D’une compagnie à Dieu

Il est des compagnies d’un temps. Il est des compagnies d’antan. Il est une compagnie de voie. Il est une compagnie de foi.

Tout d’abord des frères, puis s’en suivirent des noms, pour enfin entendre un nom, qui résonne encore dans mon esprit. Le nom d’un homme, parmi tant d’autres, le nom d’un homme, apprécié par tant d’autres.

2010 : Une compagnie de foi

C’est en 2010, que je rejoins une compagnie de foi, que je ne cernais pas encore à ce moment-là. Être avec des frères parce qu’on leur fait confiance, rester avec des frères, pour découvrir l’essence de ce que j’appréciais en eux, c’étaient-là mes deux principales motivations en ce temps. Mais comme ce dernier ne cesse de s’écouler, la proximité avec mes frères avait grandi, mais la compréhension de ce fameux « projet » se limitait à la capacité à le prononcer.

2012 : Découverte d’un livre, découverte d’un homme

En 2012, je me suis lancé dans une lecture, la lecture d’un livre acheté, plusieurs mois auparavant (Islamiser la modernité, de Abdessalam Yassine). Un livre écrit en français par son auteur. Page après page, je découvrais qu’il s’agissait d’une des lectures les plus laborieuses que j’avais pu réaliser… A chaque page, son lot de mots inconnus dans mon vocabulaire et de syntaxes bien étrangères à ce que j’avais retenu de cette langue, la langue française, qui était pourtant ma langue maternelle. Fournissant un effort pour dépasser la forme, je mettais le reste de mes capacités à comprendre le sens.

Plus j’avançais, plus je me noyais. Comment était-il possible de parler de sujets aussi poussés et pointus, tout en glissant à foison des versets coraniques et des paroles prophétiques ? Une question parmi d’autres. Je n’ai pas eu le temps de clôturer ma lecture, que j’appris son décès, que Dieu lui fasse miséricorde. Une tristesse me traversa, que je qualifiais plus tard d’ignorante. Je ne connaissais pas grand-chose de lui à ce moment-là et je ne l’avais jamais rencontré.

Ce qui me revenait en tête continuellement, c’était cette lecture entamée, non achevée, que je percevais comme seul lien direct. Alors je me suis décidé à lire encore. Plus j’avançais, plus j’étais perturbé : comment était-il possible d’utiliser un tel niveau de langage, sur des sujets historiques, scientifiques, sociétaux, philosophiques, scientifiques, politiques, tout en faisant baigner tout cela dans la religion, et tout cela de la part d’un arabophone ? Deux options se présentaient à moi : soit il s’agissait d’un canular, soit j’étais en train de faire connaissance avec un homme de génie, et qui plus est, un homme ayant placé Dieu et sa foi au centre de tout. J’avais à peine fini ce livre, qu’à l’évidence, la seconde option se présentait comme étant la seule plausible.

Je poursuivais avec un deuxième livre (La révolution à l’heure de l’Islam, d’Abdesslam Yassine), que je n’avais pas réussi à acheter et que j’avais dû imprimer à la maison pour le lire. Les mêmes ressentis, un niveau de langage époustouflant, un vocabulaire exceptionnel et une syntaxe incroyable. Tous les écrits que j’avais pu lire jusque-là en français me paraissaient médiocres. Je clôturais ce deuxième livre, tout me sentant noyé par tellement de notions, de concepts et de recommandations religieuses et éthiques. J’avais besoin qu’on m’explique pour comprendre, mais aussi pour continuer à faire sa connaissance.

Les héritiers d’une pieuse compagnie

Je continuais les assises avec mes frères, et avec le temps, j’en ai connu d’autres. Mais aussi, je découvrais d’autres types de rencontres, des rencontres avec des « frères et sœurs », ceux et celles qui avaient pu côtoyer cet homme de Dieu, qu’était Abdessalam Yassine, que Dieu lui fasse miséricorde. A chaque occasion, c’est une découverte de plus sur sa personnalité, sa vie, ses choix, mais surtout au sujet de sa pensée, ce fameux projet nommé « Al Minhaj Annabawi », « La Méthode Prophétique ».

A force de patience, de temps, d’interventions, de questions, de réponses, de vidéos, de lectures, de discussions, je découvrais à chaque fois un élément au sujet de cet homme qui avait investi sa vie à vivre et à léguer ce qu’il avait appris sur le chemin qui mène à Dieu en suivant les pas de Son Prophète bien-aimé Mohammed (paix et salut sur lui).

Un homme qui appartenait à une chaîne de foi le reliant au Messager de Dieu (paix et salut sur lui) et qui avait vécu à mon époque ; souvent je me dis que j’ai raté quelque chose à ne pas l’avoir rencontré. Mais aussi vite cette pensée apparue, aussi vite dissipée par celle de ma compagnie de foi, cette compagnie qui a bénéficié d’une compagnie de foi, qui à son tour a bénéficié d’une autre compagnie de foi, et ainsi de suite.

Des liens dans la vie d’ici-bas, pour lesquels j’implore mon Seigneur d’en faire des liens dans la vie dernière, en nous réunissant avec ceux qu’Il a comblés de Ses bienfaits parmi les Prophètes (paix sur eux), les véridiques, les témoins et les pieux. Je demande à Dieu qu’Il nous couvre de Sa miséricorde et qu’Il nous pardonne, ainsi qu’à ceux qui nous ont précédés dans la foi. Ô mon Seigneur, couvre de miséricorde cet homme qui nous a montré une voie vers Toi en toute fidélité avec Ton Prophète Mohammed (paix et salut sur lui). Ô mon Seigneur, fais de nos familles la joie de nos yeux, et fais de nous des guides pour les pieux.

Il y a une compagnie que j’aime. Il y a une compagnie que Dieu aime. Il y a une compagnie par laquelle Dieu bénit. Qu’Il fasse que nous en fassions partie. Amine.

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Abdessalam Yassine : L’Homme et le projet

Testament de l’Imam Rénovateur Abdessalam Yassine

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