Les lumières de sourate al Asr : « Sauf » (Illa), la lumière de l’exception divine (2/7)

Cet été, nous vous proposons une série de 7 chroniques, pour méditer ensemble l’une des sourates les plus concises et les plus denses du Livre de Dieu : sourate Al-‘Asr. Trois versets. Moins de vingt mots. Et pourtant, un monde entier y tient, comme dans une graine que le ciel aurait plantée dans le cœur humain.

Depuis des siècles, sages et savants l’ont méditée comme une synthèse du message coranique. L’imam Ash-Shâfi‘î disait : « Si les gens méditaient cette sourate, elle leur suffirait. »

Aujourd’hui, alors que le temps nous échappe, que l’individualisme fragilise la foi, que la vérité se dilue dans le bruit, cette sourate appelle à un retour à l’essentiel. Ensemble.

Cette chronique n’est ni une exégèse, ni une analyse académique. C’est une lecture vivante enracinée dans la tradition et tournée vers l’âme contemporaine. Car cette sourate trace une voie claire : croire en Dieu, œuvrer avec sens, se rappeler la vérité, et persévérer — ensemble.

Puisse cette méditation t’éveiller, t’éclairer, te relier.

Illa, le mot qui sauve

Illa, un mot qui sauve, une percée de miséricorde, une méthode de salut

« Sauf ceux qui ont cru, accompli les œuvres justes, se sont conseillés mutuellement la vérité et se sont conseillés mutuellement la patience ».

﴿إِلَّا الَّذِينَ آمَنُوا وَعَمِلُوا الصَّالِحَاتِ وَتَوَاصَوْا بِالْحَقِّ وَتَوَاصَوْا بِالصَّبْرِ﴾ – Illā alladhīna āmanū wa ‘amilū aṣ-ṣāliḥāt, wa tawāṣaw bil-ḥaqq, wa tawāṣaw biṣ-ṣabr

Et voilà que, dans le silence pesant après l’annonce d’une perdition générale, surgit un mot court, tranchant, mais chargé de sens : Illa – Sauf, excepté.

Un mot comme un cri.

Un mot comme une fracture dans la nuit.

Un mot comme une brèche ouverte dans un mur qui semblait infranchissable.

Un mot qui dit : « Tout est perdu… sauf. »

Et ce illa, pour le cœur croyant, fait immédiatement écho à un autre illa, bien plus profond, bien plus ancien : celui de la profession de foi suprême : Lā ilāha illā Llāh ; « Il n’y a point de divinités excepté Dieu »

Dans cette parole sublime (kalima tayyiba), ce illa (excepté) marque un renversement total : Avant Lui, toutes les fausses divinités. Et après lui, le retour à Dieu seul, le Réel, l’Absolu.

De même, dans la sourate Al-‘Asr, ce illa marque la frontière entre deux mondes : Avant, le monde de la perdition, des illusions, des fausses sécurités. Et après, le monde de la foi, de l’engagement, du conseil mutuel à la vérité, de la patience.

Ce n’est pas une simple transition grammaticale. C’est un tournant existentiel.

Avant ce illa, l’Homme est livré à ses idoles intérieures : Il considère le regard des gens plus que le regard de Dieu. Il obéit à ses désirs plus qu’à la Révélation. Il construit une vie entière autour de la peur du manque, du besoin de reconnaissance, de la quête du confort, de l’image. Il adore, sans le savoir, ce qui n’est pas Dieu.

Et c’est là la vraie signification du polythéisme moderne : Ce n’est pas seulement se prosterner devant des statues. C’est se soumettre intérieurement à autre chose qu’à Dieu. Le regard social devient une divinité. Le bas monde devient éternel dans notre perception. L’ego devient roi. L’argent devient le maître.

Mais le illa — dans Lā ilāha illā Llāh comme dans cette sourate — vient briser cette illusion. Il trace une ligne de rupture, une séparation nette entre l’adoration du faux et la soumission au Vrai.

Ce illa est donc plus qu’une conjonction d’exception. C’est une manifestation de la miséricorde divine, une invitation au réveil, un rappel du pacte primordial : “Ne suis-Je pas votre Seigneur ?” Ils dirent — “Mais oui, nous en témoignons.” [1]

Et un prolongement du dépôt que l’Homme a accepté librement, contrairement aux montagnes, à la terre et aux cieux : “Et l’homme l’a porté, car il est [par nature] injuste et ignorant.” [2]

Dans ce contexte, la sourate Al-‘Asr devient une explication appliquée de la parole sublime (kalima tayyiba)

Lā ilāha — rien n’est digne d’être suivi, adoré ou espéré si ce n’est Dieu… “L’Homme est en perdition”, tant qu’il suit autre chose.

Illā Allah — sauf Dieu, sauf ceux qui retournent à Lui… “Sauf ceux qui ont cru, accompli les œuvres justes…”

La sourate résume la foi en Dieu, et la déploie dans ses implications concrètes.

Chaque mot qui suit ce illa devient un critère de fidélité au pacte, un symptôme de l’adoration authentique, un chemin vers l’unicité vécue.

C’est pourquoi, pour celui qui médite avec cœur, chaque lettre de cette sourate compte.

On ne peut en ignorer une seule.

Elle est brève, mais elle contient tout : notre origine, notre épreuve, notre mission, notre salut.

Et Dieu, dans Sa générosité infinie, nous la transmet comme une boussole, comme un miroir, comme une promesse.

Tu es en perdition… sauf si tu reviens à Moi. Et voici comment revenir.

Et Je ne te laisse pas deviner : Je t’enseigne.

A suivre …

[1] Sourate Al-A‘râf, 7:172

[2] Sourate Al-Ahzâb, 33:72

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