Toutes voiles dehors : un voyage vers le Sens

Le titre, aux emprunts métaphoriques du voyage, conjugue à la fois ce désir de cheminer vers le grand large de l’esprit et celui de lever les voiles de la bassesse de l’ignorance.

Nadia YassineA l’heure où la modernité ne cesse d’acclamer son triomphe dans sa quête du progrès, où l’indigence s’étouffe à trop crier ; l’auteur nous invite à changer d’air pour voguer vers des horizons plus apaisés.

Le titre, aux emprunts métaphoriques du voyage, conjugue à la fois ce désir de cheminer vers le grand large de l’esprit et celui de lever les voiles de la bassesse de l’ignorance.

Cette traversée imaginaire retrace le quotidien de tout individu désireux de connaître Dieu. Elle a pour dessein la réconciliation du ciel et de la terre, du transcendant et du sensible. Elle se fait et se fera, non sans mal, l’auteur nous prévient : « La mer est houleuse ». Cependant, l’Homme qui recherche le Sens de son existence doit se préparer à braver toute sorte d’obstacles ; n’oublions pas que la destination (l’agrément de Dieu) se mérite. Et quelle récompense pour celui qui arrive à bon port !

Ainsi, comment l’Homme, « ombre de lui-même, prisonnier de son ego, oublieux de son essence », peut-il accéder à ces « azurs inconnus » ?

Coverture du livre chez AlterEditionsL’auteur met l’accent dans un premier temps sur « l’environnement qui emprisonne l’esprit occidental » et l’empêche de cheminer. L’Homme est tiraillé entre ses passions et ce « vide », ce « manque » qu’il n’arrive pas à nommer ! Ce mal-être trouve son expression dans la culture de l’étrange (films d’angoisse, lectures fantastiques…), la fréquentation de sectes qui vendent des croyances aux plus offrants ; et enfin la drogue, véritable « fléau du monde modernisant ». L’Homme n’a plus de repère, il se perd : qui est-il, où va-t-il ? Mystère ! 

Comment l’Homme peut-il se tourner vers une religion du juste milieu, de paix, si les consciences elles-mêmes sont anesthésiées ?

L’Occident, nous dit l’auteur, a toujours relégué l’Absolu au placard comme les habits du dimanche après la messe. L’Homme sans Dieu et contre Dieu est préféré à celui qui vit par Lui et pour Lui. L’Homme a toujours été le sujet favori de nombreux travaux et thèses philosophiques : selon le postulat bestial, il est un animal évolué. Cette thèse de l’évolution des espèces de Darwin, a été reconnue comme pure et simple hérésie par l’Eglise, pourtant, elle figure toujours dans les programmes scolaires et les bibliothèques ! Le défi n’est-il pas comme le souligne l’auteur de « relier les sciences à la Science » ?

Un Occident sans Dieu croit bien faire en introduisant la mondialisation comme instrument d’humanisation alors qu’il n’en est pas moins un projet de domination pour mieux creuser l’écart entre le nord « opulent » et le sud « mendiant ».

L’Homme ne cesse de se perdre dans le flux d’informations que lui jette la modernité en pleine figure ! Malgré la multiplication des technologies de communication l’Homme ne s’est jamais senti aussi seul ; à trop être informé il devient « sourd », victime de cette course folle. Tels sont les dégâts de la « superbe » mondialisation ! On lui fait croire que ses droits sont garantis par une démocratie représentative alors que seuls comptent les intérêts personnels : comment expliquer l’achat des médias par les grands groupes financiers ? Beaucoup de questions qui restent malheureusement sans réponses, et si réponses il y a, il vaut mieux se les poser tout bas ! Où sont le lien et la cohésion sociales ? Où est l’éthique politique ? Les pays sous-développés connaissent des dysfonctionnements bien plus criants, il convient de le noter ; mais que dire de ces démocraties qui se targuent d’être humanistes ! La colonisation se passe de tout commentaire ! ! !

