Le développement personnel — Entre quête de soi et mirages modernes (1/4)

On parle beaucoup, ces derniers temps, du développement personnel. De nombreuses approches psychologiques et comportementales s’y intéressent, les visions divergent et les chemins sont variés. Pourtant, l’objectif déclaré reste le même : développer le soi, lui accorder une force intérieure permettant à l’être humain de croître, de s’épanouir et de parvenir au rivage du bonheur…

 Aucun esprit sensé ne peut s’opposer à un tel objectif noble, du moins en apparence, car tout être humain porte au fond de lui un désir constant de bonheur et de vie épanouie.

Ces théories et approches attirent l’attention de beaucoup de gens, car elles parlent de l’homme dans ses sentiments, ses pensées, ses comportements et ses relations avec son environnement. Elles évoquent aussi ses racines et sa croissance progressive à travers son histoire familiale, sociale et humaine. Beaucoup y trouvent des réponses à leurs questions sur eux-mêmes, leurs comportements et la nature de leurs relations. Leurs classifications de la personnalité humaine et de ses types touchent un point sensible : l’égoïsme de l’homme et son amour profond de lui-même.

Ces approches, aussi diverses soient-elles dans leurs fondements et objectifs, s’efforcent d’approcher, à travers leurs observations et descriptions, la réalité de l’homme – cet « inconnu », comme l’a décrit l’écrivain français Alexis Carrel [1] – et de tracer une carte claire de son être, à l’image des cartes topographiques des villes et des États. Pourtant, malgré la sagesse qu’elles contiennent, elles se perdent souvent dans les labyrinthes de la nature double et complexe de cet être étrange, qui demeure un mystère quant à sa structure corporelle, malgré les avancées en biologie, physiologie et génétique, et plus mystérieux encore quant à son âme, son esprit et ses émotions. Il n’est donc pas surprenant que l’homme leur échappe, qu’il ne se révèle pas à travers leurs microscopes, ni ne soit compris à travers leurs critères. Comment ces approches pourraient-elles saisir la vérité complète d’une créature en qui Dieu – exalté soit-Il – a insufflé de Son esprit, alors que leurs outils ne dépassent pas les limites de cette vie mondaine et qu’elles n’ont de science que ce qu’elle contient ? Après avoir nié et refusé d’écouter la révélation, il ne leur reste qu’un doute engendré par un autre doute, qui se nourrit l’un de l’autre et s’auto-dévore [2]. Dieu dit : {Et ils n’en ont aucune connaissance. Ils ne suivent que des conjectures, et les conjectures ne sauraient remplacer la vérité}.[3] Et Il dit aussi : {Telle est la mesure de leur science. Ton Seigneur connaît mieux qui s’égare de Son chemin, et Il connaît mieux qui est bien guidé}.[4]


La source authentique du savoir est la parole de Dieu, Lui qui connaît parfaitement Sa création. Tout ce que produit l’esprit humain en matière de sciences humaines demeure un simple dérivé, parfois utile, parfois trompeur, et il peut mêler le bon et le mauvais, le précieux et le futile. De plus, les actions ne valent que par leurs intentions et leurs motivations. Dès lors, nous nous interrogeons : quelles sont les motivations profondes de ces théories et approches répandues ? Sont-elles motivées par la foi en Dieu et la recherche de Son agrément, ou bien par l’ingratitude et le sentiment d’autosuffisance vis-à-vis de Lui ? Suivent-elles la voie de la gratitude ou celle de l’ingratitude ?

C’est une question fondamentale que nous posons, en tant que musulmans, afin de distinguer entre un savoir limité à ce bas monde et coupé de la vie dernière, et un savoir qui relie la vie d’ici-bas à la vie dernière, en recherchant la satisfaction de Dieu et le Jour dernier. Ainsi, nous différencions entre un développement personnel purement matériel, dont l’unique but est de générer des profits, même au détriment de l’humain lui-même, qui devient un simple « ressource », « consommateur » ou « marché », et un développement personnel divin, spirituel et moral, dont la finalité est de servir le croyant en route vers son Seigneur, dans son long voyage, pour lequel il a besoin de provisions et de monture [5].

A suivre …

[1]A. Carrel. L’homme, cet inconnu.

[2] A. Yassine. Dialogue avec les démocrates vertueux, p.148

[3] L’Etoile, verset 28

[4] L’Etoile, verset 30

[5] A. Yassine. Le Bel-agir, tome 2, p.150

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