Au fond du trou… un rendez-vous avec Dieu

Un proverbe dit : « C’est lorsque tu es au fond du trou que tu vois qui est avec toi. »

On court, on multiplie les tâches jour après jour, on prend soin de ceux qui comptent pour nous… et le temps passe. Le Ramadan est venu et est reparti. Il nous a accordé un moment de répit, de quoi souffler un peu dans un monde qui donne le vertige.

L’accélération est synonyme de notre temps. On n’a plus le temps de rien faire. Et le Ramadan nous a accordé un peu d’oxygène mais il n’est plus là. Et pour nous c’est peut-être encore plus dur parce qu’on retourne dans la grosse marmite de la vie, qui continue à nous cuire à petits feux pour nous servir à point au système. Et nous voilà au fond du trou.

Le fond du trou

Quelle drôle d’image, n’est-ce pas ? Tout le monde comprend ce que signifie être au fond du trou parce qu’on a tous vécu une expérience similaire.

Une intelligence artificielle ne comprendrait pas cette image, ou alors elle l’analyserait avec une froide objectivité. Mais un être humain sait ce que c’est que de se retrouver dans un trou, et que les gens autour de nous passent à côté de nous sans nous voir. On est là et on ne voit pas d’issue. Il fait noir et froid, et on est perdu.

Impossible de se sortir du trou sans une main tendue qui nous tire. Mais lorsque ce trou est si profond et si noir qu’aucune main humaine ne peut plus rien faire pour nous, que la course de la vie s’arrête tout à coup, que toutes les urgences d’hier paraissent si futiles au fond du trou, que la vie toute entière paraît insupportable, absurde, et que l’idée de tout éteindre et d’arrêter d’exister traverse notre esprit… alors là, on est au fond de ce trou. Ce trou qui se trouve en nous.

On est tel une ombre de nous-mêmes qui continue à marcher au milieu des autres. On se force à sourire, on continue à faire des gestes qui nous semblent absurdes. Et personne ne remarque qu’on est très loin, très profond dans notre trou.

Ce trou existentiel, même les spécialistes de la santé mentale ne peuvent rien pour nous, si ce n’est endormir nos idées noires et embrouiller notre esprit pour que nous continuions à manger, à boire et à respirer. Mais est-ce là tout ce dont un être humain a besoin durant cette vie ?

Ce trou… un rendez-vous

Alors voilà, on va se livrer un secret. Ce trou dans lequel on se trouve, c’est le seul endroit qu’Il a trouvé pour nous donner rendez-vous ! On courait dans cette vie, fiers, pleins de fougue, et on ne L’entendait pas quand Il nous appelait. On parcourait le monde et explorait ses recoins les plus merveilleux mais on ne Le voyait pas. On passait des heures à rire avec nos amis ou sur des vidéos mais on ne soupçonnait même pas Son Existence.

Alors, Il a cherché pour nous un endroit où se retrouver Seul avec nous. Cet endroit, personne ne peut y accéder. Personne ne peut nous en sortir. Personne ne peut nous atteindre. Il nous a donné rendez-vous là.

Pourquoi tant d’efforts ? Pour que nous Le voyions enfin ! Pourquoi toute cette mise en scène ? Pour que nous L’entendions enfin !

Une joie immense

Le Créateur a-t-Il besoin de Sa créature insignifiante et sans intérêt pour les autres créatures ? Si nous disparaissions, qui nous pleurerait au point de ne plus vivre sa propre vie ? Personne !

Maintenant, du fond du trou, ouvrons les yeux et voyons Qui est avec nous. Tous ces efforts pour nous arracher à notre quotidien et nous amener au fond de notre trou pour que nous comprenions qu’Il nous aime.

À celui qui jugerait qu’on prête à Dieu un sentiment qui ne Lui conviendrait pas, on l’invite à entendre ces paroles du Prophète, paix sur lui, lorsqu’il donne en exemple un homme qui est perdu dans le désert avec sa monture chargée de provisions et d’eau. Sa monture se sauve et voilà cet homme qui se croit perdu. Puis après avoir pensé qu’il mourrait, il retrouve sa monture.

Cette joie de la vie retrouvée après une mort certaine, le Prophète, paix sur lui, l’a prise en exemple pour décrire la joie du Créateur qui retrouve Sa créature quand elle se repent vers Lui : « Dieu est plus heureux du repentir de Son serviteur que l’un d’entre vous qui retrouverait sa monture après l’avoir égarée dans une terre désertique et inhospitalière. » [1]

Et quand on en sort…

On est au fond du trou, regardons Qui est avec nous. On sera surpris de ce qu’Il peut faire pour nous. Et puis quand on sera hors de notre trou, n’oublions pas ce qu’Il a fait pour nous, car Il ne se laisse pas facilement connaître.

Dans cette vie, il faut faire des efforts pour L’atteindre. Celui qui a créé l’amour serait-Il étranger à ce sentiment ?

À celui qui jugerait qu’on prête à Dieu un sentiment qui ne Lui sied point, qu’il lise dans le Coran : « Dis : Si vous aimez vraiment Dieu, suivez-moi ; Dieu vous aimera alors et vous pardonnera vos péchés. Dieu est Pardonneur et Miséricordieux. » [2]

[1] Rapporté par Boukhari

[2] Coran 3 : 31

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2 commentaires

  1. Baraka Allahou fik. Très bel article, tout en profondeur.
    Comment aider une personne qui est au fond du trou et qui souffre énormément: même si elle sait que c’est une épreuve, elle désespèreet préfère mourir… On se sent tellement impuissant…

  2. Wa baraka Allahu fîk pour votre cœur attentif et compatissant.

    Ô Dieu, Toi qui entends les soupirs les plus silencieux et connais les douleurs que même les mots ne peuvent exprimer, enveloppe de Ta miséricorde ceux qui souffrent dans l’obscurité de leur cœur. Éclaire leur nuit d’une lueur qui ne s’éteint jamais. Rends leur douleur féconde d’un sens qui les ramène à Toi, et fais de leur épreuve un tournant vers Ton amour.
    Amin

    Vous avez raison, accompagner une personne qui touche le fond est bouleversant. On voudrait faire plus, trouver les bons mots, être la lumière qui l’éclaire. Mais parfois, être là en silence, avec tendresse et prière, est déjà immense.

    Il faut aussi reconnaître nos limites : la souffrance profonde, celle qui fait désespérer de la vie, peut dépasser notre présence bienveillante. Et dans ces cas-là, il n’y a aucune honte à tendre la main à des professionnels de confiance, qui peuvent aider à poser un cadre, à traverser cette tempête.

    L’article peut toucher, mais il ne guérit pas. Il est une main tendue, pas un traitement. C’est un appel à ne pas désespérer, pas une solution toute faite. Que Dieu nous donne la force d’être une présence douce et constante autour de ceux qui souffrent — et qu’Il envoie à leurs cœurs la main qu’eux seuls peuvent reconnaître, celle qu’on appelle du fond du trou.

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