D’un mur de la honte à l’autre…

C’était il y a vingt ans : en 1989, la chute du mur de Berlin entraînait l’effondrement du bloc de l’Est. Dans la nuit du 9 au 10 novembre 1989, à Berlin, le monde a changé de visage. Le « mur de la honte » s’est effondré sans combat.

Repères

Après avoir été découpée en quatre zones d’occupation à l’issue de la seconde guerre mondiale, Berlin est coupée en deux en 1961, avec côté Est, la RDA (République Démocratique allemande) et à l’Ouest, La RFA, la République Fédérale d’Allemagne.

 Dans la nuit du 12 au 13 août 1961, les autorités de la République démocratique allemande (RDA) érigent une enceinte fortifiée sur la ligne qui sépare à Berlin leur zone, sous occupation soviétique, des zones sous occupation américaine, anglaise et française. Des policiers et des ouvriers dépavent à la hâte les accès routiers entre la zone d’occupation soviétique, aussi appelée Berlin-Est, et les autres zones, ou Berlin-Ouest. Ils bâtissent un mur en béton, tendent des barbelés et creusent des fossés. Dans le même temps, les liaisons ferrées sont aussi coupées. Dans les jours qui suivent, à la stupéfaction du monde occidental, les autorités est-allemandes parachèvent le travail en murant les fenêtres et les portes des constructions situées sur la ligne de démarcation. Devant une opinion mondiale médusée, les autorités est allemandes  justifient le mur en le présentant comme un « rempart antifasciste ». Le « monde libre » crie au scandale mais n’a pas les moyens d’empêcher sa construction. Mieux vaut un mur que la guerre pour Kennedy… Les allemands eux vont être définitivement séparés pendant presque 28 ans. 

L’opinion occidentale baptise spontanément cette initiative de«Mur de la honte». Le «mur» court sur 43 km à Berlin même et sur 112 km dans les autres parties de la RDA. Il met une touche finale au «rideau de fer» dont Churchill dénonçait la mise en place dès la fin de la Seconde Guerre mondiale.

Le mur sépare physiquement la ville en Berlin-Est et Berlin-Ouest pendant plus de vingt-huit ans, et constitue le symbole le plus marquant d’une Europe divisée par le Rideau de fer. Le « Mur de la honte » ainsi érigé, symbole de la guerre froide, devient de plus en plus infranchissable à mesure que le temps passe.

Plusieurs centaines de personnes ont été tuées au Mur lui-même, des centaines ont été blessées, des milliers, après des tentatives de fuite ratées, condamnées à de lourdes peines de prison

Mais l’affaiblissement de l’Union soviétique, les changements géopolitiques à l’échelle de la planète vont jouer un rôle déterminant dans la chute du mur.

Le 9 novembre 1989

 

Dans la nuit du 9 au 10 novembre 1989, devant les caméras du monde entier, de jeunes Allemands de l’Est et de l’Ouest brisent le Mur de la honte qui divise Berlin depuis le 13 août 1961, prenant de court les dirigeants des deux bords.

La chute du Mur (3,60 mètres de haut, 160 kilomètres de long et 300 miradors) met fin à cinquante ans de séparation et d’antagonismes entre les deux parties de l’Allemagne, la République Fédérale Allemande (RFA) et la République Démocratique Allemande (RDA). Des milliers de Berlinois de l’est comme de l’ouest se regroupent autour du mur de la “honte” pour célébrer la fin de 28 années de séparation.

Un mur  peut en cacher un autre…

Dans l’enthousiasme général de la commémoration de la chute du Mur de la honte à Berlin, personne parmi les « grands » du « monde libre » d’aujourd’hui, ne s’émeut outre mesure d’un autre mur de la honte : celui qui en ce jour de souvenir et de festivités continue d’être construit autour de la Cisjordanie et de Jérusalem. Une clôture trois fois plus haute et deux fois plus large que le mur de Berlin !

Un autre mur de la honte auquel sont régulièrement confrontés les Palestiniens ; sans parler d’un autre mur, invisible celui-là, celui de l’indifférence des pays occidentaux qui fêtent la chute du mur de Berlin et ne disent mot sur le mur de l’apartheid en Palestine occupée.

En Cisjordanie, la construction du mur continue de signifier la destruction de centaines de foyers, l’arrachage d’arbres et la confiscation de terres. Le mur rend possible l’expansion et une défense améliorée des colonies sionistes en Cisjordanie, ainsi que la construction de milliers de nouveaux logements. Pour de nombreux Palestiniens, le mur signifie être coupé de sa ferme, de son école, d’un hôpital, de sources d’eau. La situation économique et sociale continue de s’aggraver profondément avec l’achèvement du mur.

Le mur sépare les villages. Il isole également l’une de l’autre les deux enclaves palestiniennes. Les habitants de Cisjordanie et de Gaza sont enfermés derrière des clôtures, des miradors, des caméras de surveillance…

Avec le mur de séparation, du nord de la Cisjordanie à Jérusalem, l’Etat hébreu annexe 7 % de la rive occidentale, dont 39 colonies israéliennes et environ 290 000 Palestiniens, 70 000 d’entre eux n’ayant pas officiellement le droit de résidence en Israël et donc pas le droit de voyager ou de bénéficier des services sociaux israéliens – alors même qu’Israël leur a supprimé tout moyen d’existence en Cisjordanie. Ces 70 000 Palestiniens connaissent une situation d’extrême vulnérabilité et seront sans doute progressivement forcés à émigrer. Si le mur s’étend vers le sud jusqu’à Hébron, on estime qu’Israël aura encore annexé 3 % supplémentaires de la Cisjordanie.

Le 9 juillet 2005, à l’occasion de l’anniversaire de l’avis de la Cour internationale de justice rendu sur le Mur de Palestine, la société civile palestinienne, par la voix de 171 organisations, initie la campagne de boycott, désinvestissement et sanctions.

D’un mur à l’autre, l’Histoire est là pour nous rappeler que les murs qui séparent les hommes sont faits pour être détruits.

Un commentaire

  1. salamou alaykum
    merci beaucoup pour ce texte et j\’espère de tout coeur que nous arriverons tous à nous mobiliser pour aider nos soeurs et nos frères Palestiniens.

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