Le Hijab, la politique et le capital

Encore une fois, sur la « mode islamique », le Capital, par le biais des grandes marques, prend le devant. Plusieurs centaines de milliards de dollars sont en jeu avant la fin de la décennie. De quoi justifier quelques dommages psychiques, éprouver certaines certitudes et donner des remords aux indécis. Dans sa course, il fauche une société civile déboussolée qui ne lui voue toujours pas un culte exclusif et total. Les débats s’enflamment mais ni l’aspect idéologique, ni l’aspect anthropologique n’y sont décisifs.

Comment ce Capital  ne prendrait-il pas le dessus? Son pouvoir perpétuel lui autorise des stratégies de longue haleine alors que celui des politiciens, soumis à l’alternance démocratique, les tient en haleine assujettis à des échéances à couper le souffle. Plus encore, le pouvoir du Capital transcende la sphère idéelle. Il s’accroche au plus profond de l’être par le biais de la passion des biens de la vie que chacun porte en lui.

Est-ce dire, tel un royaliste, que le pouvoir politique doit demeurer dans les mêmes mains plus longtemps ? Non ! Disons simplement que nous avons de nouveaux rois. Dans leur carnet de commandes, les origines, les couleurs et les cultures se valent. Le politicien, au passage, devient un acteur comme les autres sous la nouvelle coupole dorée, aussi belle qu’imposante, du Capital. Il tente de tirer profit des conditions créées par celui-ci. Son positionnement importe peu dans le cours des choses mais il lui permet de faire une carrière.

Pour avancer, le Capital désessentialise ses alliés traditionnels s’il les trouve trop monolithiques et encombrants pour ses manœuvres profitables. « La » liberté devient alors liberté « s », La mode devient les modes, La souveraineté devient partielle et l’émancipation plurielle. En même temps, les marché « s » deviennent « Le » marché et les monnaies deviennent La monnaie.

La frustration de celles et ceux qui croient à un seul modèle de progrès et d’émancipation est palpable. Se rendent-ils compte toutefois que leur modèle fut construit au grè du même Capital et en sa faveur. Simplement, fort de son parcours, celui-ci se lance aujourd’hui à la rencontre de nouvelles populations et séduit de nouvelles émules acquises à ses dogmes consuméristes. Le Hijab deviendrait par ce parrainage capitaliste un vêtement comme les autres, et son achat, un hommage rendu au Capital. Il ne serait plus un acte d’obéissance à Dieu opposé à la dignité humaine.

Coté musulmans qu’en est-il ? S’agit-il de savoir s’il est permis ou pas d’acheter un hijab de marque ? La réponse est oui. Mais l’islam est-il juste une condition anthropologique particulière qui cherche à être reconnue et valorisée ? Auquel cas nous nous réjouirons que les grandes marques proposent des vêtements « islamiques ». Serait-on plus musulman si on « halalise » toutes les jouissances et tous les privilèges ? Est-ce le sens qui mène au modèle du Prophète, paix et salut sur lui.

Les règles quelles qu’elles soient, même religieuses, demeurent perméables à l’amour de la vie ici-bas. Sauf si l’on nourrit une volonté permanente de s’en libérer. « Parmi vous, il y a ceux qui veulent (les biens) la vie ici-bas et ceux qui veulent (les biens) de la vie dernière », dit Dieu, Exalté, dans le Coran en S’adressant aux compagnons présents à Uhud autour de Son Messager, paix sur lui.

 

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