Les œuvres vertueuses : De la foi à l’action incarnée (4/7)

Cet été, nous vous proposons une série de 7 chroniques, pour méditer ensemble l’une des sourates les plus concises et les plus denses du Livre de Dieu : sourate Al-‘Asr. Trois versets. Moins de vingt mots. Et pourtant, un monde entier y tient, comme dans une graine que le ciel aurait plantée dans le cœur humain.

Depuis des siècles, sages et savants l’ont méditée comme une synthèse du message coranique. L’imam Ash-Shâfi‘î disait : « Si les gens méditaient cette sourate, elle leur suffirait. »

Aujourd’hui, alors que le temps nous échappe, que l’individualisme fragilise la foi, que la vérité se dilue dans le bruit, cette sourate appelle à un retour à l’essentiel. Ensemble.

Cette chronique n’est ni une exégèse, ni une analyse académique. C’est une lecture vivante enracinée dans la tradition et tournée vers l’âme contemporaine. Car cette sourate trace une voie claire : croire en Dieu, œuvrer avec sens, se rappeler la vérité, et persévérer — ensemble. Puisse cette méditation t’éveiller, t’éclairer, te relier.

Œuvrer sincèrement, dans une dynamique collective guidée par le Prophète (paix sur lui)

Après avoir été enracinée dans la foi vivante (al-îmân), l’âme du croyant trouve sa croissance et son rayonnement dans les œuvres pieuses. Car la foi, si elle reste confinée à l’intérieur du cœur, sans se traduire par des actes, est semblable à une graine qui ne germe pas. C’est pourquoi les compagnons du Prophète, paix et salut sur lui, dès qu’ils eurent la foi, se mirent en marche. Ils ne se contentèrent pas d’aimer en silence : ils portèrent la mission prophétique jusqu’aux confins du monde connu.

Et les savants ont clarifié que pour qu’une œuvre soit agréée, elle doit réunir deux conditions :

1. Al-Ikhlâs (الإخلاص) : la sincérité absolue envers Dieu, sans ostentation ni calcul.

2. Al-Mutâba‘a (المتابعة) : la conformité à la voie prophétique dans l’intention, la méthode et l’esprit.

Mais là encore, l’individu seul demeure fragile. Ce n’est qu’au sein d’un corps organisé, d’un groupe engagé sur la voie prophétique, que les œuvres prennent leur vraie cohérence. Dans la jamaa (le groupe des croyants), les actions s’articulent. Les efforts individuels s’unissent. L’intention s’épure. L’engagement prend une direction. Et la foi devient un élan collectif.

Un projet prophétique qui dépasse l’individu

Rejoindre ceux qui portent la foi, ce n’est pas seulement adhérer à une ambiance fraternelle. C’est entrer dans un projet prophétique, qui vise à faire vivre et relayer le message du Prophète, paix et salut sur lui, dans le monde. Un projet global. Un projet vivant. Un projet qui réclame tout : l’intelligence, le cœur, le corps, les compétences, les relations, les ressources… Rien n’est insignifiant lorsque tout est offert pour Dieu.

Plus ce projet est large dans sa vision – local, national, voire universel –, plus les causes spirituelles s’alignent, et plus les grâces divines descendent. C’est ainsi que l’on entre dans ce que le Coran désigne par jihad fi sabiliLlah : un plein engagement intense, intérieure et collectif, contre l’inertie, la paresse, l’égocentrisme. Non pas un combat violent, mais un élan profond pour que le message atteigne chaque cœur, que l’humanité entende cette voix lumineuse, et que chacun puisse, librement, choisir.

Dans ce cadre, tout devient œuvre : enseigner, organiser, accueillir, programmer, coder, soigner, écrire, visiter, conseiller, sourire… Pourvu que ce soit fait pour Dieu, dans la voie du Prophète, paix sur lui, et au service du projet collectif.

L’arbre et ses fruits

C’est dans cette dynamique que l’œuvre vertueuse devient comparable à un arbre enraciné dans une terre bénie (la foi), abreuvé par une pluie céleste (la révélation), entretenu par une main aimante (le groupe des croyants : jamaa), et donnant des fruits utiles, adaptés à leur temps. Ces fruits ne sont pas des copies mécaniques des œuvres des compagnons, mais de nouveaux fruits contemporains d’une foi commune, des applications fidèles dans notre époque. Car la conformité à la voie prophétique ne signifie pas reproduire les formes anciennes, mais faire jaillir sagesse et la lumière prophétique dans le présent.

Conformer son œuvre au Coran et à l’héritage prophétique (Sunna), c’est veiller à ce que nos actes soient sans tromperie, sans violence, sans compromission, même au nom d’un but noble. C’est résister à l’idée que la fin justifie les moyens ; c’est honorer Dieu dans la méthode comme dans le résultat.

Ainsi, l’œuvre vertueuse n’est pas un simple acte isolé. Elle est l’expression organique d’un cœur habité, d’un projet embrassé, d’une mission partagée. Elle est la suite logique de la foi, et le signe visible que cette foi est bien vivante. Dans le groupe des croyants (jamaa), cette œuvre devient vivante, orientée, bénie, car elle s’inscrit dans une continuité prophétique.

A suivre …

Lire aussi : Les Lumières de sourate al Asr

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