A propos de l’attaque de la mosquée de Bayonne

L’attentat qui a visé la mosquée de Bayonne et les fidèles qui s’y trouvaient n’est malheureusement pas un acte isolé.  Cet énième crime islamophobe porte un sens et révèle quelque chose de notre société et de ce qu’elle est en train de devenir. Il est le signe d’une époque du monde et le symptôme d’une société profondément malade qui fait preuve de plus en plus d’un mépris presque total de la valeur de l’Homme et de sa dignité, et qui tourne le dos à son histoire, à ses aspirations démocratiques, à ses ambitions humanistes et de civilisation.

Il s’agit d’un choc qui nous atteint d’une direction malheureusement prévisible eu égard au climat particulier qui règne dans la société française, en proie à ses démons.

La gravité de cet acte ne réside pas tout entière dans la violence extrême dont il est l’expression mais aussi dans le sens dont il est investi, le contexte sociétal dont il est le reflet et la charge symbolique et idéologique qui le sous-tendrait. 

Cet événement nous donne effectivement une sensation  angoissante de la fragilité des liens qui unissent les citoyens et de l’effroyable vide éthique et politique qui caractérise le discours politique et médiatique dominant  ouvrant la voie à une guerre civile souhaitée par certains idéologues de la haine.

En effet, cette barbarie est malheureusement loin d’être un acte isolé. Elle s’inscrit dans tout un contexte sociétal inquiétant et dans une forme de dérive consciente dont la peur de l’islam, la haine des musulmans et les crispations identitaires sont l’inspiration fondatrice et le fil directeur.

 De ce point de vue, cette attaque marquerait un tournant dans le déchaînement de la violence et de la haine contre les musulmans vivant en France.

Disons-le avec force, ce n’est pas un très bon signe, qu’il soit nécessaire aujourd’hui et non seulement nécessaire, mais qu’il soit même urgent, de s’indigner de l’émotion à géométrie et à géographie variables et d’intéresser les citoyens au sort du lien social dans nos sociétés, c’est-à-dire au sort de la paix, du vivre-ensemble et de la dignité des hommes.

Ce phénomène de relativisation et de hiérarchisation de la dignité humaine selon des critères racialistes, sectaires et tribalistes est une offense aux fondements mêmes de la civilisation française dans ce qu’elle a de meilleur et d’universel.

Pis, cette instrumentalisation de la laïcité et des principes qui font le pacte citoyen, constitue un aveuglement politique et historique qui s’inscrit dans un déclin du système de valeurs de la nation et confirme le constat de plus en plus partagé de l’inversion et de la perversion de ses valeurs par tous les prédicateurs de la haine décomplexée et leurs relais médiatiques et politiques.

Toutefois, il est plus facile de critiquer ces aberrations que d’indiquer les chemins qui permettent de s’en délivrer et de s’engager sur ces chemins d’espérance et d’optimisme agissants.

On peut comprendre, dans ces conditions, l’immensité de la conversion des mentalités à opérer par les musulmans vivant en France. L’imaginaire islamique restant largement inspiré par des mécanismes négatifs de défense et de méfiance.

 Or, la tâche la plus ardue pour les musulmans est d’arriver à instaurer une présence lucide à la complexité de la société et à son désarroi.   

Il s’agit donc  de ne pas accepter de se soumettre ni de se résigner  mais de  répondre sereinement avec un projet global de participation qui dit notre message dans sa positivité, témoigne de nos valeurs universelles et cherche dans ce contexte de tension, de méfiance et de confusion, une vérité commune, une fraternité commune, et des combats communs pour le bien commun.

Sur ces valeurs universelles que nous partageons, nous pourrons prendre le temps et le recul nécessaires afin de mieux comprendre nos conflits, accueillir mutuellement nos inquiétudes, collaborer et cheminer ensemble pour une société juste, solidaire et fraternelle enrichie de ses différences.

Un commentaire

  1. L’islamophobie et les crimes auxquels elle pousse parfois n’est que la manifestation, et la déclinaison d’un mal, à mon sens, qui touche malheureusement beaucoup plus de personnes qu’ évoqué sous l’angle de vue auquel nous convie cet évènement dramatique dans toutes ses dimensions.
    Je nomme ce mal pathologico-pathogene “alterophobie” ou autrement dit , “peur de l’autre” (fondée parfois ou pas).
    Je me joins entièrement à la dénonciation des actes qui la traduisent dans notre quotidien mais je voudrais ici appeler à convoquer une approche plus pertinente et plus esperantielle à mes yeux.
    Une approche qui envisagerait cette fois-ci la réponse thérapeutique.
    L’enjeu ici, ne se resumerait plus à simplement dénoncer avec force et douleur, bien qu’il ne faille pas en faire l’économie, mais proposerait plutôt de s’attaquer aux racines les plus profondes, les plus complexes et les plus multiples du mal qui soient.
    Tout d’abord, je pense qu’il faut commencer par procéder à l’examen clinique et à l’écoute des “patients” respectifs.
    Que nous disent ils d’eux-mêmes et de l’endroit où ils se trouvent et à partir duquel nous pouvons espérer les appréhender ? Ensuite, comme commence à le proposer M. Aknou dans cet article, nous devons, fort de ces analyses pertinentes, essayer d’en tirer des conclusions et essayer, éclairées par celles-ci, de proposer des solutions adéquates, pertinentes, efficaces et acceptables par tous.
    Nous n’avons pas le choix.
    L’idée ici n’est plus de simplement de réagir au symptôme tel qu’il se manifeste mais bien d’envisager un traitement de fond durable et curatif pour tous.
    Personne ici ne propose de tendre une quelconque joue qui soit, mais au contraire de tendre l’oreille pour ensuite mieux pouvoir tendre la main.
    Que Dieu nous Aide !
    La tâche est ardue, complexe, pénible mais hautement salutaire pour tous. Tout est lié.
    Que Dieu nous Aide !
    Dieu Sait Mieux.
    Que Dieu Soulage les uns et les autres et nous Réforme Salutairement !

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