Mensonge et barbarie

Cet article a été rédigé il y a plus de huit ans. Il est malheureusement toujours d’actualité.

Jamais cette liaison perverse du mensonge et de la barbarie n’est apparue aussi éclatante que durant ce nouveau génocide que subissent les Palestiniens de Gaza martyrisée sous les yeux du « monde libre » !

Gaza, grande prison à ciel ouvert, une réalité éclatante même lorsque les médias participent au mensonge et trahissent leur devoir premier de dire la vérité en toute objectivité et en toute équité.

Il s’agit d’un nouveau chapitre d’une triste histoire de trahison et de complicité qui s’est manifestement accentué depuis plus de deux ans lorsque le peuple palestinien a fait « un mauvais usage » de la démocratie.

On se trompe quand on parle de silence ou d’indifférence pour décrire le comportement de certains médias, le silence ou les déclarations de beaucoup de politiciens et d’intellectuels et l’action de l’occident officiel, celui des États et des institutions internationales. Les mots sont importants, et pour être précis, il vaut mieux parler de collaboration, de complicité et de participation active. Il est difficile d’interpréter autrement cette attitude de cynisme, de lâcheté et de faillite morale dont fait preuve une fois encore les élites au pouvoir en occident.

Le mensonge

Tout se passe comme si l’histoire avait commencé par une trêve rompue unilatéralement de la part des représentants démocratiquement élus du peuple palestinien. La genèse du drame est passée sous silence, le mobile du « crime » est ignoré.

« Pourquoi en est-on là ? » reste une question ignorée, une question refoulée, une question étouffée.

On procède à une mutilation de la vérité, à un lavage collectif des cerveaux pour réécrire « l’histoire » et dire la version officielle, la seule autorisée, celle qui nie la mémoire des autres, leurs droits et au bout du compte leur humanité bafouée depuis plus de 6O ans. Autrement comment peut-on justifier l’asservissement d’un peuple à un autre, lorsque s’est éveillée l’exigence de sa liberté ? Comment peut-on accepter le massacre d’enfants et de femmes ? Comment peut-on justifier l’horreur et la bestialité ?

Dans la logique de l’oppresseur nul n’a droit à la mémoire, il n’y à de place qu’à sa propre mémoire et à sa propre souffrance pour légitimer l’horreur et avoir bonne conscience.

L’histoire, dès lors qu’elle est reflet et transmission de la vérité dans l’objectivité, l’équité et l’honneur, est un travail subversif qui dérange profondément car seule l’ignorance peut servir de terreau propice à l’essor diabolique de cette bestialité et produire toute cette violence. Seule l’ignorance du sens et de la valeur de l’homme peut inspirer cette haine et autoriser cette violence.

C’est oublier que la vérité repose en tout homme qui a su préserver son humanité et que le terrorisme et le mensonge ne sauraient triompher de la justice et de la vérité.

Dans la tradition musulmane les morts en martyrs ceux à qui on ôta injustement la vie ne sont pas morts en réalité, ils sont vivants auprès de Dieu, ils vivent et demeurent une source de vie pour l’humanité car ils nous laissent en héritage leurs inspirations et nous confient la lourde tâche de s’opposer à l’injustice qui est le déni de l’humanité de l’autre. Ils sont vivants car ils ne cessent de nous rappeler à notre devoir de mériter notre humanité et de la préserver contre ceux qui se permettent de relativiser la dignité humaine et donc de la trahir. Leurs voix ne cessent de résonner dans nos cœurs et dans nos consciences pour être à la hauteur de leurs sacrifices.

Dans la logique de la barbarie d’hier comme celle d’aujourd’hui, le mensonge est tout un « art », la propagande est poussée à son paroxysme dans le but de déshumaniser l’opprimé sans voix et de justifier l’horreur et la cruauté. Rappelons-nous de l’endoctrinement Nazi, de la propagande colonialiste qui fournit l’alibi prestigieux et savant aux desseins les plus crapuleux.

