Ne lisez pas : Article inutile

Ne prenez pas garde à ce qui va suivre. Cela peut être dangereux pour votre équilibre psychique. Ce ne sont là que les paroles d’un pauvre fou qui s’amuse du monde car il n’existe pas. Il se nourrit de l’illusion et s’en va en dansant dans son cœur, une larme faisant reluire son beau sourire. Il n’a pas de chemin. Le chemin : il le crée. Avec quoi ? Quelques lettres,  et quelques points. Deux, trois majuscules pour les grands chapitres et pas mal de virgules pour la cohérence. Il assaisonne tout ça avec quelques couleurs et s’en va chaque matin écrire son histoire suivant la trace de la lueur divine.

Il s’inspire des autres. Il s’invente des vies. Il voyage de cœur en cœur pour percer le secret de son âme. Il n’existe pas, n’a pas de consistance. Il n’est personne et tout le monde à la fois. Rien ne peut l’englober. Pas même le temps. L’Eternité lui a été offerte. Il n’est que le souvenir de quelqu’un. Dans une autre vie. Qu’il aperçoit dans le regard de ces enfants. SES enfants.

Il s’appelle tantôt Mimoun, tantôt Wong ou encore Anissa ou Mélanie. C’est un blanc aux cheveux crépus et à l’accent arabe si vous voulez. Donnez-lui un corps, donnez-lui une âme. C’est une fumée de chair qui porte votre nom. Un masque que tout le monde peut porter. C’est un éternel solitaire qui a choisi de voyager en lui-même pour trouver des réponses et vous les jeter à la figure. Pour faire gicler vos pensées en couleur. Votre imaginaire le nourrit. Accueillez-le.

Aujourd’hui, il s’est arrêté sur une des marches célestes de l’escalier qui le fait voyager. Destination finale : Son Créateur. La tête entre les mains, il s’est arrêté pour vous. Pour vous voir courir dans tous les sens comme des fourmis énervées en prétextant savoir où vous allez ! Amusant. Vous lui rappelez comment il était avant qu’il comprenne. Qu’il comprenne que rien ne sert de courir, il faut d’abord regarder loin ! Loin en haut. Et vous auriez vu alors l’énorme chaussure, pointure 47 qui vous offre son ombre agréable n’attendant qu’un coup de sifflet pour vous écraser…comme des fourmis, et mettre fin à votre chute horizontale. Eh oui ! Il était comme vous. Avant de demander le chemin à son cœur pour répondre à l’appel de son Seigneur. Sur cet escalier.

Il a essayé, comme vous, de comprendre. Pourquoi ? Pourquoi au fond était-il là, sur terre ? Et était-il vraiment là ? Il avait même suivi la folie des hommes dans la recherche du savoir pour découvrir enfin ce qu’il était. Il étudia la physique et les mathématiques, la biologie et la philosophie, la littérature et l’arabe, le Coran et le dessin. Il avait faim de certitudes et il n’en trouva aucune. Ou du moins une seule. Il n’existe pas. Pour lui-même.

Il ne va pas essayer de vous convaincre. Il n’a pas le temps de répondre à des questions que vous ne vous posez pas. Mais voilà quelques éléments qui peuvent changer une vie. Du moins la sienne. Celle qu’il croit avoir.

Replongez-vous dans votre enfance. Imaginez-vous en classe, dernier rang à côté de la fenêtre. Le professeur de Physique vient de vous révéler LE secret d’une voix absente et monotone : « Pour voir un objet, il faut que la lumière issue de cet objet atteigne votre œil. Et la lumière a une vitesse, et même si elle est très grande, elle n’est pas instantanée ».Silence. Vous. Perplexe. Cela voudrait dire que plus une personne est spatialement éloignée et plus vous la voyez « tôt » dans le temps. Le présent n’existerait donc pas puisque rien de ce que vous voyez n’est vrai au moment où vous pensez ! Il y a toujours un décalage. Certes minime pour nous. Mais un décalage quand même. Et pour en rajouter une couche, le professeur rappelle que «  le son va moins vite que la lumière » ! Double décalage. Vous réalisez. Ce professeur qui vous parle, que vous croyez voir et entendre n’existe en réalité déjà plus.  C’est une illusion que vous prenez pour vraie car vous ne pouvez faire autrement. La lumière et le son comme l’ensemble de vos sens sont des messagers qui vous donnent des informations sur ce que vous croyez vivre.

