Jour de Arafa : Cœur du grand pèlerinage et ses moments de grâce

Les rituels du pèlerinage s’expriment à travers une multitude d’images et de symboles. Chaque acte de dévotion porte en lui une signification spécifique, revêtant des nuances et des teintes précises dans le monde visible, tout en offrant une essence particulière dans le monde invisible. Dans cette série intitulée « Le Pèlerinage : Symboles et Secrets », nous explorerons les symboles et les mystères du pèlerinage, en méditant sur ces aspects pour bénéficier pleinement des effluves de la Miséricorde divine. Préparez-vous pour un voyage fascinant à travers l’histoire du pèlerinage à La Mecque, de ses origines à nos jours !

Le 9ème jour de Dhoul Hijja, est le jour de Arafa ! Un rite tellement exceptionnel, que le prophète Muhammed, paix et salut sur lui, a dit : « Le Hajj, c’est Arafa ! »

La veille du jour de Arafa, halte à Mina

Mina est une petite ville, pas très loin de la Mecque, qui ne vibre et ne s’anime que cinq jours par an, pendant le Hajj. Tout le reste du temps, elle est complètement vide.

À une période bien précise du pèlerinage, des milliers et des milliers de tentes blanches à perte de vue, accueillent à Mina, les pèlerins venus du monde entier. On attribue à chaque groupe, ses propres tentes, généralement une pour les hommes et une autre pour les femmes.

L’étape de Mina est un moment très puissant, bercé par les prières, les silences et la méditation des croyants, humbles et reconnaissants. Ils apprennent à communier, à vivre tous ensemble, dans la simplicité et souvent dans des conditions très rudimentaires.

Jour de Arafa, un grand moment !

À lʼaube de la journée de Arafa, tous les pèlerins partent de Mina pour se diriger vers une très grande plaine, qui s’appelle Arafat, pour vivre le moment le plus intense de leur Hajj. C’est un temps de très grande ferveur où tout le monde prie et invoque longuement Dieu, tantôt debout, tantôt assis. (1)

La plaine d’Arafat a une place spéciale dans l’histoire d’Abraham. C’est à cet endroit qu’il a appris de Dieu les rites du Hajj, repris ensuite par le prophète Muhammed, paix et salut sur lui.

Un peu d’histoire

Dans la tradition musulmane, lorsque Dieu a fait descendre Adam sur la terre, il a été un temps, séparé de sa compagne Eve. Perdus de vue, ils se sont finalement retrouvés sur le Mont Arafat (qui correspond à un petit monticule de la grande plaine d’Arafat). Ce lieu s’appelle également Jabal Rahma (la montagne de la miséricorde). Certains savants suggèrent qu’Arafat serait donc le symbole du pardon divin, car c’est aussi à cet endroit qu’Adam et Eve auraient demandé à Dieu de leur pardonner d’avoir mangé le fruit interdit. Prières qui furent accueillies et acceptées par le Tout-Puissant.

Les pèlerins en cette journée font de même. Humblement, ils lisent du Coran et prient abondamment pour que descendent sur eux, la clémence, le pardon et l’amour rayonnant de Dieu. (2)

Arafa …Un mot, plusieurs sens

Le mot Arafa renvoie étymologiquement à l’action de « se reconnaître ». Il fait référence à Adam et Eve, qui après avoir été éloignés, se sont rejoints et « reconnus » dans ce lieu. Le terme Arafa signifie aussi « faire connaissance » avec lʼautre, celui qui est différent de soi. Comme si, alors même que les pèlerins viennent réaffirmer leur engagement à Dieu, lʼUnique, ils étaient aussi invités à célébrer lʼHumanité dans toute sa pluralité. Enfin, Arafa veut également dire « reconnaître ».

Ainsi, symboliquement, le pèlerin reconnaît sa petitesse devant la grandeur du Tout-Puissant. Il reconnaît humblement et sincèrement ses manquements. Il les expose à Dieu, qui ne demande quʼà lui pardonner. Arafa, cʼest donc un temps dʼabsolution extraordinaire et de miséricorde infinie, dont chacun profite seul, mais aussi en groupe.

A quoi nous fait penser le jour de Arafa ?

