Quel personnage chutera dans cette tragédie syrienne ?

Alep brûle et nous sommes impuissants alors que les puissants brûlent leur dernière cartouche. La Turquie et la Russie se sont mises d’accord pour un cessez-le feu. C’est la vie de la Realpolitik (1) où des pays à l’amitié récente décident de la destinée d’une Ville brisée.

Les relations géopolitiques sont à l’image d’une tragédie grecque où la conclusion ne peut être qu’une « chute » tragique d’un des personnages.

Poutine est désigné par le magazine Forbes comme l’homme le plus puissant au monde. Il avance sur l’échiquier syrien où chaque déplacement de son fou (Bashar) vient augmenter le nombre de morts innocents, et ses cavaliers (les milices iraniennes, libanaises et irakiennes) finissent le travail.

C’est une réussite pour lui lorsque les chancelleries européennes et américaines ont échoué à trouver une fin politique à la guerre en Syrie.

Erdogan résiste aux secousses politiques et s’affirme comme un acteur régional incontournable.

Trump arrive et nul ne sait quelle politique il mènera.

Quel personnage chutera dans cette tragédie syrienne ?

Malheureusement, des centaines de milliers ont péri, se sont exilés. La Ville d’Alep a été sacrifiée sur l’autel de la Realpolitik. Et nous restons impuissants. Même si c’est une victoire pour « l’homme le plus puissant au monde » et avec un régime syrien consolidé, le pays est détruit. Les infrastructures, le système de santé, éducatif et l’activité économique n’existent plus.

D’aucuns citent le scénario de Grozny en Tchétchénie pour faire écho à la situation à Alep. C’est en partie vrai. La Ville martyr d’Alep est détruite tout comme l’a été Grozny. Mais cette dernière a été entièrement reconstruite. Or la Russie n’a plus les moyens pour financer la reconstruction qui pourrait durer 30 ans si tout s’arrêtait aujourd’hui.

Ni la Russie, ni l’Iran ne pourront soutenir le régime à long terme.

Quel personnage chutera ? Ou comme le dit le petit-fils du grand intellectuel syrien Abd Al Rahman Al Kawakibi, auteur du célèbre livre Du despotisme :

«Il n’y a aucun vainqueur dans cette tuerie. Tous les Syriens ont perdu et continueront à perdre s’ils n’arrivent pas à en finir avec la tyrannie dans ses différentes versions, politique et religieuse».

(1)Realpolitik : mot allemand signifiant “politique réaliste”. Une “Realpolitik” est une stratégie politique fondée, non pas sur des a priori idéologiques ou des jugements de valeurs, mais sur l’importance économique ou géopolitique des interlocuteurs. Une “realpolitik” privilégie l’efficacité, le concret et le réalismepar rapport aux considérations de principe, d’éthique ou de morale. Elle évalue donc les rapports de force en présence et recherche avant tout l’intérêt national.

 

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