Là où les mots rassemblent les âmes

Le 5 octobre à Bruxelles, une vingtaine d’auteurs se sont réunis autour d’un même amour : celui des mots. Entre lectures, émotions et partages sincères, le salon Books Times a offert bien plus qu’un espace littéraire — un lieu où les cœurs se sont rencontrés.
Une brise fraîche, un ciel gris perle, Bruxelles s’éveille doucement. En ce 5 octobre, une vingtaine d’auteurs invités par Books Times se retrouvent, le cœur battant, animés par une même passion : la lecture et l’écriture.
La majorité vient de Belgique, d’autres de France ou en sont originaires. Une belle diversité, réunie par l’amour des mots.
Un peu plus d’une heure de route me sépare du lieu. Sur le trajet, je m’écoute. Une pause dans mon quotidien, un pas hors de la routine. Laisser un temps les obligations et les responsabilités pour aller à la rencontre de passionnés comme moi.
Imane, l’organisatrice, et toute son équipe travaillent d’arrache-pied depuis de longs mois pour offrir un événement de qualité. Je suis loin d’imaginer, à ce moment-là, à quel point il le sera.
La communauté de l’islam reçut pour première révélation : « Lis ». Un mot simple, trois lettres, capables de bouleverser une âme. La lecture et l’écriture sont des dons que Dieu, exalté soit-Il, n’a donnés qu’aux êtres humains. Aucune autre de Ses créatures n’est dotée de cette faculté, de cette grâce.
C’est dans cet esprit que Books Times met à l’honneur des temps de rencontre autour de la lecture. Ce jour-là, chacun d’entre nous trouve sa place : auteurs amateurs ou déjà bien confirmés.
Je ne connais qu’Imane, à travers les réseaux sociaux, et pourtant, j’ai le sentiment d’arriver en famille. Je me sens bien, à ma place, adoptée parmi les Belges, d’un abord si avenant, si accueillant.
Nous sommes installés selon la catégorie et l’univers de nos livres. Un excellent repas nous attend, accompagné d’un buffet à volonté. Toute l’équipe veille sur nous avec bienveillance et minutie. L’excellence jusque dans les moindres détails. Que notre Seigneur, exalté soit-Il, les récompense au-delà de leurs espérances.
Les échanges sont fluides, sincères, chaleureux. Nous sommes nombreux — et surtout nombreuses — à partager nos univers d’auteures. La poésie occupe une belle place, et très vite, les conversations s’envolent vers nos sensibilités et nos inspirations.
Quelle richesse de rencontrer de si belles âmes, capables de manier les mots avec tant de finesse ! Je découvre Souad, qui aime jouer avec les titres de ses livres et retrace l’histoire de ses parents immigrés en Belgique dans les années soixante ; Fatima, qui évoque les prophètes et les compagnons à travers des vers ; et cette autre Fatima, une mère courage qui transforme sa douleur en amour pour son fils, dans un livre bouleversant. Enfin, il y a Mariam, jeune femme douce et déterminée, qui rend hommage à sa maman victime d’un féminicide, à travers une poésie poignante.
Je suis bouleversée. Les larmes montent sans que je puisse les retenir. Ces femmes ont fait de leur douleur une force, de leur épreuve une lumière. L’écriture devient thérapie, refuge, renaissance. Chaque auteur dépose un peu de son cœur dans ses mots… et ces rencontres me touchent jusqu’à l’âme.
Nous faisons aussi la connaissance d’Imad, un jeune auteur de 19 ans, confiant et inspirant. Il a l’âge de mes enfants et pourtant, quelle maturité ! Spontanément, je l’invite à venir rencontrer les jeunes que nous accompagnons à la mosquée de Lille. Sa présence sera, j’en suis sûre, une source de motivation pour eux. Imad accepte avec enthousiasme, et sa mère, présente, se réjouit également à l’idée de venir.
Cette journée avait pour objectif de faire connaître nos ouvrages. Pourtant, nous repartons avec bien plus : une richesse qui ne s’achète pas. Les sourires partagés, les conseils échangés, les larmes versées sur quelques poèmes, les rires qui apaisent les peines, les accolades qui réchauffent les cœurs… Les histoires de chacun résonnent, les passions se répondent. Existe-t-il plus riche que celui qui possède tout cela ? Indéniablement, pour un auteur, non.
Aller à la rencontre des autres, c’est aussi aller à la rencontre de soi. Cette journée nous a appris autant sur les autres que sur nous-mêmes. Quand on s’ouvre, c’est tout un monde intérieur qui s’éclaire. Une richesse inestimable, dont il ne faudrait jamais se priver.
Nous nous quittons en fin de journée, le cœur rempli, avec la promesse de nous revoir bientôt, de garder contact, de nous soutenir pour les ouvrages à venir.
Je repars avec la certitude d’avoir trouvé une nouvelle famille. Une histoire vient de commencer… La première page s’est écrite ce 5 octobre 2025, à Bruxelles.