Ramadan, le printemps de mon cœur

Nous voici au matin du lundi 18 avril, 17 Ramadan. L’assise du lever du soleil touche à sa fin. Je l’ai vécue, comme chaque jour de ce mois béni, en la compagnie virtuelle, mais ô combien revivifiante et ressourçante de mes sœurs et frères des “cœurs vivants” : un groupe qui, comme le dit le verset, fait taire son impatience en la compagnie de celles et ceux qui se consacrent à l’évocation du tout Amour, de l’Unique, du tout Clément, en quête et dans l’espoir de voir un jour Son visage. J’entends ma sœur répéter les louanges de Dieu et je reçois ses mots comme une pluie bienfaisante, qui vient étancher ma soif et me propulser vers le ciel. Je me décide à terminer ce texte entamé il y a quelques jours.

La première chose qui me vient à l’esprit est “merci mon Dieu” de me permettre de vivre de nouveau ce mois béni. Je me sens vivre, mais surtout, je sens mon cœur (re)vivre, alors que parfois, bien qu’en vie, je ne le sens plus vivre, ni vibrer. Il semble somnoler, parfois même endormi dans un long et profond sommeil. Ce Ramadan est comme chaque année, le printemps de mon cœur, il refleurit et s’épanouit après ces longs mois d’hiver. Il s’adoucit et s’abreuve à la source divine. Mes sens sont en éveil. Mon cœur semble porté par un souffle divin. Je me sens, tout entière, portée par ce souffle divin et je repense à ce poème brésilien où un homme, marchant sur la plage au soir de sa vie, se retourne et voit les empreintes de ses pas sur le sable. Chaque empreinte est un jour de sa vie et, aussi loin que porte son regard, il distingue, à côté de ses propres pas, d’autres pas. Ce sont les pas de Dieu, qui, toute sa vie, était à ses côtés. Il remarque toutefois que certains jours, il n’y a plus qu’une trace de pas. Ce sont les jours de tristesse, de deuil et de souffrance. “Seigneur, pourquoi, les jours où j’avais tant besoin de Toi à mes côtés, Tu n’étais pas là ?” Le Seigneur lui répond alors : “Les jours où tu ne vois qu’une seule trace de pas sur le sable, ce sont les jours où Je te portais.”

Cette année, Dieu m’a offert un cadeau particulier, que j’appréhendais pourtant. Les circonstances de ma vie font qu’actuellement, je suis hébergée avec ma famille chez ma maman et son conjoint. Ils ne partagent pas ma foi et nous allons jeûner au sein de ce foyer qui n’est pas musulman et loin de mon époux bien-aimé. Je nous ai aménagé un lieu de prière dans notre chambre pour nos veillées nocturnes, au début de la nuit et à l’aube. C’est notre cocon, où nous pouvons prier, évoquer et invoquer Dieu en toute quiétude.

Au matin du 1er Ramadan, ma maman avait posé sur la table, à notre attention, une assiette de crêpes. J’ai été touchée par ce geste simple, mais généreux et attentionné : un geste maternel, qui ignore les religions. Le soir, elle s’inquiète de savoir ce qu’elle peut préparer à manger ou ce qu’elle peut faire pour m’aider à préparer le repas.

C’est un cadeau, car nous nous devons de montrer le plus bel exemple à chaque instant. Ils nous questionnent sur le jeûne.

Voir mes adolescents jeûner et les surprendre parfois en pleine prière doit les interpeller. Je ne sais pas encore tout à fait pourquoi Dieu m’a destinée à vivre cette expérience, mais elle se passe dans la découverte, la bienveillance, l’apaisement, l’entraide et je prie Dieu d’ouvrir leur cœur à la foi en Lui et en Son bien-aimé messager, de laisser Sa lumière s’y immiscer pour les inonder et en chasser le brouillard et l’obscurité.

J’ai reçu un autre cadeau peu avant ce Ramadan. J’ai intégré “Les cœurs vivants”, un groupe virtuel de frères et sœurs où l’on se réunit en Dieu pour célébrer Ses louanges, L’évoquer, L’invoquer, se Le rappeler mutuellement et Le prier à l’unisson, comme un seul et même cœur.

Et oui, certes, le Ramadan est béni et je crains déjà son départ. Mes yeux s’embuent à la pensée qu’il ne sera bientôt plus là. Mais je me réjouis ensuite car le Ramadan n’est après tout qu’une créature et notre Seigneur, le Clément, le Tout-Aimant, le Généreux, Lui, sera toujours là et me portera quand je n’arriverai plus à avancer, me consolera quand la tristesse m’envahira, m’apaisera quand mon âme sera tourmentée et me guidera lorsque je m’égarerai, comme Il l’a toujours fait. Il suffit que je m’adresse à Lui, que je le Lui demande, que je sois présente à Lui. Il me portera à travers les regards aimants et la présence réconfortante de ma famille ; à travers la compagnie bienveillante de mes sœurs, lors de nos assises de foi, nos veillées de prière, nos retraites spirituelles et tous les moments qu’Il nous donne de vivre ; à travers Son évocation en compagnie des “cœurs vivants” et à travers maints et maints signes et petits miracles de Sa part que je ne sais pas toujours reconnaître.

Et si, pendant le Ramadan, nos pas sont plus légers et nos cœurs plus enclins à L’adorer, ils peuvent l’être toute l’année.

Seigneur, je Te demande de faire perdurer les fruits que nous cueillons bien au-delà du Ramadan. Je T’implore de maintenir nos cœurs vivants en Toi et pour Toi jusqu’au jour où nous Te rencontrerons. Seigneur, fais de ce jour le plus beau jour de notre vie.

Amine

2 commentaires

  1. Amine! Bravo pour cette parenthèse de sérénité. Puisse Dieu faire de chacun de nos jours un printemps pour nos cœurs et nous refaire goûter au plaisir de ce mois heureux encore et encore!

  2. Salam Aleykoum

    Je l’ai lu plusieurs fois et à chaque fois mes yeux s’embuent de larmes.

    Quel privilège nous avons de te connaître et de partager ton quotidien ma très chère Aurélie.

    A chaque ramadan, une rencontre et une découverte. Alors que ĺ année dernière, je découvrais les belles âmes de notre sœur Habiba et Naima du groupe « coeurs vivants », tu es la révélation lumineuse de ce ramadan.

    Merci d’avoir écris cet article, merci d’être là, merci d’être toi ♥️♥️♥️♥️

    Que Dieu te préserve et protège ton coeur de la somnolence et du sommeil. Que ton coeur soit à jamais vibrant, vivant et inspirant.

    Amine

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