Gaza : Une leçon spirituelle durant Ramadan

Dieu seul nous suffit

Au moment de la rupture du jeûne, en ce premier jour de Ramadan, je peux à peine retenir mes larmes… Je revois ces images d’enfants Gazaouis quémandant quelques miettes pour soulager la faim qui les tiraille depuis trop longtemps. Sous le regard du monde entier, sous le regard hypocrite des pays alliés de l’oppresseur, qui tournent le dos à toutes les valeurs qu’ils prétendaient défendre jusque-là, soutenant l’insoutenable, défendant l’indéfendable. Tandis que les pays « frères » de la Palestine, à peu de choses près, tournent tous la tête et font fi de la souffrance des derniers vrais résistants de ce monde déliquescent.

En vérité toute la terre est occupée sauf Gaza : je le vois à la résilience de chacun des croyants de cette terre exsangue et exiguë, qui s’en remettent au meilleur des protecteurs de façon constante. Une leçon de vie continue durant ce mois béni.

La résilience de ce peuple courageux me rappelle la Parole divine : « Certes, ceux auxquels l’on disait ‘Les gens se sont rassemblés contre vous, craignez-les !’ Cela accrut leur foi et ils dirent ‘Dieu nous suffit, Il est notre meilleur garant’ » [1].

Et je fais cette introspection propre au mois de Ramadan, sous une nouvelle perspective : finalement sommes-nous si autonomes, si auto-suffisants ? Ne sommes-nous pas complètement soumis et dépendants d’un Seigneur Sage et Tout-Puissant ? Il est le Dieu des opprimés comme celui des oppresseurs, et chacun devra subir Son jugement. Quelle aura été ma part dans la défense de l’opprimé et l’opposition à l’oppresseur ? Tout le bien et le confort dont je profite et que je souhaite aux miens, le veux-je aussi à ces croyants et à leurs innocentes progénitures qui subissent le joug de l’envahisseur depuis 80 ans ?

C’est à l’aune de mes intentions et de mes actions que je serai jugé, le mois de Ramadan étant propice à mon auto-évaluation. Ai-je fait assez pour soutenir mes sœurs et frères innocents ? Me suis-je mis à leur place pour ressentir ce qu’ils ressentent ? Sont-ils assez présents dans mes pensées et mes invocations ?

Le tableau n’est pas très rose, mais je vous rassure, il y a beaucoup de leçons et d’espoir à tirer des événements actuels, de surcroît durant ce mois béni, voyons ensemble quelques-unes de ces bonnes nouvelles masquées par les ténèbres de la guerre…

Les graines du changement

Ce qui me surprend le plus dans les bribes d’images qui nous parviennent de l’enclave martyrisée, étriquée et écrasée entre les bulldozers, les tanks, le désert et la mer, ce sont cette confiance aveugle en Dieu, cette solidarité et tous ces sourires d’enfants, souvent dotés d’une maturité hors du commun.

Le Prophète (prière et salut de Dieu sur lui) n’a-t-il pas dit : « que l’affaire du croyant est étonnante ! Elle ne comporte que du bien, et cette faveur n’appartient qu’au croyant : s’il est l’objet d’un événement heureux, il remercie Dieu et c’est là pour lui une bonne chose. S’il est victime d’un malheur, il l’endure avec patience et c’est là encore pour lui une bonne chose » [2].

La préoccupation première de ces jeunes croyants n’est pas de s’amuser sur leur tablette dernier cri, ou de se vêtir des paires de baskets à la mode, non ! Ils cherchent à survivre, à plaire à Dieu et à libérer leur terre. Loin de l’insouciance de la jeunesse des autres peuples, ils préparent l’avenir à travers la prière, le Coran et le jeûne.

Le parallèle avec la génération sainte de Salaheddine est vite fait, ceux qui résistent aujourd’hui sont ceux qui ont vu leurs proches emportés au début des années 2000, nous constatons la force de caractère de cette génération, leur piété et leur confiance dans le plan divin. Imaginez ce que donnera la résistance de demain qui vit la tragédie actuelle : un tel peuple ne peut pas perdre !

Mais le grand tournant est le basculement des opinions à travers le monde à la vision de l’épuration ethnique opérée sous nos yeux, le véritable visage de l’occupant apparaît sans masque. Nul n’est épargné : femmes et enfants, personnes âgées ou nourrissons, le sang du Palestinien n’a aucune valeur pour eux, et ceci ne passe plus auprès des populations pacifiques de la planète.

Les jours sont comptés, les victimes obtiendront bientôt justice par la grâce divine. Et nous demandons à Dieu, qui a souvent donné la victoire aux croyants durant le mois de Ramadan (La bataille de Badr, la conquête de la Mecque, etc.), de donner une issue favorable aux innocents de Gaza durant ce mois béni.

Mes frères me manquent

En pensant à Gaza, la parole du Prophète (prière et salut de Dieu sur lui) me revient « Mes frères me manquent… » [3], et j’ai une profonde pensée pour mes sœurs et frères palestiniens, durant cette période particulière pour les musulmans. Nous pouvons vivre notre spiritualité sereinement, entourés de nos proches, ressentir la solidarité, le partage et la foi de ce mois béni. Alors que ce peuple martyre ne connaît ni répit, ni trêve, subissant la brutalité d’une armée sans morale. Nos invocations les meilleures leur sont adressées, et nous nous en remettons entièrement au Juste par excellence, Son plan est parfait et il s’accomplira.

Je les vois rompre le jeûne tous ensemble au coucher du soleil, avec le peu de nourriture qu’ils ont pu glaner dans la journée, conservée précieusement avant de la partager. Je vois ces enfants affamés, attendant ce moment de célébration familiale, remerciant le Créateur de cette pitance si maigre mais si belle. Ils intègrent tout ce que notre religion enseigne de façon concentrée durant cette période difficile : la patience, le partage, s’en remettre à Dieu… Ils ont l’habitude me direz-vous, mais ils ont le martyr en prime.

Que n’aimerais-je rejoindre ces aimés de Dieu, ne serait-ce qu’une fois, pour partager le pain et voir le sourire sur les visages d’enfants et d’adultes, puis rejoindre une mosquée encore préservée pour accomplir les prières nocturnes et nous retrouver dans l’amour et la foi.

Ce peuple debout a beaucoup à nous apprendre, toujours debout après près d’un siècle, ne se morfondant nullement, se privant du superflu, doté d’une foi et d’une ferveur inégalables.

Je ne peux m’empêcher de partager la citation de Mohammed H., avocat palestinien : « Dieu m’est témoin, même si nous avions à subir toute l’injustice du monde, toutes ses armées et toute son arrogante oppression, nous continuerons à sourire à la vie, et nous continuerons à donner le sourire à nos enfants ».

Envoyons-leur nos meilleures invocations en attendant le secours de Dieu et la victoire inéluctable !

[1] (Coran 3 :173).

[2] Muslim.

[3] Ahmad.

Un commentaire

  1. Salam Aleykoum

    Merci pour cet article si émouvant, fort et puissant à la fois.

    Que Dieu nous accorde de vivre pour voir la Palestine libre !

    Puissions-nous là où nous sommes leur être utile.

    Amine

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