Recrutement: les candidats d’origine maghrébine toujours discriminés

Les candidats dont le patronyme est d’origine nord-africaine reçoivent 20% de réponses en moins que ceux portant un nom à consonance française. Les grandes entreprises sont particulièrement pointées du doigt.

Jamila Benchargui, Yasmina Mehdaoui ou encore Ahmed Djazouli. Ils font partie des noms de candidats fictifs qu’une équipe de chercheurs a envoyés à de grandes entreprises françaises. Le résultat est là : dans le cadre d’une candidature à une offre, ils ont près de 20% de réponses en moins qu’Emilie Petit, Julien Legrand ou encore Laëtitia Lefevre, les autres noms testés. Un chiffre qui grimpe à 30% pour les candidatures spontanées.

Ce sont les résultats d’une campagne de testing réalisée auprès des grandes entreprises françaises et à la demande du gouvernement qui ont été publiés ce mercredi. Ils mettent en évidence “une discrimination significative et robuste selon le critère de l’origine à l’encontre du candidat présumé maghrébin”, peut-on lire dans le rapport.

Trois candidats avec les mêmes caractéristiques

103 grandes entreprises parmi les 250 plus fortes capitalisations de la bourse de Paris ont reçu ces fausses candidatures. Au total, il s’agit de 1.500 candidatures en réponse à une offre et de 16.143 candidatures spontanées, soit 8.500 tests. A chaque test, deux profils fictifs identiques sont envoyés, l’un avec un prénom et nom d’origine maghrébine, l’autre avec un patronyme d’origine française.

Dans le détail, ces candidatures fictives ont été envoyées en réponse aux mêmes offres d’emploi. “Elles sont parfaitement similaires en termes de caractéristiques individuelles, de diplômes, de parcours professionnel, d’expériences. Les candidats ont les mêmes compétences informatiques et linguistiques. Aucun n’affiche de période de chômage et sont en emploi lorsqu’ils candidatent”, expliquent les chercheurs.

Sur les 103 entreprises testées, le groupe identifie à chaque fois “entre 5 et 15 entreprises discriminantes” selon les critères de discrimination testés. Au delà du patronyme, les chercheurs  identifient également une discrimination – plus faible mais réelle – en fonction du lieu de résidence du candidat, qui touche plus particulièrement les Quartiers Prioritaire de la Ville (QPV).

Le dilemme de la dénonciation publique

Par ailleurs, cette discrimination est plus fortement observée dans les entreprises les plus grandes (celles qui font le plus de chiffre d’affaires) et se concentre dans quelques secteurs d’activité”, poursuivent les chercheurs sans préciser lesquels.

Les voix s’élèvent contre le gouvernement qui n’a toujours pas rendu publics les noms de ces entreprises, contrairement à ce qu’il avait annoncé, afin de pouvoir les “poursuivre en justice”.

Selon France Inter, l’étude est depuis plusieurs mois entre les mains de l’exécutif qui se défend d’avoir mis le sujet sous le tapis. “On a utilisé les résultats pour discuter avec les entreprises et les amener à changer de pratiques. En outre, le “name and shame” (le fait de dénoncer publiquement des comportements), il faut que ce soit cadré juridiquement, même si on ne s’interdit rien”, explique-t-on au ministre de la Ville. Cette pratique était pourtant défendu par le candidat Macron lors de la campagne présidentielle.

A la fin du mandat de François Hollande, rappelons que deux entreprises (AccorHotels et Courtepaille) avaient été publiquement épinglées. Après avoir été testées, elles ne s’étaient pas assez mobilisées sur le sujet, avait jugé le gouvernement d’alors.


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