Une assise en compagnie du Prophète

C’est du vendredi 21 au samedi 22 octobre 2022 après la prière du coucher du soleil que se sont retrouvées plus d’une trentaine de croyantes autour de la thématique « l’amour du Prophète, paix et salut de Dieu sur lui » dans la ville de Lille.

Nous trouvant dans le mois qui a vu naître la meilleure des créatures que la terre ait portée, le thème sur l’amour du Prophète, paix et salut sur lui, était tout trouvé. 

Nous reçûmes plusieurs jours avant cette rencontre l’invitation, mais également un tableau de présence, de répartition des tâches et aussi de participation à la clôture collective du Saint Coran.

Cette station spirituelle que nous nous apprêtions à vivre se découpait en deux temps : la nassiha, assise dite du bon conseil (1), et le ribat, retraite spirituelle (2) dans laquelle chacune d’entre nous pouvait faire une parenthèse dans sa vie pour se recentrer sur ce qui était vraiment essentiel. 

La vie de ce bas-monde nous fait oublier le sens de notre existence et le but de notre passage sur cette terre. S’arrêter dans le jardin de nassiha et dans les plaines verdoyantes du ribat, c’était ouvrir à nouveau son cœur à ce qu’il avait de plus précieux, c’était se souvenir du pacte jadis passé entre nous et le Seigneur des mondes lorsque nous avions à l’unisson reconnu qu’Il était seul digne d’être adoré. 

Les croyantes arrivèrent petit à petit le vendredi soir, dès 19h30. Toutes laissaient derrière elles : foyer, enfants, mari et occupations pour tourner leur cœur vers un seul objectif : l’Amour et la Proximité de Dieu. 

Notre sœur, chez qui nous allions passer et vivre cette station d’élévation spirituelle, nous accueillit avec un sourire chaleureux, nous montra le lieu à rejoindre pour passer ensemble une veillée et une journée entière dans Son Rappel, les traditions de Son noble messager et dans l’amour fraternel que nous nous portons mutuellement.

Je ne sais si les mots existent, quelle que soit la langue, pour exprimer la sérénité qui se dégage de ces moments, de même que l’incroyable sensation de légèreté, de repos du cœur et de désinvolture face aux soucis que l’on peut rencontrer dans nos vies, lorsque nous franchissons le pas de la porte pour se diriger vers Sa Porte !

Ce retour vers Lui avec les sens terrestres ouvre au retour vers Lui par le repentir et prépare à notre départ vers la vie dernière. Tout est fait dans notre quotidien pour nous faire oublier que notre vie n’est que jours comptés, que le temps passe et qu’inévitablement, nous nous dirigeons tous vers une demeure ultime d’où on ne revient jamais !

Les compagnons et les pieux qui nous ont précédés dans la foi ont compris cet enjeu majeur. La conscience de la gravité de la situation à venir au moment des comptes devant notre Seigneur les poussait à se détacher de ce bas-monde pour construire leur part dans la dernière demeure.

C’est ce qui réunissait ces dizaines de croyantes ce week-end-là : gagner en certitude et en foi, se couper de tout ce qui n’est pas Lui (exalté soit Son nom) pour ne rechercher que Sa Proximité. 

Quelques sacrifices dans nos vies qui en réalité n’en sont pas vraiment. On se nourrissait du Rappel de Dieu, des traditions prophétiques, des séances d’évocation, des instants d’invocations, des prières en commun, des échanges productifs, tout cela dans un état de jeûne. Ces moments étaient hors du temps ! 

Nous nous sommes assises ensemble à la « table » de Dieu pour savourer le festin des pieux. Nous nous sommes souvenues ensemble de la plus noble des créatures que Dieu ait envoyée sur terre pour nous sortir des ténèbres et de l’obscurité vers la lumière et la clarté.

Comment aimer notre noble Prophète, paix et salut sur lui ? 

Comment était l’amour des compagnons envers lui ?

Comment était l’amour du messager de Dieu pour son prochain ?

Tant de questions furent posées, la parole fut prise à tour de rôle pour éclairer ces questionnements, essayer de trouver quelques pistes de réponses et se conseiller, afin de se motiver pour devenir meilleures qu’hier et ne jamais flancher sur ce chemin long et parfois compliqué vers l’excellence et les sommets.

L’âme de notre bien-aimé Prophète, que Dieu l’enveloppe de Sa grâce et de Sa paix, nous accompagna tout au long de ce voyage en quête et à la redécouverte de son amour, à travers nos prières incessantes sur lui.

Sa mention et sa présence dans nos cœurs ont illuminé notre rencontre d’une douce lumière et nous ont imprégnées d’un parfum subtil, la lumière et le parfum de l’Élu et de l’Aimé de Dieu. Et chacune a emporté avec elle, à son retour auprès des siens, une part de cette lueur et les effluves de ce parfum, espérant raviver en elle et répandre autour d’elle cet amour dans lequel elle s’est immergée tout entière le temps d’une parenthèse, l’amour du sceau des prophètes, du plus aimé des envoyés, paix et salut sur lui.

(1)    Dans PSM (Participation et Spiritualité Musulmanes), l’essence de l’assise de nassiha se base sur le Hadith du Prophète (BDSL) qui dit : « La religion, c’est le bon conseil « an-nassiha » Nous dîmes : « Envers qui ? » Il dit : « Envers Dieu, Son Livre, Son Messager, les dirigeants des musulmans et l’ensemble de la communauté musulmane » » (rapporté par Mouslim). Nassiha (le conseil) n’est pas un souci individuel, mais collectif : On s’abreuve, on se nourrit au sein cette assise pour en sortir plus fort, pour participer, agir… C’est s’approvisionner pour mieux donner.

(2)   Dans la pensée de PSM, le Ribat rappelle le Hadith du Prophète (BDSL) qui dit « Voulez- vous que je vous indique ce qui absout les péchés et élève en degrés ? » Oui ! « C’est répondit-il, faire ses ablutions avec soin, même dans les conditions difficiles (fatigue …), se rendre fréquemment à la mosquée et attendre la prière (Salat) à venir après celle déjà accomplie. Tel est le ribat, tel est le ribat » (Mouslim). Rester en adoration, en état d’ablution et de prière pendant quelques jours afin de se retrouver aux portes de Dieu. Quelques jours pour Dieu dans un quotidien chargé, afin de se souvenir de notre but ici sur terre. Le Ribat est un moyen d’éduquer son égo avec ses frères et sœurs. Un moyen de revenir à l’essentiel en prenant conscience de tous nos défauts, tous nos manquements, toutes nos faiblesses.