Les trois âmes sœurs

Il y a l’âme poisseuse… Glaise grisée d’eau
Fétide et brune, elle s’agglutine aux mains,
Aux yeux, au ventre, aux oreilles. J’ai beau
Me secouer, comme un épagneul sortant
D’un marais, elle s’accroche sans relâche,
Jouit de mes vaines contorsions, sangsue
Vorace et têtue. Je hais ces matins lourds
Où cette âme insatiable, cruelle dévoratrice,
Instigatrice de ténèbres, danse sur mes plaies.

Puis il y a l’âme funambule, entre abysses
Et cimes, elle oscille et déambule, hésite
Et trébuche. Tout tremble sous ses pas.
Pourtant, au loin, tout semble si calme, serein.
Je me repose en sa venue, comme l’aimée voit
Revenir son bel amant, dans le jour qui point.
J’aime ces heures brèves où l’âme fragile et incertaine
M’invite à prendre le chemin de la Vie, Ultime et belle.

Enfin… Enfin il y a l’âme ensoleillée de constellations
Visiteuse immobile de mondes inconnus et rares,
Elle surplombe la vie d’ici-bas, suspendue au seuil
Du Jardin béni serti de sources, filles de l’eau unique
Et vivifiante. Son regard ne dévie pas. Elle s’abîme
Tout entière, et se consume, et se perd, et aime
Sans retenue, tant elle est aimée de son Bien-aimé.
Belle âme, tu es ma seule et définitive raison d’être.
En toi plus rien n’est si ce n’est Lui, Le Seul, L’Unique.

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