Culte et culture

Face à ce sujet, il semble évident que religion et culture sont deux choses différentes, et pourtant ! Il y a une multitude d’exemples qui montrent que la frontière entre ces deux concepts est pour le moins poreuse.

Dans le contexte européen, sans s’en apercevoir, lorsque l’on s’approprie l’Islam dans ses différentes facettes, l’on s’approprie souvent sans le vouloir des traits culturels propres aux pays d’où peuvent être originaires les personnes qui nous enseignent ses principes. L’exemple des nouveaux musulmans (convertis) est souvent le plus marquant. En effet, il n’est pas rare d’entendre dans leurs bouches des expressions typiques d’autres cultures ; on peut également observer un changement dans la façon de se nourrir ou de se vêtir, de penser et de se comporter. Dans ce métissage, on va absorber les qualités mais aussi les défauts. Certains penseront aussi que tout ce qui est musulman est bon et que ce qui vient de l’occident ou des non musulmans ne l’est pas, « il n’y a qu’à appliquer la sunnah et le coran ». Ce n’est souvent qu’après un long cheminement et l’acquisition de la science, qu’il ou elle réussira à faire la part des choses entre le cultuel et le culturel.

D’autres, faisant l’expérience d’un renouveau spirituel, rejettent brusquement le berceau culturel qui les a vus naître. Cela provoque généralement l’incompréhension de l’entourage proche ainsi que de la société, voire même du mépris.

Ainsi la confusion entre le culturel et le cultuel peut mener à des conséquences fâcheuses. Les valeurs de l’Islam sont universelles et intemporelles, donc susceptibles d’être acceptées par tout un chacun quelles que soient sa culture et son époque. Si on y mêle alors des traits culturels qui sont eux propres à un contexte spatial et temporel, cela peut créer des tensions, pour peu que l’esprit d’ouverture et de tolérance ne soit pas au rendez-vous.

Il nous incombe alors d’arborer les principes de l’Islam avec sagesse, en adoptant la culture dans laquelle nous vivons dans ce qu’elle ne contredit pas les principes de Dieu. Ainsi, dans notre contexte, pour vivre en phase avec notre société, en tant que musulmans fiers de nos valeurs et prônant la participation citoyenne, il est important de faire sienne la culture française. De nouveaux défis et questionnements se posent alors.

En conclusion, l’acquisition d’un savoir religieux reste encore le meilleur moyen de distinguer les habitudes culturelles des bons usages de l’Islam. Quant à l’implication de chacun dans la culture française, elle est un enjeu majeur pour les générations musulmanes présentes et à venir dans l’Hexagone !

4 commentaires

  1. Au cours de l’existence de l’Islam, différents peuples avec des cultures et des civilisations différentes et anciennes (Les perses, les égyptiens, les berbères, les turques, les chinois, les européen de l’est, ….) se sont convertis à l’islam. Certains ont contribué à la civilisation musulmanes et l’ont marqué par leur cultures (Styles architecturaux, arts culinaires, musiques, techniques de combats, …). Aux “convertis” de transmettre leur culture par le biais de l’entente et de l’amour, et faire jaillir des styles originaux fidèles à la Révélation qui témoigneront de leur appartenance et contribution à l’histoire de cette communauté bénie. Cette même appartenance leur apportera une richesse spirituelle dont il ne pourront se passer.

  2. (suite…)
    Par ailleurs je crois que les musulmans de divers origines en France se sont pas mal imprégnés de la culture française “Halal” (la fourchette, le gratin, le fromage, la langue, la musique, …). Au point que plusieurs ont glissé dans une conception assez matérialiste de la vie.

  3. Comme le disait Mme Cenier, un tri sélectif doit s’opérer afin de purifier certains aspects culturels sans pour autant les détruire. Comme le soulignait également le dernier contributeur à cette discussion, certains ont adopté les traits culturels locaux comme tels au point même de negliger certains aspects spirituels dont ils devraient avoir hérité culturellement. C’est bien sur ce dernier point qu’il semble y avoir méprise: il ne s’agit pas d’abandonner tout ce qui peut être une richesse, y compris spirituellement parlant, de la culture dont on a hérité pour adopter aveuglément tout aspect de la culture locale nouvellement rencontrée. Il ne s’agit pas non plus de s’enfermer dans un nostalgisme culturel qui voudrait angeliser aveuglément tous les aspects de la culture héritée et diaboliser dans le même temps tous les aspects de la culture nouvellement rencontrée. Je pense qu’il faut essayer de tirer profit du meilleur que chacune d’entre elles peut nous apporter mais pas seulement. Je pense aussi, à l’image de ce qu’expliquait très bien Mme Cenier, que si on envisage un enracinement durable de l’Islam au sein du paysage culturel local (français en l’occurence ici, mais le principe peut valoir ailleurs) il est indispensable qu’une fois après avoir exploré les différents aspects de la culture nouvellement rencontrée, un tri doit s’opérer et de nouvelles solutions doivent être inventés afin que les différents aspects culturels locaux identifiés comme étant non conformes spirituellement parlant, puissent être purifiés sans pour autant être denatures (Ex: vins de terroir desalcoolise, recette culinaire locale dont la viande porcine serait remplacée par une autre plus conforme spirituellement parlant présentant des caractéristiques gustatives proches ou simmilaires etc, etc, etc…). Je prend la gastronomie pour exemple mais évidemment tous les aspects culturels sont concernés. On pourrait parler de la langue à qui on se plaît souvent à lui faire un bien mauvais procès alors que celle-ci, même si elle hérite d’une certaine histoire, est encore vivante et peut donc encore s’enrichir de nouveaux concepts, de néologismes là où les mots existants atteignent leurs limites etc, etc, etc… Pour se faire, il semble évident que la culture en question doit être préalablement rencontrée, visitée, explorée de façon approfondie (qui sait, peut être que celle-ci réserve quelques surprises agréables insoupçonnées…) L’enjeu du défi est immense, s’il est relevé correctement et intelligemment, il permettra de mettre au placard les vieilles polemiques stériles voire contre prodictives qui voudraient que la Divino-soumission soit incompatible avec la culture locale et que cette première ne soit finalement destinée qu’à certains peuples, certaines cultures et pas à d’autres etc… D’ailleurs, à la lecture Coranique qui affirme le total contraire de cette pensée confiscatoire et reductrice, on peut se demander si contribuer à faire perdurer une telle aberration ne participe pas quelque part à une forme de blasphème en soit. Dieu Sait Mieux.

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