Les signes révélés et les signes déployés

« Allaho Akbar », Dieu est infiniment Grand. C’est par cette formule sacrée considérée comme la clé qui permet d’entrer dans l’enceinte spirituelle de la présence seigneuriale que tout musulman débute sa prière. Cette formule nous rappelle combien nous sommes petits et combien Dieu est infiniment Grand. Il est au-dessus de toute représentation, de toute conception, rien ne peut L’embrasser, mais Lui embrasse toute la création de par Sa Science et Sa Puissance. C’est parce qu’Il est Dieu que nul ne pourra le concevoir à Sa juste valeur : « Les hommes ne pourront jamais estimer la puissance de Dieu à sa juste valeur? Et, pourtant, le Jour de la résurrection, Il ne fera qu’une seule poignée de la Terre tout entière, tandis que les Cieux seront ployés dans Sa Main droite. Gloire à Lui ! Il est bien au-dessus de tout ce qu’on peut Lui associer »! (1)

Ce voyage à travers les jalons de la Foi et de la méditation vous donne le vertige. La raison ne peut que se prosterner et laisser le relai, à un moment, au cœur qui est plus apte à continuer ce formidable voyage à travers la création de Dieu. Ce voyage est à la portée de tous sans exception, à condition que notre capacité de nous émerveiller soit encore intacte et que notre égo ne nous joue pas des tours et que les conflits d’intérêts ne nous voilent pas de la vérité quand celle-ci brille au milieu du ciel. « Celui que Dieu prive de lumière n’a pas de lumière ».(2)

Une partie du monde scientifique se retrouve en orbite autour de son propre égo surdimensionné, qui dépasse parfois de beaucoup la taille et la masse de certains astres. La vision qui s’offre à eux matin et soir, ainsi que les preuves évidentes de la toute-puissance Divine ne font que les enfoncer diablement dans un orgueil qui finira par causer leur perte s’ils ne se repentent pas. Si par « malheur », des scientifiques parlent de Dieu, ils sont immédiatement bannis du monde scientifique et victimes d’une propagande bien orchestrée visant à ridiculiser systématiquement leurs recherches et caricaturer leurs propos. Cette posture s’explique en partie par la vision caricaturale du Divin en Occident et ailleurs. Les racines de cette caricature sont très anciennes puisqu’elles ont vu le jour avec la chute orgueilleuse d’Iblis. Ensuite, cette vision s’est propagée à travers l’histoire et les sociétés. Mais la signature du malin est la même et se retrouve dans toutes les civilisations qui sont tombées dans le piège de la représentation de Dieu. Cette conception erronée prend différentes formes selon les sociétés et les époques : du vieil homme à barbe blanche sur un trône au-dessus des nuages, au gang des dieux grecs sur le mont Olympe vivant une véritable saga digne des intrigues hollywoodiennes, en passant par les idoles de pierre ou de bronze et en arrivant à l’argent, au culte de la personnalité et au matériel en général. Certes les scientifiques  n’ont pas foi en ces idoles, mais ils se sont forgés petit à petit leur petit dieu qui ne ressemble ni à Zeus ni à Jupiter, mais n’est pas moins ridicule et réducteur. Cette partie du monde scientifique divinise la science et tant qu’elle n’observera pas Dieu à travers les télescopes géants ou sous les microscopes à balayage, ils n’auront Foi qu’en ce que leurs yeux verront. « Ce ne sont pas les yeux qui s’aveuglent, mais ce sont les cœurs dans les poitrines qui s’aveuglent ».(3) Tous ceux qui sont sérieusement impliqués dans la science finiront par comprendre un jour qu’un esprit se manifeste dans les lois de l’univers, un esprit immensément supérieur à celui de l’homme.

Dieu n’a pas laissé l’humanité livrée à elle-même et aux expériences personnelles pour connaître et adorer leur Créateur. Au contraire, Il leur a montré la Voie et les moyens qui permettent à chacun d’évoluer et d’avoir sa part de la connaissance du Maître de la Création. Certes il n’est pas possible à l’être humain de parvenir à la connaissance véritable de Dieu, mais il lui est permis d’apprécier et de voir une partie infime de sa toute-puissance. Si je ne peux regarder ni m’approcher du soleil au risque d’être aveuglé ou brûlé, je peux néanmoins apprécier la valeur et les bienfaits de ce soleil sur la vie tout entière sur terre, « Et c’est à Dieu que revient le qualificatif suprême ».

Le mot coranique «ayat » qui est maladroitement traduit par « verset » faute de mieux, renvoie à un sens beaucoup plus riche que le mot « verset » qui, lui, ne fait référence qu’à la forme de la structure du mot. C’est justement le mot «ayat » qui fait le lien entre Le Livre révélé et le livre déployé, c’est-à-dire entre le Coran et la Création tout entière. Pour comprendre cela, il faut suivre le mot « ayat » à travers ses différents sens dans les différentes sourates du Livre de Dieu.

