Quand le couple bat de l’aile…

Des années durant, et cela ne fait que progresser, nous assistons à l’éclatement du couple et de la famille. Les statistiques nous démontrent sans équivoque ce fait bien réel. Il est estimé en France qu’un mariage sur trois se solde par un divorce. Il est très facile de ne pas vivre de conflits et de manifester une grande sérénité lorsque l’ont vit … seul dans une grotte ! Il en va autrement quand il s’agit de vivre avec ses semblables et plus particulièrement son conjoint.

Comment expliquer ce nombre grandissant de séparations et de divorces ? Les nouvelles générations seraient-elles plus égocentriques ou moins tolérantes que les anciennes ? La colère, les frustrations, les blessures, les accusations, les agressions, font partie de la réalité quotidienne … Qui est le bourreau, la victime ?

Quand on a tout essayé, que reste-t-il ? Partir ou continuer ? Quand on décide de divorcer, qu’il soit assumé ou subi un divorce n’est jamais facile. C’est un événement qui bouleverse notre vie entière, aussi bien au niveau matériel, physique, psychologique que spirituel. C’est l’acte licite le plus détestable auprès de Dieu.
Il remet en cause les fondations d’une vie de couple, une vie à deux qui s’achève. Il ouvre une phase de turbulences et de perturbations qui peut être déstabilisante.

Comment en parler ?

Témoigner de son histoire, de son ressenti, c’est casser un tabou qui a encore malheureusement la vie dure dans notre société.
Notre vie terrestre est une continuelle bataille et ce n’est pas facile ! Tout avec nous-mêmes et raison de plus avec son conjoint. Dieu n’a-t-Il pas dit « qu’Il a créé l’être humain dans une vie de lutte ! » (sourate al Balad).

A chacun son histoire, son éducation, son vécu et j’ajouterai ses aspirations. Parfois le besoin de se réaliser et de se différencier de l’autre apparaît. Or cette tentative de l’un peut être perçue comme un abandon par l’autre. Pour ce dernier, la différence n’est pas un enrichissement mais une séparation, donc un conflit : «Si tu n’es pas avec moi, tu es contre moi». Voilà comment apparaissent les difficultés relationnelles.

Comment faire le deuil de son mariage, le deuil de la relation que l’on a imaginée, espérée avec son conjoint ? Parce qu’à un moment donné quand on souffre dans la relation, que l’on se sent perdre son identité, perdre son espace, il faut savoir arrêter une histoire. La question à se poser est en regard d’un choix : vivre ou survivre, avancer ou stagner.

Il y a des personnes pour qui le divorce a été libérateur, cela leur révèle leur propre capacité à décider, à refuser ce qu’elles ne veulent pas, même si elles ne savent pas encore, consciemment, ce qu’elles souhaitent au plus profond d’elles-mêmes.
Pour d’autres ce sera le besoin de se donner le temps de souffrir. Le premier réflexe sera de vouloir oublier, occuper son esprit à autre chose, car y penser fait mal, angoisse ; et le danger c’est quand on fuit son chagrin, sachant qu’il ne tarde jamais à vous rattraper, alors autant lui donner sa part en pleine conscience, afin de réparer ce qu’il y a à réparer, d’évoluer et de s’améliorer dans une nouvelle relation épanouissante.

Grandir implique des risques à prendre, des craintes à surmonter, des souffrances à dépasser.

Refuser de divorcer pour préserver ses enfants : est-ce la bonne solution ?

Il n’y a pas de réponse toute faite, chaque cas est particulier. Et cette douloureuse interrogation repose sur une double problématique :

  • un désir profond de protéger ses enfants
  • la nécessité de se séparer.

Quand il y a des enfants, il est vrai que la rupture entraîne de grands changements familiaux. Le divorce des parents est toujours vécu, au départ, comme une épreuve douloureuse par l’enfant. Tout d’abord rassurer encore et encore sur l’amour que les parents portent à leurs enfants même s’ils sont séparés. Leur répéter qu’ils n’ont aucune responsabilité dans leur divorce/séparation, et qu’ils peuvent se comporter «en enfant » sans craindre de perdre l’un des deux parents. C’est aussi les accompagner, communiquer avec eux de ce que vous ressentez sans accuser l’autre. C’est leur donner l’occasion, d’une part, de mesurer la place qu’ils occupent pour leurs parents, c’est leur assurer qu’ils comptent. Et d’autre part leur apprendre que la séparation n’est pas une catastrophe irrémédiable, qu’après l’orage il y a le beau temps.

