Les quatre phases de l’apprentissage
Toute personne qui va développer une nouvelle compétence, une nouvelle capacité mentale ou physique, acquérir un nouveau savoir, va passer par quatre phases, appelées « processus d’apprentissage ».
Attribué à tort à Abraham Maslow, le modèle des 4 phases d’apprentissage était à l’origine, en 1969, appelé “les 4 étapes avant d’apprendre une compétence” par Martin M. Broadwell.
« Les 4 phases d’apprentissage » est un modèle qui a ensuite été introduit par Noël Burch en 1970, un employé de la Gordon Training International. Ce modèle explique qu’avant de maîtriser une compétence, nous traversons différents niveaux de conscience de soi.
Et si l’on remonte un peu dans le temps, plus précisément au 8è siècle du calendrier grégorien, on retrouve ce schéma dans une célèbre phrase en arabe, attribuée à Khalil Ibn Ahmad Al Farahidi (né en 718, mort en 791), écrivain et philologue du sud de l’Arabie (actuel Oman), qui publia le 1er dictionnaire d’arabe.
قال الخليل بن أحمد : الرجال أربعة، رجل يدري ويدري أنه يدري فذلك عالم فاتبعوه، ورجل يدري ولا يدري أنه يدري فذلك نائم فأيقظوه، ورجل لا يدري ويدري انه لا يدري فذلك مسترشد فأرشدوه، ورجل لا يدري أنه لا يدري فذلك جاهل فارفضوه
La signification de cette phrase serait : « il y a 4 catégories d’hommes : un homme qui sait et qui en est conscient, cet homme est savant, suivez-le. Ensuite un homme qui sait mais n’en est pas conscient, celui-ci est endormi, réveillez-le. Ensuite un homme qui ne sait pas et en est conscient, celui-ci a besoin d’être orienté, guidez-le. Et enfin un homme qui ne sait pas qu’il ne sait pas, celui-ci est ignorant, ne le suivez pas ! ».
Quelles sont les 4 phases de l’apprentissage ?
- 1. L’incompétence inconsciente : « Je ne sais pas que je ne sais pas. »
Cette étape est celle de l’ignorance ou de l’innocence. Nous ne savons pas que nous ne savons pas. Un état présent à la naissance par exemple : le bébé ignore qu’un jour, il saura marcher, faire du vélo, lire…
Durant cette étape, nous n’avons aucun recul sur une compétence particulière car elle nous est complètement inconnue. Nous manquons de savoir-faire, de techniques et de pratique de cette compétence.
- 2. L’incompétence consciente : « Je sais que je ne sais pas. »
Cette étape est une prise de conscience que nous ne savons pas faire, nous réalisons que nous ne sommes pas aussi compétents que cela dans un domaine particulier. Cette prise de conscience peut naître au moment où la compétence en question devient nécessaire dans un but précis : apprendre une langue étrangère pour voyager, apprendre une compétence professionnelle en vue d’une embauche, apprendre à conduire pour se déplacer plus facilement, etc.
C’est en général la 1ère étape vers l’apprentissage, on va s’inscrire pour prendre des cours, acheter des livres sur la compétence qui nous intéresse…
- 3. La compétence consciente : « je sais que je sais »
Cette étape est celle de la formation et de l’acquisition de nouvelles compétences ou de nouveaux savoirs. Dans cette étape, la personne pratique la discipline mais l’action demande une très grande concentration car elle doit encore penser à ses actions.
Et de nouveaux champs de possibilités s’ouvrent à elle.
Ce niveau d’apprentissage est celui de la pratique consciente d’une compétence récemment acquise. Il y a comme de la magie à constater que chaque occasion de pratiquer démontre l’intégration de la compétence.
Cette étape nécessite d’y consacrer du temps, cela peut être de quelques jours à quelques années, en fonction de la compétence en question, des motivations de l’apprenant, de son âge, etc.
- 4. La compétence inconsciente : « je ne sais plus que je sais »
Dans cette étape, la personne pratique son activité sans même y penser, sans réflexion. Elle peut même faire plusieurs actions autres que cette activité. Les automatismes sont acquis.
Seule la pratique régulière d’une compétence permet de faire émerger progressivement ce quatrième niveau, celui de l’exercice inconscient d’une compétence.
Être patiemment conscient
Ces 4 étapes sont très importantes à comprendre avant de se lancer dans un nouvel apprentissage, qu’il soit lié au travail, aux loisirs, à la vie scolaire, à notre vie spirituelle, etc. Nous ne pourrons progresser qu’en tenant compte de ces étapes et surtout du temps qu’elles nécessitent à leur acquisition.
Que ce soit pour nous adultes, ou plus particulièrement pour nos enfants, nous devons faire preuve de patience, de compréhension et de bienveillance lorsqu’ils sont en état d’apprentissage, et ils sont dans cet état constamment, chaque jour à chaque minute !
Notre impatience et notre refus de comprendre qu’il leur faut du temps pour intégrer les compétences qu’on leur enseigne (que ce soit à l’école pour la lecture ou les mathématiques, ou à la maison pour la prière par exemple, la mémorisation des sourates…), risquent de les bloquer et/ou de faire baisser leur confiance en eux et en leurs capacités, ce qui serait difficile à corriger plus tard.
Pour éviter cela, il est nécessaire d’y aller progressivement, sans chercher à brûler les étapes. En mesurant objectivement les progrès, et en planifiant régulièrement des moments pour pratiquer.
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