Ma vie a-t-elle un sens ?

« Odyssée spirituelle au cœur de Ramadan » est une chronique qui vise à mettre en lumière la notion de changement à long terme. Comment le jeûne du mois de Ramadan peut-il être le point de départ d’un changement profond ? Comment saisir l’occasion de ce mois béni pour évoluer et s’améliorer ? Au lieu de le percevoir comme une fin en soi, le mois de Ramadan se révèle comme un point de départ, l’occasion pour une amélioration durable dans nos vies.

Qui d’entre vous serait mieux agissant ?

S’interroger sur le sens de sa vie est une démarche utile voire nécessaire pour le croyant qui veut échapper aux pièges du consumérisme, de l’individualisme et du matérialisme exacerbé de la société de consommation.

Ce questionnement qui concerne le cœur et la raison représente une forme élevée de présence à Dieu qui produit une transformation durable de la conscience et du cœur. 

Dans une perspective islamique, agir et participer seul et avec d’autres pour répandre le vrai, le beau, le juste et le bien est ce qui donne un sens à la vie du croyant et une substance authentique et effective à sa relation intime à Dieu et avec le prochain. La foi en Dieu est toujours liée à l’œuvre pie : « Dieu aime ceux qui font le bien », ceux qui se repentent et se purifient, les dévots et ceux qui s’appuient sur lui, ceux qui font le bien et observent l’équité, ceux qui combattent dans son chemin ou sont constants.

C’est donc par l’action que le sens que chacun donne à sa vie apparaît. Nous créons le sens par le don de nous-mêmes, par notre contribution, dans l’âme que nous mettons dans ce que nous faisons.Caragir c’est justement accomplir des actes d’après une vision et avec une intention et non point par nécessité.

Cet élan de participation bienfaisant et agissant fait partie intégrante de la conception islamique de la vie.

«  Bénédiction plénière sur Celui qui tient dans Sa main la royauté, l’Omnipotent. Lui qui a créé la mort et la vie afin de vous mettre à l’épreuve : qui d’entre vous serait mieux agissant ? » (1)

La foi bien vécue ne se vit pas en dehors du monde. Elle est une exigence vis-à-vis de soi, une responsabilité et un témoignage miséricordieux dans le monde qui embrasse toutes les dimensions de l’existence humaine. 

Ce monde inachevé et traversé d’antagonismes selon la sagesse et la volonté de Dieu, ce monde à parfaire, est confié à la responsabilité de l’homme, à sa créativité, à sa dignité d’être humain. C’est le sens du monde comme épreuve. « C’est Lui qui vous a fait croître à partir de la terre et vous la fait mettre en valeur. » (2) La foi en Dieu, quand elle est bien comprise et bien cultivée, conduit nécessairement à l’action utile, à l’agir beau dans tous ses états et dans tous les domaines de la réalité des hommes : l’environnement, la spiritualité, la politique, l’économie, la paix, l’art, l’éducation… Car en définitive, une vie inutile est une mort anticipée.

Laisser une trace de son passage sur Terre

Ainsi, la mission du croyant et sa raison d’être est d’apporter quelque chose d’utile et de bon à ce monde en commençant par soi et par son cercle proche. « Si l’heure de la Résurrection (la fin du monde) arrivait alors que l’un d’entre vous tenait un plant à la main, qu’il le plante » (3)

Le croyant (e) qui cultive en lui le souci de la vie dernière par un travail éducatif permanent s’interroge tout au long de sa vie de ce qu’il désire laisser comme trace de son passage sur terre, de l’héritage immatériel et éternel qu’il veut inscrire.  « Lis ton écrit. Il suffit de toi-même en ce Jour comme comptable » (4)

Une autre tradition prophétique enseigne que l’islam est en effet un cheminement vers l’excellence morale et spirituelle et une quête perpétuelle du bel-agir. Mais cette ascension à travers les étapes du Dine, n’est pas une ascension solitaire vers des sommets éthérés. La marche vers Dieu passe obligatoirement par une marche vers le prochain et par une forme particulière de présence au monde au service du bien. « Adorer Dieu comme si on le voyait » consiste à pratiquer la prière et à cultiver les actes surérogatoires certes, mais l’appréciation du prochain est décisive dans notre Destinée dernière » (5).

L’importance de ce « continuum » entre spiritualité et participation cher à l’islam trouve ses racines dans moult enseignements du Prophète (paix et bénédictions sur lui), qui nous apprend que la participation est l’expression même du lien profond avec Dieu : « Celui qui se lève le matin avec une préoccupation autre que Dieu n’en fait pas partie, et celui qui se lève sans se soucier des affaires de la communauté n’en fait pas partie ».(6)

Grâce à cette imbrication, la participation du croyant se prolonge comme une spiritualité qui fleurit, une foi qui rayonne et une présence à Dieu qui se concrétise dans l’action et par des engagements sincères au service du prochain, du vrai, du beau, du juste, et du bien…pour l’amour de Dieu

Dans la situation du monde contemporain et de notre société, les profonds changements survenus dans tous les domaines, ont fait émerger de nouveaux problèmes qui réclament l’engagement de tous les hommes de bonne volonté.

Dans ce contexte l’action des musulmans doit s’accomplir en collaboration avec toutes les forces vives et agissantes dans le monde actuel. Ceci nécessite une capacité des musulmans à comprendre l’universel qui est au cœur de leur message pour le rendre audible dans le discours et visible dans l’action. 


  1. Coran : la Royauté, versets 1 à 2
  2. Coran : Houd, verset 61
  3. Rapporté par l’imam Ahmed.
  4. Coran : Le Trajet nocturne, verset 14
  5. Nadia Yassine, Toutes Voiles dehors
  6. Rapporté par Ibn Majah

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