Les ancrages relationnels dans l’éducation des enfants : « Pardonne moi mon enfant »

L’éducation est une série d’interactions et d’expériences relationnelles entre l’enfant et ses parents et les autres proches (grands-parents, enseignants, …).

Durant ses expériences l’enfant développe sa perception et sa vision du monde, et intègre les différentes valeurs que l’on souhaite lui inculquer.

Ces interactions sont vécues au niveau psychique et cognitif, elles sont positives et parfois négatives !

Selon le degré de leur intensité, ces interactions deviennent des ancrages positifs ou des blessures qui laisseront des séquelles.

L’idéal serait de ne faire vivre à son enfant que des expériences positives, mais malheureusement l’être humain est faible et faillible, l’adulte peut commettre des erreurs et connaître des échecs, l’enfant également.

La bonne nouvelle c’est qu’un ancrage positif après une expérience inconfortable est encore plus intense, le challenge sera donc de transformer une expérience négative en une expérience plus ou moins positive, plus utile pour la relation parent/enfant. Je propose donc trois ancrages :

Premier ancrage relationnel : “pardonne-moi mon enfant”

Je me souviens de cet ami cher à mon cœur qui est venu me voir, les larmes aux yeux, pour me dire qu’il avait frappé son enfant et qu’il le regrettait énormément. Il m’a expliqué le contexte, plusieurs facteurs personnels et professionnels l’ont amené à un état de mal-être lui ayant fait perdre le contrôle et devenir agressif (non pas violent).

Ma première réaction fut de lui poser cette question « t’es-tu excusé ? »

Un parent est avant tout un être humain imparfait, faible et faillible, qui connaît des moments de faiblesses, qui commet des erreurs. L’auto-culpabilisation excessive n’est pas la bonne attitude pour cheminer vers une parentalité consciente et saine. Une auto-culpabilisation excessive est très souvent la source de plus de frustration qui conduit à commettre la même erreur de base et avec plus d’intensité, parce que nos attentes sont trop élevées et idéalistes, quand elles ne sont pas satisfaites, elles peuvent être considérées comme « une incompétence » (je suis un mauvais parent !) ! Or un mécontentement excessif va conduire à un état de frustration et de stress qui doit être déchargé, un comportement banal peut se transformer en cette bombe à retardement et là rebelote, sentiment de culpabilisation, attentes très élevées, frustrations, stress, agressivité, et ainsi de suite…

Un moment donné, il est utile d’accepter sa vulnérabilité, et surtout d’accepter que le parent soit susceptible de commettre des erreurs à l’égard de son enfant. Comprendre que ces erreurs doivent être perçues comme des leçons faisant partie de notre processus de parentalité consciente. On ne naît pas parents, on le devient à travers les différents apprentissages confortables et inconfortables durant notre relation avec nos enfants.

Pour faire simple, commettre une erreur n’est pas grave ! C’est même une bonne opportunité pour bâtir une relation plus forte avec son enfant et transmettre les valeurs nécessaires pour son projet d’éducation. Cela en transformant une expérience négative en expérience positive plus intense.

Quand on commet une erreur à l’égard d’une personne, il est naturel et de coutume de demander pardon, et cela est encore plus important quand il s’agit d’un enfant, « un être humain en cours de construction », en plein développement psychologique/cognitif/spirituel/comportemental, qui transforme chaque expérience relationnelle en apprentissages et en croyances, des apprentissages plus intenses lorsqu’il s’agit d’une interaction avec les parents.

Pour un enfant, les parents sont des êtres extraordinaires, des héros, une figure « divine » en quelque sorte, certains enfants ne croient même pas que les parents aient des besoins naturels (aller aux toilettes) comme les autres humains. Une perception idéale et sacrée qui rend les canaux d’apprentissages de l’enfant réceptifs, l’enfant intègre l’expérience et l’information sans filtres, « tout ce que disent mes parents est une vérité absolue », « mes parents ne commettent jamais d’erreur », « si mes parents sont fâchés cela veut dire que c’est moi qui suis fautif ». En gros, pour l’enfant le parent ne peut pas être fautif, une croyance qui doit être cassée et recadrée par le parent parce qu’il s’agit d’une fausse croyance, l’enfant ne doit pas attendre 10 ans pour comprendre que ses parents sont des êtres humains imparfaits en apprentissages et que comme tous les apprentis, il y aura des manquements !

Quand le parent commet une erreur à l’égard de son enfant, c’est un moment de pur apprentissage et de transmission de valeurs et un parent qui présente ses excuses à son enfant fait un acte héroïque pour l’enfant (c’est vrai que l’enfant se sent gêné quand le parent s’excuse parce que son inconscient n’arrive pas encore à accepter que le parent puisse être fautif) et c’est un moment émotionnel fort qui devient un ancrage gravé dans le cœur et le cerveau de l’enfant et également dans son comportement, il apprendra aussi que demander pardon quand on est fautif est une valeur humaine importante.

Alors comment faire pour demander pardon avec authenticité ?

« Pardonne-moi mon enfant » n’est pas une phrase froide à prononcer, il ne faut pas oublier que l’enfant détecte les mensonges et les moments où le parent fait semblant, parce que son canal de réception le plus efficace est l’émotionnel, il sait faire la différence entre un sourire sincère et un sourire qui veut cacher un malaise, une phrase dite sincèrement et une phrase froide.

Il est utile de se préparer, d’abord en reconnaissant son erreur et en ayant à l’esprit les conséquences négatives de l’acte inacceptable (l’erreur) sur le développement de son enfant, et se focaliser sur les bienfaits de la demande de pardon sur la relation parent/enfant. Cela permet de donner un sens à ce moment d’apprentissage, qui doit être conscient et non pas obligé/forcé.

Il est utile de choisir le moment et le lieu propices pour demander pardon, un moment calme, avant qu’il dorme par exemple ou durant un moment d’amusement, un moment spécial que vous allez créer comme par exemple faire un tour dehors, faire du vélo ensemble, aller manger quelque chose, …

Enfin, le plus important, c’est le « body langage », le non verbal, les non-dits, il est utile de se mettre au même niveau que l’enfant, s’asseoir en face de lui, lui tenir la main, le regarder dans les yeux et lui dire sincèrement « pardonne-moi mon enfant », nommer explicitement le comportement indésirable que vous avez eu, expliquer avec des mots simples votre état d’esprit à ce moment-là.

A éviter

Il ne faut surtout pas vouloir justifier votre comportement en essayant de le rendre responsable de votre manquement (si je t’ai frappé c’est parce que tu as fait ceci ou cela !), il ne faut surtout pas légitimer votre comportement (caricature : quand je suis fatigué/triste je frappe).

Le mal-être personnel qui a mené à l’acte indésirable est un contexte d’apprentissage pour le parent et pour l’enfant, comment je vais faire la prochaine fois en tant que parent pour l’éviter ? Qu’est-ce que mon enfant doit apprendre de ce genre de contexte ? (Parce que l’enfant va aussi être confronté à des moments inconfortables dans sa vie)

À suivre, le second ancrage dans la relation avec l’enfant : « Ce n’est pas grave »

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