C’est le couple conjugal qui se sépare, pas le couple parental. Et il est aussi nécessaire de leur donner le droit de poser des questions et d’en parler, s’ils en ont besoin, avec des amis de la famille et même en dehors du cercle familial. Le divorce n’est pas un secret honteux.

Quand les enfants témoignent d’une souffrance vécue face à des parents qui ne se séparent pas, qui ne se parlent plus, ne se regardent plus : certains enfants devenus adultes aujourd’hui auraient préféré voir leurs parents séparés plutôt que de vivre l’angoisse du silence (absence d’échanges) ou des disputes incessantes.
Les témoignages d’enfants que je reçois sont édifiants en ce sens et sur la probable culpabilité qu’ils peuvent porter. Très réceptifs à ce climat de tension, certains tentent même de les réconcilier et se sentent investis par cette mission de réconciliation.

Pour conclure

Pour se maintenir un couple doit changer, évoluer, se transformer, élargir ses horizons, approfondir ses modes de communication. Cela demande parfois du courage, de se remettre en question et de redéfinir sa relation avec l’autre. Un couple qui dure est un couple qui accepte les différences et qui transforme la situation de façon à être de nouveau satisfait. Acceptez l’idée que vous n’êtes responsable que de votre « extrémité de la relation », invitez l’autre à être responsable de la sienne.

Vouloir changer l’autre, c’est difficile. Mais on peut le faire évoluer en se comportant soi-même différemment. Beaucoup de personnes me demandent : « comment faire pour arriver au même niveau spirituel avec son conjoint, quand ce dernier est négatif à tout sujet qui traite de l’évolution ? L’humilité, constitue une bonne approche. C’est sur soi qu’il faut travailler et non sur l’autre. Le lien conjugal est un projet qui comme tous les projets de notre vie doit être un champ pour la Vie Dernière. Dieu nous dit : « Je ne changerai rien en un peuple, tant qu’il n’aura rien changé en lui-même. »

J’aimerais rajouter qu’un divorce ne doit pas se vivre comme un échec

  • exprimez vos émotions, ne les refoulez pas, elles vous amèneront à de nouvelles prises de conscience.
  • Ne culpabilisez pas, car la culpabilité est mauvaise conseillère.
  • Et enfin profitez de cette épreuve pour en tirer les enseignements, ce qu’elle vous apprend sur vous-même, ce qu’elle a mis en valeur par ailleurs.

Notre vie ici-bas n’est qu’un examen de passage. Puissiez-vous trouver la Paix !

4 commentaires

  1. Qu\’Allah nous protège de tout mal,

    La mariage est un pacte très très solide, c\’est à la fois beaucoup de bonheur, mais quelques tensions quotidiennes,

    A nous de se cultiver, d\’apprendre notre Religion pour avoir toutes les clefs d\’un mariage réussi et Eternel.

    Beaucoup de mariage rate, aussi parce que nous sommes ignorants, et nous ne connaissons pas nos droits, nos devoirs, nous n\’avons pas un comportement exemplaires.

    A nous de faire revivre la Sunnah du Prophète (PBDL) au sein de notre couple, à deux, et de serrer main forte pour travailler ensemble pour notre Vie d\’Ici às et de l\’Au delà…

    Allahu a\’lam

    Salam alikoum

  2. merci pour tous ces articles .
    malheureusemnt les musulmans arabes sont trops eloignés de leur sounna et des dictees du prophete.
    il faut toujours qu\’on se rappelle de notre religion et de la vie du prophete s3s de son comprtement avec ses ami ses femmes ses enfants… et tous ce qui peut nous aider pour les rejoindre dans le paradis .

  3. J’ai rencontré un homme musulman de 56 ans, je suis Suissesse catholique et suis plus âgée, cet homme est divorcé, il a un enfant, je vis seule, il est sincère, calme et humble, j’ai parfois des difficultés à m’exprimer lors de désaccord, facilement il prétend que je le provoque, ce que je ne peux comprendre lorsque je ne suis pas d’accord avec lui.
    Nous sommes très attachés l’un à l’autre, et suis sûr de notre lien affectif, pour moi c’est une révélation !

    Notre éducation et origine sont très différentes, en tant que femme européenne j’ai dû m’assumer seule et m’affirmer, lorsque je suis en sa présence, parfois j’ai de la peine à trouver toute l’humilité qu’il conviendrait, je dois chercher le mode relationnel entre nos deux origines et religions.

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