Il y a principalement cinq sens différents que l’on peut tirer du mot « ayat »

Le premier sens du mot « ayat » renvoie à toute construction imposante par la taille. Ce sens-là se retrouve dans la sourate Les Poètes où Dieu dit : « Bâtissez-vous par frivolité sur chaque colline un monument ? (4) On retrouve également ce mot dans la sourate Jonas, mais qui cette fois-ci indique une exhortation et une preuve évidente pour ceux qui veulent des preuves. Dieu dit en parlant du sort de Pharaon : « Nous allons aujourd’hui épargner ton corps afin que tu deviennes une preuve pour tes successeurs. Cependant, beaucoup de gens ne prêtent aucune attention à Nos preuves ».(5) Dieu dit : « Quand Nous remplaçons un verset par un autre et Dieu sait mieux ce qu’Il fait descendre ».(6) Ici le mot « ayat » signifie une partie du Coran que l’on traduit par verset. Le mot « ayat » veut dire également un signe, c’est le sens qui est mis en évidence dans la sourate la Vache, Dieu dit : « Et ceux qui ne savent pas ont dit : « Pourquoi Dieu ne nous parle-t-Il pas ? Ou pourquoi un signe ne nous vient-il pas ? »(7) Enfin, le cinquième sens signifie un miracle qui attesterait de la toute-puissance divine, Dieu dit : « Et Nous fîmes du fils de Marie ainsi que de sa mère un prodige (miracle) ».(8)

La somme de ces définitions nous donne et nous renvoie au Livre déployé par Dieu que chacun peut contempler et lire, admirer et méditer, ce livre c’est l’univers ou plutôt la création dans son ensemble. Dieu y a répandu, avec une générosité infinie, des signes, des preuves, des miracles et des monuments que Seul Lui peut maîtriser. Chaque verset du Coran est lui-même un signe, un miracle et une construction que personne ne peut égaler.

Chaque élément constitutif de la création, qu’il appartienne au monde imperceptible ou bien au monde visible, qu’il soit de l’ordre de l’infiniment petit ou de l’ordre de la démesure, contient la signature unique de l’Unique. L’unité dans la richesse et la diversité de la création ne peuvent que bouleverser celui qui a encore un cœur capable de s’émerveiller. Chaque jour qui passe, la création se complexifie et laisse loin derrière elle la théorie du chaos et du hasard. « Gloire donc à Celui qui détient dans Sa main la souveraineté absolue sur toute chose ! C’est vers Lui que vous serez tous ramenés ».(9)

L’univers connu n’est qu’un point de la page d’un livre sans cesse alimenté par d’autres pages. Notre système solaire n’est qu’une virgule dans une phrase d’un paragraphe de cette page qui contient un nombre incalculable de paragraphes et de phrases. Et si ce livre dont les pages, les chapitres, les paragraphes et les virgules sont infinis, n’était en fait qu’un tout petit livre au milieu d’une étagère au sein d’une bibliothèque infinie. Cette bibliothèque elle-même alimentée à l’infini par de nouveaux écrits, que dire si cette bibliothèque elle- même n’est qu’une parmi un nombre infini d’autres bibliothèques. « Louange à Dieu Seigneur des mondes »(10). « Dis si la mer était une encre pour écrire les Paroles de mon Seigneur, la mer s’épuiserait avant que ne soient épuisées les Paroles de mon Seigneur, quand même Nous lui apporterions son équivalent en renfort ».(11)

Ne sommes-nous pas une poussière jetée dans notre système solaire qui lui-même est une poussière jetée dans le coin d’une galaxie qui est elle-même une poussière jetée au sein d’un amas incalculable d’autres galaxies? le tout ne serait qu’une partie infime de l’univers connu, qui est lui-même une poussière jetée au milieu de l’univers qui est lui-même une poussière jeté dans la création qui est elle-même une poussière par rapport à Dieu, Allaho Akbar. Les ailes des anges tremblent, les cieux gémissent, les cœurs des croyants frémissent devant une telle majesté, majesté qu’un cœur aveugle et empli d’orgueil ne peut percevoir même si sa raison profonde dans un silence de lucidité intérieure en reconnaît la magnificence, mais que l’orgueil encore une fois ne peut laisser s’exprimer. « Et lorsque Nos prodiges leur parvinrent, clairs et explicites, ils dirent : “C’est là une magie évidente !” Ils les nièrent injustement et orgueilleusement, tandis qu’en eux- mêmes ils y croyaient avec certitude. Regarde donc ce qu’il est advenu des corrupteurs ».(12) « Les hommes ne pourront jamais estimer la puissance de Dieu à sa juste valeur? Et, pourtant, le Jour de la Résurrection, Il ne fera qu’une seule poignée de la Terre tout entière, tandis que les Cieux seront ployés dans Sa Main droite. Gloire à Lui ! Il est bien au-dessus de tout ce qu’on peut Lui associer ! »(13)

Les textes qui vous donnent le vertige et qui montrent la toute-puissance de Dieu dans Sa création sont nombreux, mais seuls la méditation et l’émerveillement devant le Livre déployé peuvent nous faire ressentir une certaine humilité devant une telle Majesté. Le Prophète ( paix et salut sur Lui) dit : « Dieu m’a permis de parler d’un ange parmi les anges qui portent le Trône, ses pieds sont sur la terre la plus inférieure, la distance entre son oreille et son épaule est équivalente à la distance que peut parcourir un oiseau en 700 ans. Cet ange dit « Gloire à Toi Seigneur où que Tu sois » (14). « Dieu est grand ».

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(1) Sourate Les Poètes : 128
(2) Sourate Jonas : 92
(3) Sourate les Abeilles : 101
(4) Sourate Les Poètes : 128
(5) Sourate Jonas : 92
(6) Sourate les Abeilles : 101
(7) Sourate La Vache : 118
(8) Sourate Marie : 50
(9) Sourate Yas-Sîn : 82
(10) Sourate l’Ouverture : 1
(11) Sourate La Caverne : 109
(12) Sourate Les Fourmis : 13 – 14
(13) Sourate les groupes :67
(14) D’après Abou Dawoud, selon Djabir Ibn Abdoullah

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