Ce rassemblement gigantesque, avec une multitude de personnes vêtues en Ihram est tous les ans, une image très impressionnante à voir. Cette scène, sous l’ardeur du soleil, ressemble à une grande répétition générale du Jour du Jugement dernier, lorsque tous les humains du monde se présenteront devant Dieu.

Le sermon d’Adieu

Chaque année, le jour de Arafa, vers midi, un prêche fort en émotion retentit à la mosquée de Namira, tout près des pèlerins. Ce discours en rappelle un autre, celui que le Prophète Muhammed, paix et salut sur lui, a prononcé à la fin de sa vie, lors de son propre Hajj, dans cette douce plaine dʼArafat. Cʼest notamment pendant ce magnifique « sermon dʼAdieu » que fut révélé le célèbre verset : « Aujourd’hui, J’ai parachevé votre religion pour vous et J’ai accompli Mon bienfait sur vous. Et J’ai choisi l’Islam comme religion pour vous. » (3)

En cela, Arafat est un lieu merveilleux, témoin pour l’éternité de la révélation coranique entre Dieu et son Messager, paix et salut sur lui.

Arafa, jour de jeûne pour les autres

Pour les non-pèlerins, il est très recommandé de jeûner le jour de Arafat. Le Prophète nous rappelle que ce jeûne efface les péchés de l’année écoulée et ceux de l’année à venir (4). Ainsi, les mérites sont immenses, les portes du pardon et de la miséricorde de Dieu sont grandes ouvertes. À travers ce jeûne et ces prières, les musulmans du monde entier agissent en solidarité et en réelle communion avec les pèlerins présents à Arafat.

D’Arafat à Muzdalifa

À la fin de la journée d’Arafat, au coucher du soleil, les pèlerins continuent leur voyage en se dirigeant vers une autre vallée toute aussi spéciale, appelée Mouzdalifa.

Cʼest donc une véritable marée humaine pleine dʼespoir, qui vient passer la nuit dans cette grande place de Mouzdalifa. Sur cette terre aride où il nʼy a absolument rien, les pèlerins expérimentent l’égalité dans le dépouillement le plus total. À ce moment-là, ils sont vulnérables, dépossédés de leurs repères et de leurs richesses. Comme sʼils cherchaient à complètement se détacher du monde et à se remplir de la présence de Dieu.

Traditionnellement, c’est à cet endroit que les pèlerins ramassent de petits cailloux qu’ils utiliseront plus tard, pour un autre passage important, la lapidation des stèles.

Dieu, en tout temps

Arafa est un rite qui se passe la journée, suivi de Mouzdalifa, une étape cette fois-ci nocturne. Comme pour rappeler que Dieu est présent aux êtres humains, de jour comme de nuit. Les pèlerins pendant Mouzdalifa prient, invoquent le Tout-Puissant et se reposent un peu à la belle étoile. Beaucoup goûtent alors, dans ce lieu vide de tout, à un sentiment très doux que lʼon appelle la Sakina (sérénité). Cʼest une forme dʼapaisement et de profonde quiétude. Une sorte de grâce divine qui inonde le coeur dʼune sérénité intérieure très agréable.

Ce rassemblement gigantesque, avec une multitude de personnes vêtues en Ihram est tous les ans, une image très impressionnante à voir. Cette scène, sous l’ardeur du soleil, ressemble à une grande répétition générale du Jour du Jugement dernier, lorsque tous les humains du monde se présenteront devant Dieu.

Extrait du livre « Le pèlerinage » de Amel Ayan

(1) « Dieu vante les mérites, auprès des Anges, des pèlerins rassemblés à Arafat et dit : « Regardez Mes serviteurs, ils sont venus vers Moi couverts de poussière et les cheveux en bataille » (Rapporté par Ahmad).

(2) « Les meilleures invocations sont celles qu’on fait le jour de Arafa et la meilleure parole que j’ai prononcée et que les messagers qui m’ont précédé ont aussi prononcée est : ‘Il n’y a d’autres divinités que Dieu, Il est unique et n’a point d’associés. A Lui la royauté et la louange et Il est Omnipotent » (Rapporté par Tirmidhi).

(3) Coran : 5/3

(4) « Le jeûne du jour de ‘Arafat permet d’expier les péchés de l’année précédente et ceux de l’année en cours » (Rapporté par Muslim)

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