Les grands lecteurs du Coran : l’Imam Abou Amr

Il est des hommes dont la biographie n’est pas un récit banal mais plutôt une incarnation d’un modèle dont doit s’inspirer tout musulman en quête de science utile et de proximité de son Seigneur.

C’est sur la vie d’un de ces hommes qu’on va s’attarder dans les quelques lignes qui suivent, certes très insuffisantes pour bien le cerner mais que j’espère néanmoins assez incitatrices à ce qu’on creuse davantage et en profondeur sa vie dans l’espoir de réveiller en nous la flamme et l’envie de suivre son chemin. Il s’agit d’un grand parmi les sept lecteurs connus du Coran, l’Imam Abou Amr Al-Basri que Dieu l’englobe de Sa Miséricorde.

Qui est l’Imam Abou Amr ?

Il s’appelle Abou ‘Amr Ibn Al-Alâ’. Il est né à la Mecque autour de l’an 70 du calendrier hégirien et vécut principalement à Bassora. Il était un homme très pieux, d’une grande sincérité et clôturait le Coran tous les trois jours. L’Imam Abou ‘Amr Al-Basri n’en demeurait pas moins une sommité dans les sciences du Coran et un savant exceptionnel de la langue arabe aussi bien que de sa poésie. D’ailleurs, il disait : « Si on écrit dans des livres tout ce que j’ai appris dans les sciences du Coran, un seul homme ne pourra pas les porter » (1).    

Ses maîtres dans la lecture du Coran et ses transmetteurs

Ce grand Imam a lu le Coran auprès de très nombreux savants faisant partie de la deuxième génération (Tabi’înes). On peut citer parmi eux Ibn Khatir, Al-Hassan Al-Basri, Sa’id Ibn Jobair et Abou Ja’far Ibn Al-Qa’qa. Abou ‘Amr Al-Basri était aussi le lecteur ayant eu le plus de maîtres parmi les sept lecteurs.

Il était très soucieux de transmettre tout son savoir avec une grande générosité, preuve de sa sincérité et de son dévouement pour Dieu. D’ailleurs, il disait à son élève Al-Asmai : « S’il m’était possible de te transmettre tout ce que j’ai appris, je l’aurais certainement fait » (2). Il a ainsi enseigné le Coran à un large groupe de personnes dont : Abdullah Ibn Al-Mubarak, Yahya Ibn Al-Mubarak Al-Yazidi et le grand savant de la langue arabe Al-Asmai. Ses transmetteurs les plus connus sont : Ad-Dawri et As-Soussi. Néanmoins, ils n’ont pas reçu la lecture directement auprès de lui mais plutôt auprès de son disciple Yahya Ibn Al-Mubarak Al-Yazidi.

Sa position et son savoir

L’Imam Abou ‘Amr Al-Basri disait, lui qui était un grand connaisseur de la langue arabe : « Si je n’étais pas dans l’obligation de lire en me référant uniquement à ce qui m’a été transmis, alors j’aurais lu autrement telle lettre du coran » (3). Ainsi, le fait que cette grande référence de la langue arabe dise ainsi, confirme bien que la manière de lire le coran n’a pour source que la transmission et n’est pas le fruit d’un Ijtihad ou d’un effort intellectuel particulier.

Ce grand lecteur était bien connu par sa grande modestie et par son grand respect envers ses maîtres. En effet, on a rapporté qu’il a dit : « Nous ne sommes par rapport aux savants qui nous ont précédés que de petites herbes aux racines de très grands palmiers » (4). Ainsi, l’élève en quête du savoir devra toujours être doté d’un comportement empli d’humilité et de respect surtout envers ses maîtres. C’est l’une des clefs qui a permis aux grands savants de nos précédentes générations de devenir ainsi.

Al-Asmai a rapporté : « Lorsqu’Abou ‘Amr parlait, il utilisait un langage simple et donnait l’impression qu’il ne maitrisait pas grand-chose, sans pour autant qu’il ne commette des erreurs linguistiques » (5). Ainsi, il avait cette capacité de s’adapter au niveau de son interlocuteur, qualité essentielle pour toute personne cherchant à transmettre correctement son message surtout pendant notre époque dans laquelle de grands efforts sont déployés sans relâche pour déformer le message de l’Islam.

Il a quitté la vie d’ici-bas vers l’an 154 du calendrier hégirien après avoir laissé un grand héritage de science aux générations qui lui ont succédé. Abou ‘Amr Al-Assadi a rapporté : « Quand Abou ‘Amr est décédé, je suis allé présenter mes condoléances à ses enfants. Alors que j’étais chez eux, Younes Ibn Habib (élève d’Abou ‘Amr) est venu nous dire : mes condoléances à vous et à nous pour la perte d’un homme qui n’aura pas de semblable après. Par Dieu, si la science aussi bien que l’ascétisme d’Abou ‘Amr avaient été distribués à cent personnes, alors elles seraient toutes devenues à leur tour savantes et ascètes. Et si le Prophète paix et salut sur lui l’avait vu, alors il n’en aurait été que très content » (6).

(1) Ghâyat Al-Nihâya 1/264.

(2) Siyar Alam An-Nubala 6/409. 

(3) Ghâyat Al-Nihâya 1/264.

(4) Ma’rifat Al-Qurrâ’ Al-Kibâr 1/104.

(5) Al-Sabʿa Fi Al-Qiraʾat 1/83.

(6) Ghâyat Al-Nihâya 1/265. 

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