L’Islam offre des réponses, des remèdes à tous ces malaises qui polluent l’Homme, son environnement sociopolitique ; mais comment parler de l’Islam sans faire fuir l’Occident ? Selon l’auteur ce dernier n’a jamais su ni pu distinguer l’Islam « salut de l’humanité » de « l’arabité ». (Par « arabité » l’auteur désigne tout se qui se rattache à la culture, aux mœurs arabes.) L’Islam n’est pas une « foi de sous-développés » comme peuvent le penser certains mais bien un projet de l’équilibre bénéfique à tous. En Islam, il n’est pas question d’Homme du sud ou d’Homme du nord mais d’Homme tout simplement ! L’Occident, de manière générale, voit le musulman comme une menace potentielle ; un barbare à barbe, une machine à tuer, à violer. Il est vrai, de nombreux dérapages ont été commis au nom de l’Islam, ce qui n’a fait que ternir l’image de cette religion aux couleurs de la tolérance, de la compassion et de l’amour. L’Islam réprime toute attitude qui va à l’encontre du respect et de l’intégrité d’autrui. A nous de « récurer » l’image d’un Message qui fut jadis si bien représenté et qui est aujourd’hui si mal servi. L’histoire des sociétés musulmanes a prouvé les bienfaits d’une religion en accord avec l’Homme. L’Islam se veut être l’expression d’une « communauté égalitaire » dans laquelle participent des hommes et des femmes. La Shariâ pour aller dans le même sens, instaure un « esprit contractuel » très flexible en essayant d’être « un savant dosage entre les droits à réclamer et les obligations visant à garantir ces droits ». Elle est loin d’être cette loi présentée aujourd’hui comme source de tuerie mais revêt toute sa particularité dans sa capacité d’adaptation. Elle s’applique selon une situation donnée et un contexte donné. Le Message, véritable « boussole » indispensable à ce voyage, représente une « bouée de sauvetage » : il nous invite à un équilibre entre la matière et l’esprit.

Certes, l’Homme doit revoir ses priorités, oser se mettre lui-même dans une logique de défi pour connaître ses forces et ses faiblesses pour pouvoir avancer. Pour se faire, il convient d’entretenir de bonnes relations sociales avec autrui : notre relation verticale avec Dieu dépend de notre relation horizontale, celle qui nous lie avec les hommes. L’Azur du Ciel ne dépend que de l’Azur de notre cœur !

Espérons que nous arriverons tous à bon port, que malgré les désagréments rencontrés, nous nous retrouverons tous à contempler la Face Divine.

Présentation du livre « Toutes voiles dehors », Nadia Yassine

Nadia Yassine est née à Casablanca en 1958. Fille de Abdessalam Yassine, fondateur du mouvement Al Adl Wal Ihsane.
Diplômée des sciences politiques en 1980 à la Faculté des Sciences Juridiques de Fès. Elle enseigne la langue française pendant 4 ans, avant de démissionner pour se consacrer à l’action militante au sein du mouvement, surtout après le second emprisonnement de son père (1983-1985). Elle est la fondatrice et la dirigeante de la section féminine du mouvement Al Adl Wal Ihsane.

Son premier livre « Toutes Voiles Dehors » a été publié en 2003 aux éditions « Le Fennec » au Maroc, et « Altereditions » en France. D’autres ouvrages sont en préparation. Conférencière et auteur de plusieurs articles, elle compte aussi à son actif un grand nombre d’interviews, parus dans des journaux aussi divers que Le Monde, El Païs, Achark Al Awsat, Der Spiegel, Le Journal Hebdomadaire, The Times, US News… Et aussi sur plusieurs sites comme islamonline.net, oumma.com… Elle a en outre accordé des entretiens à plusieurs radios et télés de par le monde, comme ARTE, France3, France5, la BBC, RFI, Radio Orient, OummaTV, Radio Canada, et d’autres…

Un commentaire

  1. Votre livre balaie aussi bien une critique de la la[icité que du christianisme que des faiblesses de l’Islam; il nous invite à rejoindre le Créateur dans la rencontre des humains; merci pour ce partage. Ayant été éduqué dans le monde la[ique je suis devenu un croyant de gauche impliqué un moment au parti communiste. Je prie avec un communauté de base ouvrière. L’Islam ouvert sur la science que vous proposez m’intéresse très fort.

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