L’histoire nous apprend pourtant que lorsqu’ils déshumanisent leurs victimes par l’horreur et la souffrance qu’ils leurs infligent, les oppresseurs se déshumanisent eux-mêmes.

On ne peut que s’interroger sur l’humanité de ceux capables d’une telle cruauté.

Un chantage pernicieux

Il est impératif de dénoncer la propagande sioniste et rester vigilant quant au chantage pernicieux, sournois et méthodique à l’antisémitisme chaque fois qu’il s’agit de réclamer le droit du peuple palestinien et dénoncer la folie meurtrière et les politiques condamnables de l’Etat d’Israël.

C’est un chantage inadmissible d’abord parce qu’il prend en otage tous les juifs de France et cherche à réduire leurs positions à la seule propagande des plus extrémistes militants sionistes. Chose qui est loin de représenter la réalité de la communauté juive qui compte parmi elle des hommes et de femmes adeptes de la cause palestinienne amoureux de la vérité et de la justice.

L’activisme du sionisme militant vise par ailleurs d’autres objectifs.

  • Dénaturer l’essence même du conflit, le communautariser, pour faire diversion en agitant le spectre d’un conflit communautaire en France
  • Favoriser le repli communautaire et confessionnel, pour dépolitiser le débat public[1]
  • Maintenir la peur au sein de la communauté juive pour étouffer tout esprit critique à l’égard d’Israël et du lobby sioniste qui s’arroge le droit de parler pour tous les juifs de France
  • Diviser les gens solidaires de la cause palestinienne et semer le doute en eux pour les affaiblir.
  • Semer la discorde au sein du mouvement de solidarité avec le peuple palestinien et surtout empêcher l’élargissement de ce mouvement à tous ceux et celles qui refusent à choisir entre les deux options extrêmes : la résignation ou la violence destructive.

S’indigner c’est agir

S’indigner n’est pas suffisant, il faut agir pour que cela change et pour que cette tragédie cesse. Il faut s’engager car on ne gagne que les combats qu’on mène jusqu’au bout.

Il est désormais nécessaire de travailler tous ensemble dans un vaste mouvement de solidarité qui va au-delà des prises de conscience ponctuelles et intermittentes.

Seule un engagement ferme pour la défense des causes justes qui rassemble au-delà des différentes frontières qui divisent les hommes peut venir à bout de la propagande mensongère qui vise à liquider la question palestinienne en imposant par la violence un simulacre de projet de paix qui ne l’est guère puisqu’on refuse aux palestiniens leurs droits les plus fondamentaux.

Entre la résignation et l’agitation, il y a une autre voie possible, celle qui anime et rassemble aujourd’hui des millions d’hommes et de femmes libres épris de justice en Europe et en Amérique. Cette solidarité qui transcende toutes les petites appartenances et rassemble autour des valeurs qui sont à la base de notre humanité montre bien la justice et la dignité de cette cause.

Il faut également envisager la solution dans une perspective globale qui passe par la refonte des relations internationales. L’occupation de la Palestine comme volonté politique des puissances internationales ne peut être séparé des problèmes vitaux et internationaux du monde. La crise actuelle dans les affaires du monde n’est envisagée que dans leur aspect économique et financier sans la situer dans le contexte global d’une gestion chaotique, ultralibérale et unilatérale de la superpuissance américaine.

Or ce qui se passe aujourd’hui est une illustration de plus d’une faillite de civilisation, d’une crise politique et morale profonde, de l’absence de sens qui caractérisent les politiques internationales et qui conduit le monde vers un suicide planétaire. C’est la fin d’un modèle politico-économique qui a montré tous les dégâts dont il est capable en matière d’ignorance de l’homme et de violence sur son environnement.


[1]Communiqué de L’Union Juive Française pour la Paix et l’Association des Travailleurs Maghrébins de France

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