !!! 

Ressentir des émotions est en soi quelque chose de tout à fait positif…

Nous sommes tous, par essence hommes et femmes des êtres sensibles (même si certains refusent de l’admettre!).

Nous éprouvons tous indéniablement des sentiments. Nous ne les exprimons, certes, pas toujours de la même manière voire nous ne les partageons pas systématiquement. Pire encore, nous ne savons parfois guère les détecter!… Mais une chose est sûre, nous ressentons tous des émotions.

Certains n’en ont que faire: ce ne sont que des parasites synonymes de faiblesse, de fragilité, de vulnérabilité, de faillibilité… L’homme fort, paraît-il, camoufle sa sensibilité, ne pleure jamais, n’a peur de rien…et bien d’autres absurdités de la sorte!

Mais comment quelque chose d’universel, de spontané, de positif peut se retourner ainsi, à en devenir potentiellement néfaste?

Pourquoi certaines personnes se sentent-elles dans un tel état de détresse à cause de leurs émotions? Pourquoi alors se laissent-elles submerger par leurs états d’âmes, à en souffrir terriblement, jusqu’à se sentir entièrement prisonnières de leurs propres émotions?

Les émotions seraient-elles dans ces conditions « de bons serviteurs mais de très mauvais maîtres »?…

Toute la thérapeutique va consister à apprendre à gérer ses émotions, autrement dit apprendre à faire de ses émotions une véritable richesse source de ressources et non une souffrance, un boulet, une désolation…

Mais de quoi parlons-nous au juste lorsque l’on évoque les émotions ?

Inutile de vous rappeler que la principale fonction d’une émotion est une fonction de signal, comme des antennes elle avertit en envoyant de puissants signaux dans le corps, d’où les mains moites, le rythme cardiaque qui s’accélère, la gorge sèche, les zygomatiques tendues, l’estomac noué etc.

C’est en fait un mouvement de libération de tensions émanant de l’intérieur de son être vers l’extérieur, d’ailleurs étymologiquement « émotion » signifie faire sortir (movere) vers l’extérieur.

A quoi peuvent donc bien servir nos émotions alors si elles ne sont pas exprimées ?

Lorsqu’elles sont refoulées, donc non expulsées, mais enfermées, empilées au fond de soi-même comme des assiettes créant ainsi un trop-plein, une sorte de compression, qui va finir par craquer car il n’y aura plus assez de place et pourtant il faudra bien que cela sorte par quelque part!

Comme s’il s’agissait de l’unique sortie de secours, le corps prend alors inévitablement le relais de la psyché et tente de dire les choses à sa manière: les maladies psychosomatiques peuvent en être une manifestation, d’ailleurs je vous invite à réfléchir sur ce mot « mal a dit », un mal qui s’exprime…

En bref, l’émotion vient m’avertir que je suis en train de vivre quelque chose de l’ordre d’une satisfaction ou d’une insatisfaction. Véritable miracle de l’équipement humain, l’émotion. Une force psychique installée en chacun de nous qu’hélas nous n’exploitons pas à sa juste valeur!

Mais comment l’exploiter me diriez-vous ?!

Dans les années 90, est apparue en psychologie une notion phare qui a révolutionné le domaine des émotions (appelée dans le jargon psy la conation que l’on oppose souvent pour ne pas dire tout le temps à la cognition…). Cette révolution s’appelle l’intelligence émotionnelle. Ce n’est pas un oxymore, c’est une réelle notion qui met tout le monde d’accord concernant ce débat vieux comme le monde, de la raison et du cœur, et a fortiori de la conation versus la cognition… Pouvant être résumée comme suit « le cœur a ses raisons que la raison…n’ignore point »!

Il faut dire que ce compromis a été trouvé relativement tard, car dans le Saint-Coran, Dieu nous en a déjà parlé il y a de cela plus de 15 siècles…

Le Coran emploie une formule originale, qui mêle ces deux dimensions:
« N’ont-ils pas des cœurs avec lesquels ils comprennent… »[1]. A travers cette question oratoire, Dieu interpelle les hommes à avoir un cœur avec lequel ils raisonnent, sous entendant donc que le cœur possède indéniablement une intelligence. Comme toute intelligence, il ne tient qu’à nous de la développer...

Ce concept d’intelligence émotionnelle permet de signer la fin du règne de l’intelligence traditionnelle avec sa sacro-sainte pensée logique, et de reconnaître que l’on peut tout à fait réussir dans la vie si ce n’est mieux avec ce type d’intelligence.

Prenons l’exemple caricatural du savant « fou » dans les aventures de Tintin, alias le professeur Tournesol. Il est présenté comme un génie,  et pourtant, nous aurions beaucoup de mal à le considérer comme « socialement intégré »; d’où l’importance de distinguer l’intelligence classique de l’intelligence émotionnelle.

Cette dernière est définie comme telle par deux fondateurs de cette notion en psychologie :

L’habileté à percevoir et à exprimer les émotions, à les intégrer pour faciliter la pensée, à comprendre et à raisonner avec les émotions, ainsi qu’à réguler les émotions chez soi et chez les autres. (Mayer & Salovey, 1997).

En d’autres termes, c’est un ensemble de compétences qui nous permet d’entrer au mieux dans le rôle que la situation requiert de nous : tenir compte de l’environnement, de son état d’âme, de celui de son interlocuteur etc.

Quand on y réfléchit de plus près les meilleurs communicateurs, vendeurs, avocats, politiciens  et bien d’autres ont souvent développé ces compétences parfois même à un niveau très fin…

Cet état d’instabilité dans lequel l’on se trouve lorsque l’on se laisse assujettir par nos émotions, ce mal-être qui en découle, cet élan passionnel que l’on regrette parfois ne devraient pas arriver si l’on prenait le temps de réfléchir avec notre cœur…

Âmes sensibles : ne plus s’abstenir… de réfléchir!

Celui qui en arrive à exercer un bon contrôle de ses émotions part avec une bonne longueur d’avance dans la course au bonheur (Daniel Desbiens)


[1] Coran : Sourate.22, V.46)

Un commentaire

  1. Je pense que les études faites en [B]occident[/B] sur la maitrise de soi ont été animées par une [B]quête de pouvoir[/B] (politicien : pouvoir sur le peuple et le parti, avocat : pouvoir sur le jury, commercial : pouvoir sur le client, …) alors que dans une [B]approche prophétique[/B] la maitrise de soi est un moyen pour mieux se rapprocher de Dieu : acquérir la [B]droiture[/B] et éviter les emportements qui génèrent des péchés.

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