Sous le mur, un trésor …

Le mur 

« Et quand ils furent arrivés à un village habité, ils demandèrent à manger à ses habitants ; mais ceux-ci refusèrent de leur accorder l’hospitalité. Ensuite, ils y trouvèrent un mur sur le point de s’écrouler. L’homme le redressa. Alors [Moïse] lui dit : Si tu voulais, tu aurais bien pu réclamer pour cela un salaire ; Ceci [marque] la séparation entre toi et moi, dit [l’homme,] Je vais t’apprendre l’interprétation de ce que tu n’as pu supporter avec patience […]

Force est de constater qu’une minorité très agissante, en France, et ayant une conception de la laïcité très sectaire a intérêt à dresser des murs, à diviser, à créer une communauté musulmane monolithique, homogène, imaginaire, indissoluble dans la société et potentiellement dangereuse. Puisse cette minorité qui s’épuise à élever des murs ne pas obtenir satisfaction en crispant les Français ou en les cantonnant à des positions de défense ou de victimisation.

Le but de mon article est d’attirer l’attention du lecteur sur une stratégie qui s’effrite mais qui tient encore bon. Les assauts incessants sur les détails empêchent de faire entendre sereinement l’essentiel du Message que chacun d’entre nous porte en lui après la disparition du Messager de Dieu (paix sur lui) et de ses compagnons (puisse Dieu les agréer).

« Cela signifie qu’il pourrait être bon de contribuer à faire tomber ce qui déjà vacille et appartient au monde d’hier, au lieu de chercher à l’étayer et à en prolonger artificiellement l’existence. »[1]

Ces propos d’Evola à l’encontre d’un système créé sur mesure pour la classe bourgeoise qu’il critique de manière virulente me semblent tout à fait appropriés pour décrire l’attitude à avoir avec ce mur.

Pour illustrer mon propos je vais partager avec vous un rêve que j’ai fait cette nuit[2] et qui a motivé cet écrit[3] : J’ai vu l’ensemble des éléments de critique qu’on trouve dans les médias à l’encontre de l’Islam représenté par un mur. Ce mur était marqué par l’incohérence de toutes ces couleurs et pièces différentes collées les unes aux autres. Lorsque je me suis réveillé le sentiment qui a persisté est que ce mur est fragile et que nous contribuons à le renforcer en lui accordant plus d’importance qu’il ne faut.

Le trésor 

Et quant au mur, il appartenait à deux garçons orphelins de la ville, et il y avait en dessous un trésor leur appartenant ; et leur père était un homme vertueux. Ton Seigneur a donc voulu que tous deux atteignent leur maturité et qu’ils extraient, [eux-mêmes] leur trésor, par une miséricorde de ton Seigneur. Je ne l’ai d’ailleurs pas fait de mon propre chef. Voilà l’interprétation de ce que tu n’as pas pu endurer avec patience ».[4]

Il s’agit de se concentrer sur l’Essentiel et de le partager avec notre entourage tout en laissant ce vieux mur de la peur et de l’intolérance s’effondrer. Nos concitoyens sont loin de s’imaginer que sous ce mur croulant se trouve un trésor et si le destin souhaite lui accorder encore un délai, je suis convaincu que son terme est proche.

L’humanité actuelle qui a reçu en héritage l’absurdité d’une vie sans vraie signification a bien besoin qu’on lui rappelle son origine et sa destination. Elle a besoin qu’on lui rappelle et qu’on lui fasse sentir le parfum des grands modèles qui nous ont précédés, établis dans l’Amour de Dieu, dans l’amour de leurs congénères. Voici les vrais pères vertueux de l’humanité, non des esprits malades n’ayant pas résolu leur propre mystère et ayant accouché d’un village mondial inhospitalier à toute mention de Dieu, de sens ou de bonne morale ainsi qu’à un appauvrissement criant de la vie intérieure.

« Depuis quelque temps, une bonne partie de l’humanité occidentale trouve normal que l’existence soit dépourvue de toute vraie signification et ne doive être rattachée à aucun principe supérieur, si bien qu’elle s’est arrangée pour la vivre de la façon la plus supportable, la moins désagréable possible. Ceci a toutefois pour contrepartie et pour conséquence inévitables une vie intérieure de plus en plus réduite, informe, précaire, instable et fuyante et la disparition rapide de toute droiture et de toute force morale. »[5]

Il est grand temps de déterrer le trésor de nos pères vertueux ! L’humanité en a besoin, l’aube de notre majorité nous envoie ses premiers signes…

Les conseils divins pour faire face au destin 

« Sois patient à l’arrêt de ton Seigneur. Tu es sous Nos yeux. Glorifie par la louange la transcendance de ton Seigneur quand tu te lèves

Et une partie de la nuit glorifie-Le, et encore au déclin des étoiles. »[6]

Dans ces deux derniers versets de sourate « Tour », le Mont, Dieu nous invite à prendre de la hauteur et à contempler le monde du haut de ce sommet coranique. Ces conseils de Dieu adressés directement à Son Messager sont une lumière éclairante pour les croyants d’aujourd’hui. Ils nous montrent la voie à suivre face aux difficultés qui se présentent sur notre chemin.

