Le dico de Ramadan : La Patience 

Littéralement, « As-Sabr » (الصبر ) est communément traduit par « patience », « persévérance » ou « endurance ». Au sens étymologique « As-Sabr »se traduit par « la rétention », par le fait de « se retenir », « de préserver ». Le verbe « sabara » (صَبَرَ) dérivé du nom “As-Sabr” signifie “être patient” ou “supporter”. Il est souvent utilisé dans le contexte de l’endurance face à l’adversité ou aux difficultés.

Explorons maintenant le sens de ce thème dans le contexte du Ramadan.   

Le jeûne, la moitié de la patience 

Le Messager de Dieu, paix et bénédiction sur lui, a dit : « Le jeûne est la moitié de la patience et la patience est la moitié de la foi » (1)

Le mois béni de Ramadan est l’école par excellence de la patience. Nous sommes tous d’accord pour dire qu’il faut une grande dose de patience et de constance pour vivre un mois entier avec un fonctionnement très différent des autres mois de l’année. En effet, les croyants inspirés par leur foi et désireux de gagner la Proximité divine, font preuve de patience dès l’aube jusqu’au coucher du soleil sans manger, boire ou vivre une proximité intime entre époux. Ils feront taire leur impatience face au ventre vide afin que leurs cœurs se remplissent de l’Amour de Dieu. 

Les estomacs et les instincts seront contrôlés et éduqués à patienter face à ce qui, pour beaucoup, ressemble à des sacrifices et de la privation. Mais en réalité, lorsque l’on sait pourquoi et pour qui nous faisons les choses, lorsque les intentions sont élevées près du Trône de Dieu, sublimées, renouvelées, purifiées et que l’on met du sens dans nos actes de foi alors tout devient Amour et Gratitude, tout devient Reconnaissance et Joie, tout ce qui semble être difficile et contraignant devient un bonheur sans nom pour les croyants. 

Alors même que le ventre crie famine, que le temps du sommeil se fait plus court et que l’être que l’on aime et avec qui nous nous sommes unis devant Dieu ne peut être approché durant la journée, quelle merveilleuse école et quel privilège que de s’éduquer à l’école de Ramadan à travers la patience et la constance. 

Abû Hurayrah (que Dieu l’agrée) relate que le Prophète (paix et salut sur lui) a dit : « Quiconque jeûne le mois de Ramadan avec foi et en espérant la récompense divine, ses péchés antérieurs lui seront pardonnés. » (2)

Le croyant patiente en espérant une récompense divine dont il ne connaît d’ailleurs pas la valeur. Il entreprend un acte d’adoration avec Amour et Foi sans avoir aucune idée de ce que Dieu, Exalté soit-Il lui réserve. C’est un élan du cœur et de l’âme assoiffés de s’abandonner entièrement aux prescriptions divines, ne recherchant par-là que l’élévation spirituelle et s’exposant tout entier aux effluves du mois de Ramadan. 

D’après Abu-Hurayra, que Dieu l’agrée, le Messager de Dieu, paix et salut sur lui nous dit que Dieu dit : « Toute bonne action des fils d’Adam sera multipliée : la bonne action en vaut dix et peut être multipliée jusqu’à sept cents. Dieu le Très haut dit : « Sauf le jeûne car il est à Moi, et c’est Moi qui en accorde la récompense. L’homme abandonne son désir et sa nourriture et sa boisson pour Moi » (3)

Les niveaux de la patience

La patience se trouve également sur deux autres niveaux. En premier lieu, dans notre vie d’ici-bas qui est pour tous une épreuve. Les difficultés, les épreuves, les deuils, les séparations, les déceptions, les maladies, les pertes que vit l’Homme durant sa vie peuvent être parfois foudroyants. Le croyant patiente face à eux et espèrent une récompense de son seigneur. Il s’en remet à Lui et sait que derrière toute chose se trouve un bien, derrière toute difficulté se trouve une facilité. Il s’arme de patience et fait preuve de résilience dans la foi et l’amour de son Seigneur

Enfin dans un second temps, la patience concerne la foi. Le croyant patiente face aux obligations et prescriptions divines mais également en s’éloignant de tous les interdits et toutes les choses répréhensibles et nuisibles que son Seigneur lui a ordonné de délaisser. 

Le cheminant vers Dieu se plie aux prescriptions et devoirs qui lui incombent durant toute sa vie. Et petit à petit, il passera du rang de « soumis » (musulman, muslim), à celui de « croyant » (moumine), pour s’élever au rang de l’excellence (Ihssane) et deviendra alors un « muhssine ». 

C’est alors qu’il voit les interdits comme un don divin, un cadeau et une chance. Il s’élève à ce rang jusqu’à ce que Dieu, exalté soit-Il, devienne plus important pour lui que ses instincts qu’il a domptés, que ses désirs et ses envies. Son âme complètement élevée à la compagnie de Dieu ne voit plus que Lui, ne désire plus que Lui, n’est tournée que vers Lui, exalté soit Son Nom. Il sait que Dieu à chaque instant le regarde et est présent à Lui. 

Il recherche Son amour, a conscience que Dieu aime les patients et est avec eux, tel qu’Il, exalté soit-Il, nous l’enseigne : « Dieu aime ceux qui sont patients » (4). « Et patientez, et certes Dieu est avec ceux qui patientent ». (5)

  1. Rapporté par Al Boukhari 
  2. Rapporté par Al Boukhari et Muslim 
  3. Rapporté par Al Boukhari 
  4. Sourate 3 V. 146
  5. Sourate 2 V. 153 

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A l’école du jeûne de Ramadan

Une Belle Patience

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