S’élever pour mieux se relever

Dire quelques mots en pareilles circonstances n’est pas si simple. Quand tout se mélange, les violences physiques, verbales… Elles sont mises en spectacle et redorent le blason des uns pour mieux diviser et mieux régner. Une violence vécue deux fois plus forte pour le Français musulman, une première fois par l’horrible assassinat de ce professeur d’histoire et une seconde fois par ce doigt pointé sur lui, lui demandant de se justifier sans parler de toutes les tentatives d’intimidation à l’encontre d’associations musulmanes.

Dans ce contexte où les émotions prévalent, ces quelques mots invitent à s’élever, à prendre de la distance. Le contexte électoral a intérêt à diviser, à plonger l’humain dans une mare d’émotions, une bonne dose de « chaos » maîtrisé pour mieux s’imposer.

Ne perdons pas de vue le sens profond des choses. Le sens de notre existence, le sens des épreuves, le sens des liens que nous tissons avec les êtres humains. C’est cette conscience qui nous permettra de traverser ces moments difficiles tout en gardant un regard de miséricorde et d’amour autour de soi. L’enjeu du vivre-ensemble se passe essentiellement autour de soi, dans le quotidien même si les médias peuvent nous donner l’impression de nous confisquer cette possibilité en tentant de mettre en scène, comme dans une télé-réalité, ce vivre-ensemble caricaturé.

Il faut donc d’abord prendre du recul et prendre conscience, un peu plus, de notre responsabilité et notre capacité individuelle à transformer notre environnement.

« Rose évoque notamment le droit coutumier de participer à ce qui se passe sur la place publique : elle note qu’on l’a longtemps considéré comme indispensable à la vie sociale. La place publique – au moins avant Internet –, c’est l’endroit où nous communiquons, où nous rencontrons des gens, où nous jouissons de la compagnie des autres, où nous nouons des liens collectifs, et où nous créons du capital social et de la confiance, les nutriments dont une communauté ne peut se passer. C’est pourquoi le droit d’assister aux fêtes et aux événements sportifs ou de se réunir sur la promenade est traditionnellement le plus fondamental de tous. Le droit d’être inclus, d’avoir accès les uns aux autres, qui est le droit de participer « en commun », est le droit de propriété fondamental, alors que la propriété privée, le droit de clôturer, de posséder et d’exclure, n’est qu’un simple cas particulier qui s’écarte de la norme – même si à l’époque moderne l’exception a presque avalé la règle. »[1]

Il ne s’agit pas, ici, d’appeler à une désertion des espaces de communications très influents mais plutôt de se réapproprier le plus important de tous : nos liens établis dans la vie quotidienne. Ne les laissons pas s’abîmer à cause de sujets « clash » choisis soigneusement par la classe politique et le monde médiatique.

Prendre de la hauteur c’est apporter des réponses différentes de celles attendues par les provocations de tous genres. Par exemple, les caricatures d’un prophète ne restent après tout que l’image déformée que se fait un individu de celui-ci. Il n’y a donc aucune raison de s’offusquer puisqu’il ne représente pas ce prophète. Par contre, il y a lieu à s’interroger sur notre responsabilité. Puisque le Prophète Mohammed (paix sur lui) était un modèle complet et plein de miséricorde, pourquoi est-il caricaturé de telle ou telle manière? Qui a parasité cette image parfaite pour qu’elle prenne forme d’une certaine manière chez tel ou tel individu ? La réponse immédiate serait d’accuser l’autre. Mais le croyant cherche plutôt sa propre responsabilité pour s’améliorer. Si une caricature peut créer une forte impression chez une personne, elle est bien loin de l’impression que laisse un modèle vivant de présence à Dieu, un modèle vivant d’amour et de miséricorde. Il est temps de porter en nous l’image du Prophète (paix sur lui) pour panser les plaies béantes de la société. Une société en perte de sens, une société pour qui la finalité même de la liberté d’expression s’est évanouie pour défendre des vestiges qui s’écroulent les uns après les autres au profit d’une économie déshumanisante.


[1]La nouvelle société du coût marginal zéro (p. 292) Jérémy Rifkin

Un commentaire

  1. As salam alaykoum Merci pour ces mots,ces pensées pleines de bon sens et se sagesse qui viennent adoucir, réconforter et recentrer nos âmes perdues dans ce mobde en folie. Comme l écrivait mon fils ce matin l Amour est le meilleur des remèdes. Prenez soin de vous et gardons toujours confiance???

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