Si l’épreuve semble provenir d’individus, Dieu nous rappelle qu’il s’agit en réalité d’un décret venant de Lui. La patience est la vertu qu’Il apprécie dans ces moments et Il nous rappelle qu’Il est présent et nous observe (« tu es sous Nos yeux »). Le croyant développe donc sa vie intérieure dans les moments de facilité tout comme dans les moments de difficultés, il ne baisse pas les bras, ne répond pas de manière inappropriée, et continue de grandir sous le regard de Dieu jusqu’à atteindre sa majorité spirituelle. Hélas ! Combien sont peu ceux qui l’atteignent. Il est bon de se rappeler ce que le Prophète (paix sur lui) et ses compagnons ont traversé de railleries, de mesquineries, de critiques pour permettre à une grande partie de l’humanité de connaître son Créateur et L’adorer.

Le croyant est habité par le souci de plaire à Dieu dès son réveil et sa journée est enracinée fermement par l’adoration d’une partie de sa nuit. Sans ces racines les premières difficultés le font chavirer tel le navire sous la tempête. C’est ce terreau qui sera fertile pour adresser le Message divin à nos contemporains.

Faire entendre l’essentiel 

Ami lecteur qui ne peux patienter devant l’effondrement du mur et t’es aventuré de l’autre côté, poussé par une saine curiosité, une insatisfaction de la vie superficielle qu’on te propose et qui cherches. Écoute alors attentivement ces propos et emporte-les cette nuit dans ton intimité, loin des regards, dans un silence propice à l’écoute. Soumets-les à cette Toute Puissance que tu ressens au plus profond de toi et qui pourrait être la seule puissance au monde à satisfaire ta recherche.

« Tandis que ceux qui disent : « Nous n’avons que Dieu pour Seigneur », et de plus vont dans la rectitude, les anges sur eux se posent : « N’ayez crainte ni tristesse. Réjouissez-vous du Jardin qui vous fut promis, nous sommes vos alliés dans la vie d’ici-bas comme dans la vie dernière, où vous aurez ce à quoi votre âme aspire, où vous aurez ce à quoi vous pouvez prétendre en prémices du Tout pardon, du Miséricordieux ».

Quel plus beau propos que d’appeler à Dieu, en effectuant l’œuvre salutaire, et de proclamer : « Je me range parmi Ceux-qui-se-soumettent ».

Belle et mauvaise action ne s’équivalent : repousse (la mauvaise) par une plus belle, et voilà que celui qu’opposait à toi l’inimitié mutuelle prend les traits d’un allié chaleureux,

C’est vrai qu’une telle (magnanimité), ne la rencontrent que les patients, ne la rencontre que le bénéficiaire d’une chance insigne,

Ou alors te démange une démoniaque démangeaison : dans ce cas réfugie-toi en Dieu : Il est l’Entendant, le Connaissant. »[7]

Puisse Dieu nous compter parmi ces bénéficiaires d’un si grand privilège, celui de se ranger parmi Ceux-qui-se-soumettent à l’appel qui retentit en eux, entrant ainsi en harmonie avec la création, rivalisant de bonnes œuvres et transportant la paix là où ils se trouvent.

Post-Scriptum 

On ne peut parler de patience ni de persévérance pour celui qui n’emprunte pas le chemin vers les sommets. En effet, dans tous les autres cas on pourrait qualifier tous les propos autour de la patience face au destin de fatalistes, voire fantaisistes. Mon propos s’adresse à celle ou celui qui souhaite être dans l’action et non la réaction manipulable car guidée par les émotions facilement générées par celui qui s’y connaît. Aujourd’hui j’écris mon post-scriptum suite aux événements tragiques qui ont vu la mort de plusieurs dizaines de personnes en Nouvelle-Zélande parce qu’elles étaient musulmanes. S’il faut dénoncer fermement cette atrocité et ne laisser aucun répit à celles et ceux qui partagent une part de cette horreur par un mot ou un silence volontaire, ne campons pas derrière le mur érigé par ces mêmes personnes et poursuivons notre effort quotidien à faire connaître Dieu au reste (la majorité) de l’humanité. Alors qu’une vidéo montrant la scène d’horreur du point de vue de l’assassin circule pour provoquer la haine je préfère voir, au fond de mon cœur, ce que les victimes ont vu en quittant ce monde :

