La foi, de génération en génération

Dans le silence d’une pièce baignée de lumière, deux générations se tiennent côte à côte, leurs pieds nus posés sur le tapis de prière. La grand-mère, solide comme un arbre aux racines profondes, et la petite-fille, frêle et délicate comme une jeune pousse, unies dans un même geste, dans une même élévation.

Leurs dos sont tournés vers le monde, mais leurs cœurs, eux, se tournent vers le ciel. La grand-mère ne parle pas, pourtant elle transmet. Par ses gestes mesurés, par son souffle apaisé, par l’assurance tranquille de son corps incliné, elle enseigne bien plus que des mouvements : elle transmet une part d’éternité. La petite observe, imite, tâtonne. Ses mains encore maladroites cherchent à reproduire l’invisible discipline qui lie les croyants à leur Seigneur.

Il n’y a pas ici de mots, mais une langue plus ancienne, celle de l’amour et de la foi. La spiritualité s’écoule, discrète et douce, comme l’eau d’une source qui descend vers la terre assoiffée. La prière devient alors un fil invisible qui relie les générations, une passerelle entre l’enfance et la sagesse, entre le présent fragile et l’héritage immuable.

Dans ce geste partagé, la petite apprend que la foi ne se dicte pas : elle se vit, se montre, se goûte. Elle découvre qu’être musulmane, c’est inscrire son cœur dans un rythme plus vaste, hérité de celles et ceux qui ont prié avant elle, et qu’elle transmettra un jour, à son tour.

Ainsi, la grand-mère n’élève pas seulement une prière vers Dieu. Elle élève aussi, doucement, une âme vers la lumière. Et dans le regard silencieux de la petite, c’est déjà toute une promesse qui fleurit : celle de perpétuer la foi dans la douceur et la continuité, de génération en génération.