Préférer la vie dernière à la vie ici-bas

Omar ibn Al Khattab, que Dieu l’agrée, rapporte : « J’entrai chez le Prophète ; il était sur une natte sans que rien fût interposé entre son corps et la natte. Sa tête était appuyée sur un coussin de cuir rembourré de fibres de palmiers ; à ses pieds il y avait un tas de feuilles de saule et à son chevet une outre était suspendue. Je vis sur son flanc l’empreinte laissée par la natte. Alors je me mis à pleurer. « Pourquoi pleures-tu ? me demanda-t-il. » « Ô Envoyé de Dieu, répondis-je, c’est parce que je compare la situation des Chosroês et des César à la tienne, alors que tu es, toi, l’Envoyé de Dieu » « N’es-tu donc pas satisfait, répliqua-t-il, qu’ils aient, eux, les biens de ce monde, et que, nous, nous ayons ceux de la vie Dernière ? » » (1)

Le Prophète, paix sur lui, a toujours eu le cœur enclin vers son Créateur.

La société mecquoise était envahie de rites religieux. Toutefois, ils étaient tous tournés vers ce monde, voire ils alimentaient une certaine forme de matérialisme. Ils étaient mêmes à la base d’une société injuste. Mohammed, paix sur lui, à partir d’un certain âge, ressentit le besoin de s’isoler. Ce que son cœur désirait ne se trouvait pas dans la société mecquoise, ni sur terre d’ailleurs. Après les premières révélations du Coran et l’ouverture de cette fenêtre sur la Vie Dernière, jamais plus il ne s’en détournera.

Par la suite, la haute distinction qu’il reçut de Dieu et la mission planétaire qui en découla n’influencera en rien son attachement pour la demeure finale en compagnie de son Bien-Aimé, qui, Lui-Même, lui avait témoigné de Sa préférence et de Son élection sur toute Sa création. Il était présent aux gens, il était présent à sa famille, mais lorsque l’appel à la prière retentissait, il se levait et se dirigeait vers son rendez-vous.

Omar, que Dieu l’agrée, ne put empêcher ses larmes de couler quand il vit dans quelles conditions matérielles basiques il vivait. Si son corps se contentait du strict minimum, son cœur était avide d’une richesse autrement plus grande, autrement plus subtile. Il ne perdait pas de vue la Vie dernière, lieu de rencontre éternelle avec le Tout Puissant. Il était, paix sur lui, le lien vivant avec la Vie Dernière.

Aujourd’hui, il reste la grande alternative à « l’ère du vide ». En effet, Gilles Lipovetsky nous dit dans son livre « L’ère du vide, essais sur l’individualisme contemporain » : « Quel que soit l’état de grâce de l’éthique, la culture sacrificielle est morte, nous avons cessé de nous reconnaître dans l’obligation de vivre pour autre chose que nous-mêmes. A coup sûr, le narcissisme radical et le tout-hédonisme marquent-ils le pas, mais le virage culturel en cours ne signifie pas bifurcation de fond dans la dynamique individualiste. Même à l’affût de responsabilité et de bienfaisance à la carte, Narcisse est toujours Narcisse, incarnation emblématique de notre temps centripète. Le raz de marée de la seconde révolution individualiste n’en est qu’à son début. »

Aujourd’hui, le même Omar, que Dieu l’agrée, verserait des larmes en voyant tous ces Chosroês et ces César gagnés par l’indifférence, le vide spirituel et malheureux malgré l’opulence apparente jamais égalée. Plus que jamais, cette malédiction narcissique vers laquelle le Marché mondial nous tire, a besoin d’un tel modèle pour nous apporter ce lien avec la Vie Dernière et donner sens à des mots étrangers à notre société tels que la générosité, le partage, la fraternité, le sacrifice de ses propres intérêts pour celui des autres. Puisse Dieu nous accorder la pleine conscience du modèle qu’il représente pour l’humanité.

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