Un hôtelier messin met son trois-étoiles à la disposition des sans-abri

Il y a deux ans, Hatim Achikhan a repris l’hôtel Alérion, à Metz. Un beau projet, avant qu’une pandémie ne le frappe de plein fouet. De son côté, Émilie a perdu pied et son appartement après avoir affronté mille problèmes. Les deux survivants ont le 115 en commun.

La chambre d’une vingtaine de mètres carrés, plutôt coquette, propre et lumineuse avec ses deux baies vitrées, offre une vue imprenable sur la gare de Metz. « En ce moment, avec les éclairages de Noël sur la façade, c’est magnifique, raconte Émilie. J’ai passé ici, dans une chambre identique, de très bons moments. Et je n’oublierai jamais la façon dont j’ai été accueillie. Pas comme une sans-abri, une envoyée du 115, mais comme une vraie cliente débarquant dans un hôtel trois étoiles ! Et cela, ça n’a pas de prix quand vous n’avez plus rien. Ce regard des autres, vous savez, il est lourd à chaque fois ».

Un passage à vide

La jeune femme se tourne vers son voisin pour lui décocher un sourire caché par son masque, mais trahi par ses yeux clairs. Hatim Achikhan est le patron de l’hôtel Alérion, à Metz. Ces deux-là sont devenus amis, deux complices que des destins, compliqués un peu plus encore par la pandémie, ont réunis. La trentenaire vit un passage à vide plutôt violent. La maladie, la perte soudaine des parents, un emploi perdu et des loyers impayés ont tout dévasté dans son existence. « J’ai totalement dévissé. J’ai fait un burn-out et tout m’a échappé. Mon mari et moi avons été visés par un arrêté d’expulsion de notre appartement et on s’est retrouvés à Metz. »

« Tous dans le même bateau »

Nous sommes alors fin juin. « Un membre de la famille nous a hébergés quelque temps, mais c’était compliqué. Un jour, j’ai fait le 115. Nous ne pouvions pas rester à la rue… » Le dispositif fonctionne, le couple est orienté vers l’hôtel Alérion, rue Gambetta, face à la gare. Émilie ne le sait pas encore, mais du côté du patron de ce trois-étoiles ouvert au début du siècle dernier, la situation n’est pas rose non plus. « Nous avons eu le premier confinement en mars. Puis nous avons eu le droit de rouvrir, mais plus rien n’est allé correctement, raconte Hatim Achikhan. J’ai ici quarante chambres et elles se sont vidées ! Il fallait faire quelque chose. L’histoire d’Émilie n’est pas si différente que la mienne. Au fond, nous sommes tous dans le même bateau ! »

Bientôt un nouveau départ

Le patron de l’Alérion appelle lui aussi le 115, dès la rentrée, pour proposer ses chambres aux personnes qui manquent d’un toit. « Je suis passé par l’association Est-Accompagnement, une convention a été signée et les premières personnes sont arrivées dès fin octobre. Une chambre occupée, puis trois… Aujourd’hui, une quinzaine. C’était important de relancer la machine. » Émilie a pu vivre près de deux mois à l’hôtel. « On a veillé sur nous, gentiment, et à cette époque, c’était important » Elle a quitté les lieux il n’y a pas si longtemps, pour gagner une autre chambre, avec son mari, mise à disposition par l’association, du côté de Longeville-lès-Metz. « Nous serons bientôt relogés, mon mari et moi. Et les choses rentreront un peu dans l’ordre. C’est une promesse que nous nous faisons, car c’est la condition pour recevoir notre fils à la maison. » Les problèmes accumulés, dans la vie d’Émilie et de son époux, ont aussi rendu indispensable la prise en charge des enfants par les autorités. « Nous ne pouvions pas tout affronter quand tout a dégringolé. Heureusement, on nous a aidés »

Source
www.republicain-lorrain.fr

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