 Comme disait un autre collègue fou «  Il est absolument possible qu’au-delà de ce que perçoivent nos sens se cachent des mondes insoupçonnés ».1

A méditer.

Il vous en a déjà trop dit. Il va bientôt repartir. Mais pensez à autre chose. Que seriez-vous sans les mots ? Quand vous pensez, ne sont-ce pas des mots qui vous apparaissent à l’Esprit ? Quand vous communiquez, ne sont-ce pas les mots que vous utilisez ? Quand même, vous vous adressez à votre Seigneur pour trouver Sa voie, ne sont-ce pas les mots qui font la médiation ?

« Qu’on se le dise, les mots que nous utilisons aujourd’hui, qu’importe la langue ou le dialecte qu’ils forment, gardent ancrées en eux les marques de la Création. »2

Le présent n’existe pas en dehors de notre personne et c’est seuls que nous nous adressons alors à Dieu dans une langue dont Il est le seul à connaître la profondeur du sens.

«Nous avons effectivement créé l’Homme et Nous savons ce que son âme lui suggère et Nous sommes plus près de lui que sa veine jugulaire»3 C’est peut-être pour ça.

Mais il ne vous a rien dit. Comment le pourrait-il ? Il n’est que votre souvenir. Ce message disparaîtra dans l’illusion, encore une fois, à moins que vous ne le graviez dans votre cœur. Comme un fou.

 

1.      Albert Einstein et sa théorie de la relativité.

2.      Extrait de “Juste pour toi”  d’Abd al Hakim CHERGUI

3.      Sourate 50. Verset 16

Un commentaire

  1. Salam chère Imane
    Je comprends que tu veuilles ébranler notre intellect rationnel bien sur ses railles en évoquant d’autres destinations et des mondes insoupçonnés. Merci de nous le rappeler avec poésie. Cela étant, ces outils et sens communs à tous les êtres, sont des outils indispensables que Dieu à mis à notre disposition pour frayer un chemin vers lui.

  2. Salam chère Imane,
    ton écriture est vive, fraîche, et en arabesques intéressantes. Elle est un beau mimétisme de ce qui peut se passer dans l’esprit d’un(e) croyant(e) en pleine méditation. J’aime comme elle bouscule un peu l’ordre établi des choses. Ces évidences qu’on ne voit plus, et qui ne deviennent plus si évidentes seulement si on les perd.
    Je “like” comme dirait la jeunesse et te rencontrerai avec plaisir autour du travail artistique pour Dieu. Je ne te connais pas, mais l’univers dans lequel ton style m’invite, me laisse imaginer une jeune femme lycéenne ou pas loin. Si j’ai raison, ton verbe est autobiographique, et j’espère lire très prochainement la suite de tes élans de méditation. Bravo! Il existe un public pour cette littérature “chuchotée”. Ne la plonge donc pas dans le silence et je t’encourage à nous l’offrir encore et encore. Au plaisir de te lire.

  3. Wa alaykoumou salam
    Barakallahou fik. Oui c’est ça. Je voulais juste partager avec vous ce qui m’a fait réaliser et sentir que j’étais seule devant Dieu tout le temps et qu’en somme je Lui devais tout. Et comme tu le dis, notre limitation dans la perception nous permet de tout de même vivre avec les autres sans remettre en cause le fait qu’ils soient avec nous et ce malgré le décalage dont je parlais dans l’article. Comme si Dieu nous disais que certes tu me dois tout, tu es seul quand tu t’adresses à Moi mais pour que Je t’aime tu vas cheminer avec tes frères qui sont comme toi. Deux dimensions, deux missions, avec Dieu..parmi les hommes..

  4. Wa alaykoumou salam,

    BarakAllahou fik. Oui c’est ça 🙂 Je voulais partager avec vous ce qui m’avais fait[B] sentir[/B] ma dépendance à Dieu. Il a inventé le langage et nous a donnée les moyens d’expressions, nous Lui devons l’existence. Et comme tu dis, ces outils sensoriels nous sont indispensables pour nous frayer un chemin vers Lui car s’Il nous a permis de vivre avec l’imperfection de nos sens, c’est pour mieux être avec les autres. Deux dimensions, deux missions, inscrites toutes deux en nous: être avec Dieu…parmi les hommes.

  5. Salam,

    La main qui a tenu cette plume n’est donc qu’une illusion, malgré tout je me suis senti proche de toi (et de moi) en lisant. Tu as un esprit clair et une belle inspiration.. merci et bravo continu

    Karim

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