Une lettre de gratitude

Cher journal,

Voici que le mois du Ramadan s’invite dans nos demeures.  Voici revenu le mois du jeûne, des supplications, des veillées spirituelles et du Coran.

Voici la seconde année que nous le vivons en contexte de confinement et de mesures sanitaires. Voici la seconde année où le mois du Ramadan ne rime plus avec retrouvailles familiales autour du repas de la rupture du jeûne. Voici la seconde année où ce mois ne rime plus avec des prières nocturnes en groupe ni avec des rencontres conviviales et fraternelles en présentiel.

Voici la seconde année que nous jeûnons et assistons aux images de la Kaaba cloîtrée, autour de laquelle seulement quelques dizaines de personnes peuvent prier.

Voici la seconde année où nous assistons à des ruptures du jeûne à la Mecque avec des distanciations entre les personnes. Une esplanade quasi vide, loin des milliers de fidèles qui venaient s’agglutiner autour de la Kaaba chaque mois de Ramadan.

Voici la seconde année où jeûner seul chez soi sans pouvoir recevoir de convives, commence à être usant.

Mais, nous rappelons-nous que Dieu Le Tout Puissant est Celui qui peut changer les choses en un clin d’œil et même plus rapidement que cela ? Qui aurait cru qu’un jour viendrait où nous ne pourrions ni voyager, ni sortir et perdre notre liberté de mouvement ?

Je réalise à quel point je baignais dans les bienfaits, à quel point j’étais privilégiée. Je mesure à présent à quel point cette vie n’est qu’objet de précarité et d’instabilité.

Rien n’est acquis…

Cher Journal,

Je ne suis pas pessimiste mais je m’interroge et médite à travers tes pages qui se remplissent de plus en plus depuis un moment…

Je constate, jour après jour, le nombre de choses que nous avons perdues. Mais cela m’a permis de pratiquer de mieux en mieux un exercice essentiel dans le cheminement d’un croyant : LA GRATITUDE.

Quand tout autour de soi se consume, brille au croyant la lueur de la reconnaissance à son Créateur. Une parenthèse que nous pouvons agrandir au fur et à mesure de l’exercice afin qu’elle englobe toute notre vie. Le Prophète, que la paix et salut soient sur lui, ne trouvait-il pas refuge dans ses prières nocturnes, implorant le divin au point de fendiller la plante de ses pieds alors qu’il était un messager : « Ne serais-je pas un serviteur reconnaissant ?»

Les gens autour de moi ont froid, ont peur et tremblent. Un torrent d’inquiétude tente de m’emporter. Mais, Dieu, a bien dit que les reconnaissants seraient récompensés par plus de bienfaits.

J’ai alors commencé à tenir un cahier de gratitude. Et j’en ai même entamé un second. Je n’ai toujours pas fini ma liste… Alors de quoi vais-je me plaindre ?

Tu m’as déjà tout donné ET Tu me donnes encore. Ne patienterai-je pas pour une égratignure ? Je ne suis là que pour quelque temps et Tu m’appelleras auprès de Toi, afin de remplir mes yeux de Ta Face, de réjouir enfin mon cœur de Ta beauté et de Ta Clémence, si Tu le veux bien. Ton Amour me comble déjà et je voudrais tellement être à la hauteur de tous Tes cadeaux. Mais Tu sais que je ne pourrai pas.

Je m’engage à Te remercier à chaque bouchée, à chaque gorgée, à chaque pas que je ferai, à chaque paysage que tu m’offriras à travers un hublot d’avion, ou derrière ma fenêtre… A chaque souffle, à chaque réveil au son des oiseaux qui T’implorent, à chaque brise qui caresse mon visage, à chaque regard que je porte sur mes parents, à chaque invocation qu’ils me feront, à chaque sourire de mes enfants en me voyant, à chaque réussite de ce que j’entreprends, à chaque inspiration et expiration…. Et la liste pourrait encore s’allonger….

Cher Journal,

Voici une lettre de gratitude que je porte à la connaissance de celui qui voudra bien la lire.

Le mois du Ramadan est une station où je pose mes bagages, mes poids et m’abandonne. Même si le quotidien suit son cours, inexorablement… Je m’arrête. Je contemple. Je savoure. Des mots se bousculent mais ne peuvent être prononcés de cette langue alourdie par l’oubli.

Tu écoutes ces sanglots. Ils Te parlent d’une traversée tumultueuse et d’un errement épuisant.

Je m’assoie dans l’obscurité de la nuit. Quelle joie de Te rencontrer ! Le temps s’arrête quand Tu es là, à attendre de pardonner à celui qui se manifeste, qui T’implore.

Je jouis de Ton assistance durant toute la journée… Je sens Ton soutien et Ta bienfaisance. Jeûner, se transcender et pouvoir toucher de son âme, les étoiles. Voyager de ses souffles dans la création et vivre la compagnie de Dieu, dans ces mains qui se lèvent de nuit en nuit, implorant Ta miséricorde, dans ces unités de prières qui te prouvent à quel point je suis pauvre et Tu es le Plus Riche, de ces dons insignifiants qui purifient mon intérieur et m’éloignent des sollicitations de mon ego, de cette lecture de Ta parole qui refait naître mon cœur à chaque lettre…

Je suis reconnaissante pour ce que Tu me permets de faire, pour me montrer le chemin de Ta rencontre, pour me mener vers Toi sans cesse.

2 commentaires

  1. Salam Aleykoum

    Je ne peux que dire merci pour cette magnifique rubrique et toute ma gratitude à Dieu pour lire ces lignes qui font tellement de bien.

    Etre dans la gratitude… durant et hors Ramadan, merci pour ce rappel.

    L’idée du journal de gratitude fera sûrement son chemin et sa place ici 😉

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