« Ceux qui sont restés dans leurs foyers dirent à leurs frères : S’ils nous avaient obéi, ils n’auraient pas été tués. Dis : Écartez donc de vous la mort, si vous êtes véridiques ». Ne pense pas que ceux qui ont été tués dans le chemin de Dieu, soient morts. Au contraire, ils sont vivants, auprès de leur Seigneur, bien pourvus et joyeux de la faveur que Dieu leur a accordée, et ravis que ceux qui sont restés derrière eux et ne les ont pas encore rejoints, ne connaîtront aucune crainte et ne seront point affligés. Ils sont ravis d’un bienfait de Dieu et d’une faveur, et du fait que Dieu ne laisse pas perdre la récompense des croyants. »[8]

Effectivement, on aurait pu penser que s’ils n’étaient pas allés à la mosquée ils ne seraient pas morts, mais Dieu coupe court à toute allégation dans ce sens. Ils nous ont devancés auprès de Dieu et ont été accueillis en grandes pompes ! Recevant leur grande récompense ! Mais s’ils pouvaient ils demanderaient à revenir sur terre pour intensifier leurs efforts en vue de plaire à Dieu. A bon entendeur !


[1]Evola Julius, Chevaucher le tigre, Editions de la Maisnie, 1982, 2017, p 15

[2]Nous sommes le 12/03/2019 lorsque j’écris cet article.

[3] «Lorsque l’un d’entre vous voit dans un rêve ce qu’il aime alors il est indubitablement de Dieu, qu’il loue alors Dieu pour celui-ci, et qu’il en parle. Et s’il voit autre que cela parmi ce qu’il déteste, alors il est du Diable : Qu’il demande la protection (auprès de Dieu) contre son mal et qu’il ne le mentionne à personne, alors il ne lui nuira point.» Al-Boukhârî n° 6985

[4]Sourate Kahf (la Caverne), versets 77, 78 et 82.

[5]Evola Julius, Chevaucher le tigre, Editions de la Maisnie, 1982, 2017, p 30

[6]Berque Jacques, Le Coran, Essai de traduction, Albin Michel, 2002, Paris, Sourate 52, versets 48 et 49, p 574

[7]Berque Jacques, Le Coran, Essai de traduction, Albin Michel, 2002, Paris, Sourate 41 (Fouçilate), versets 30 à 36, p 516

(إِنَّ ٱلَّذِینَ قَالُوا۟ رَبُّنَا ٱللَّهُ ثُمَّ ٱسۡتَقَـٰمُوا۟ تَتَنَزَّلُ عَلَیۡهِمُ ٱلۡمَلَـٰۤىِٕكَةُ أَلَّا تَخَافُوا۟ وَلَا تَحۡزَنُوا۟ وَأَبۡشِرُوا۟ بِٱلۡجَنَّةِ ٱلَّتِی كُنتُمۡ تُوعَدُونَ * نَحۡنُ أَوۡلِیَاۤؤُكُمۡ فِی ٱلۡحَیَوٰةِ ٱلدُّنۡیَا وَفِی ٱلۡـَٔاخِرَةِۖ وَلَكُمۡ فِیهَا مَا تَشۡتَهِیۤ أَنفُسُكُمۡ وَلَكُمۡ فِیهَا مَا تَدَّعُونَ * نُزُلࣰا مِّنۡ غَفُورࣲ رَّحِیمࣲ * وَمَنۡ أَحۡسَنُ قَوۡلࣰا مِّمَّن دَعَاۤ إِلَى ٱللَّهِ وَعَمِلَ صَـٰلِحࣰا وَقَالَ إِنَّنِی مِنَ ٱلۡمُسۡلِمِینَ * وَلَا تَسۡتَوِی ٱلۡحَسَنَةُ وَلَا ٱلسَّیِّئَةُۚ ٱدۡفَعۡ بِٱلَّتِی هِیَ أَحۡسَنُ فَإِذَا ٱلَّذِی بَیۡنَكَ وَبَیۡنَهُۥ عَدَ ٰ⁠وَةࣱ كَأَنَّهُۥ وَلِیٌّ حَمِیمࣱ * وَمَا یُلَقَّىٰهَاۤ إِلَّا ٱلَّذِینَ صَبَرُوا۟ وَمَا یُلَقَّىٰهَاۤ إِلَّا ذُو حَظٍّ عَظِیمࣲ * وَإِمَّا یَنزَغَنَّكَ مِنَ ٱلشَّیۡطَـٰنِ نَزۡغࣱ فَٱسۡتَعِذۡ بِٱللَّهِۖ إِنَّهُۥ هُوَ ٱلسَّمِیعُ ٱلۡعَلِیمُ)

[8]Coran, Sourate 3, versets 168 à 171

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