Féminin et Masculin: De la différence à la complémentarité

Notre société actuelle est atteinte de déséquilibres. Elle est malade d’un déséquilibre entre les polarités masculine et féminine.

Trop de rationalité, pas assez de délicatesse. Trop de guerre, pas assez de fluidité et de douceur… Nous sommes malades de la déformation de l’amour entre les hommes et les femmes. Nous sommes altérés par la peur de l’amour et des femmes, du désarroi et de la solitude, et cette peur est essentiellement masculine.

Les hommes et les femmes, quoi qu’on en dise, sont différents dans beaucoup d’aspects de leur être et complémentaires en de nombreuses façons. Être homme, être femme sont deux manières d’être au monde, et c’est tant mieux ! Les différences sont bien-sûr évidentes, Dieu, exalté soit-Il, nous dit dans le Saint Coran « le masculin est différent du féminin »(verset 36, sourate Al Imrane). Ces différences sont présentes aussi bien au niveau physique que spirituel.

Quel est l’intérêt de connaître et d’accepter ces différences ? Et pour contredire un certain « best-seller », l’homme ne vient pas de Mars et la femme de Vénus, les deux sont Terriens, après avoir été tous deux créatures du Paradis…

À quoi peuvent bien nous servir la reconnaissance et l’acceptation de ces différences ?

Cette connaissance et surtout l’acceptation des différences pourraient peut-être nous faciliter l’harmonie conjugale et professionnelle. Et concrétiser véritablement cette « Wilaya » entre les croyants et les croyantes énoncée dans le Saint Coran (S Anfal, v 71 à 75).

« Wilaya », Entente, Harmonie, Alliance, Symbiose entre les 2 sexes ; voilà des termes très en vogue mais que signifient-ils réellement dans notre vie de tous les jours ? De quelle manière essayons-nous de les vivre ne serait-ce que dans notre rapport à nous-mêmes ? Les valeurs féminines et masculines sont présentes aussi bien dans l’homme que dans la femme. Un homme sera d’autant plus viril qu’il aura le courage de laisser tomber son masque de toute-puissance et d’insensibilité pour oser témoigner de sa fragilité.

Une femme sera d’autant plus féminine qu’elle osera se réconcilier avec son exceptionnelle énergie créatrice et qu’elle osera enfin assumer son véritable rôle d’initiatrice. Mais pour cela il faudrait que les femmes prennent conscience que si elles sont différentes des hommes c’est pour agir différemment et non pas pour être ou vouloir être comme eux. Cette soi-disant faiblesse et cette souplesse que précisément les femmes doivent avoir le courage de garder dans la non-violence, c’est celle du prophète Mohammed (paix et salut sur lui) et celle du prophète Issa (paix et salut sur lui). Ils furent tous deux les premiers défenseurs des femmes et des valeurs féminines. De celles qui influent bénéfiquement. Notre monde a besoin d’être en contact avec ces valeurs féminines de tendresse secourable, attentive, de l’amour inconditionnel, l’amour dans la maternité.

Ainsi cette Alliance ne pourra engendrer que la richesse, celle de l’union de ces différences qui sera le gage de la complémentarité entre un homme et une femme. La femme n’a aucun avenir sans l’homme d’autant que l’homme n’a aucun avenir sans la femme ; d’où la nécessité d’apprendre à collaborer et non à prouver lequel des deux est le ou la coupable de ce qui va mal dans le monde.

Alors comment concrétiser cette alliance ?

Nous pouvons éprouver de l’aspiration pour la différence et nous compléter grâce à ces différences. A chacun son lot de spécificités sans pour autant les exagérer au détriment des uns ou des autres. Et comme l’affirme la psycho-sociologue, Gabrielle Rolland « Jouer sur la différence, c’est accepter l’autre, mais c’est aussi s’accepter dans sa spécificité ». La masculinité exacerbée n’est pas uniquement un danger pour les femmes et les enfants mais aussi pour les relations entre hommes qui s’affrontent quand ils ne partagent pas les mêmes buts et intérêts. Une féminité exacerbée pourrait transformer chaque situation en cellule anti-crise permanente.

La concrétisation de cette alliance pourrait s’exprimer par exemple de la manière suivante pour les femmes : elles pourraient cesser de croire que l’homme veut toujours tout contrôler ou avoir le dernier mot, si elles prenaient conscience que l’homme veut tout simplement savoir qui dirige la situation à l’instant précis, afin de mieux utiliser son temps et son énergie : prendre le leadership ou se mettre au service de l’autre. C’est ce qu’on peut appeler une des caractéristiques multiples de « al QIWAMA ».

Et pour les hommes ce serait par exemple de cesser de croire que les femmes compliquent tout ou critiquent tout le temps, s’ils comprenaient vraiment que les femmes recherchent à la fois relation, intensité, communication et collaboration. C’est pour cela qu’elles veulent savoir ce qu’ils veulent ou ce qu’ils ressentent et qu’elles leur expriment leurs sentiments, c’est en quelque sorte l’expression des caractéristiques multiples de « al HAFIDHIYA ».

Construire et vivre une relation

De la naissance à la mort, c’est dans notre contact avec autrui que nous testons nos capacités à aimer, à comprendre et supporter ; et notre personnalité a sur les autres un effet similaire. « Vivre une relation c’est accepter de se relier à un être particulier, nous dit J.Salomé, pour faire alliance avec lui en vue de la mise en œuvre d’un projet de vie en commun ». Chacun de nous manque des perfections et des capacités du sexe opposé. Et en chaque être humain cohabite une part féminine et une part masculine, l’une n’est pas en soi meilleure que l’autre mais dans le cadre d’un couple il vaut mieux qu’elles s’équilibrent. Dieu n’a-t-Il pas dit « Nous vous avons créés d’une seule âme …».

Nous portons en nous une représentation plus ou moins claire du partenaire idéal. Il y a cette disposition innée dans l’inconscient à produire une telle représentation. Le psychologue C.Jung a donné le nom d’archétype à de telles tendances universelles.

Nous avons toujours besoin du regard d’autrui comme d’un miroir qui nous renvoie une image, nous conforte sur notre valeur, nous apporte l’inexprimable sensation d’être aimé ou nous rejette dans notre froide solitude, et en tant que professionnelle de l’écoute je constate à chaque fois que toute problématique individuelle fait appel à la relation.

Nous sommes et faisons tous partie d’un Tout. Trouver son équilibre, être heureux dans cette vie et dans l’au-delà dépend de notre capacité à nous intégrer harmonieusement dans ce Tout, afin de faire mentir Jean-Paul Sartre et son fameux « l’enfer c’est les autres ».

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