Combattre la bête (2/2)

La bête puise sa force de notre misère existentielle

Aujourd’hui, nous sommes même plus soumis à d’autres hommes comme l’étaient les esclaves à leur maitre ou les serfs à leur seigneur, nous sommes soumis à un système qui se nourrit de la misère existentielle que nous a imposé la modernité. C’est une domination impersonnelle, basée sur nos frustrations d’êtres sans repère.

Car ce système, cette bête immonde se nourrit de l’absence de Dieu qui n’est plus au centre de tout. C’est l’homme isolé, séparé qui est dorénavant mis au centre.

Mais l’homme n’est pas au centre pour être honoré, il est au centre pour servir de cible. Il est au centre car la logique marchande ne peut pas faire valoriser son capital sans travailleur, sans consommateur. Ce n’est donc pas l’Homme qui est au centre, comme le prétendent les humanistes. Ce n’est que sa fonction de travailleur-consommateur. Et en fait, ce qui est réellement au centre, ce n’est que l’argent, le profit, la machine à valoriser du capital.

 L’Homme qui se reconnaissait à travers son rapport à Dieu et à sa communauté (transcendance et lien social), n’est plus reconnu qu’à travers son rôle de consommateur et de producteur, les seules fonctions qui méritent d’être promues par cette logique de la marchandise. En dehors de cela, il n’est rien.

La modernité, issue des Lumières, à mis en place cette idée loufoque qu’un cœur ne peut être libéré qu’en se séparant de Dieu et de ses semblables (sa communauté).

L’Homme « moderne » ne doit plus être une « personne », c’est-à-dire un homme qui existe et qui doit être reconnu à travers ses multiples facettes identitaires (religieuses, culturelles, communautaires).

L’Homme « moderne » doit devenir un « individu », c’est-à-dire celui qui doit se « séparer » de toutes ses identités pour se « libérer » de toutes ces normes sociales, de tous ces dogmes cléricaux qui a pollué sa raison.

Le problème c’est que l’Homme « séparé » de tout, n’est plus un homme. Il peut rester un bon producteur et un utile consommateur, mais plus un Homme. Ainsi, en voulant fuir le dogmatisme clérical, l’Homme moderne, au cœur désemparé, s’est livré à l’adoration fétichiste de la marchandise.

Triste modernité qui a fui une aliénation pour une autre…

Et, aujourd’hui, en mondialisant ce système de la modernité marchande, on voudrait imposer cette aliénation à tous les autres peuples de la planète.

Les deux piliers : philosophie des Lumières et économie libérale

Quand les marchands et les bourgeois firent tomber la noblesse et le clergé lors de la révolution française, c’était d’abord pour ériger de nouvelles normes sociétales qui répondraient à leurs intérêts.

Et l’intérêt des marchands, c’est qu’ils puissent vendre leurs marchandises sans aucune entrave. Le dogme proclamé fut donc la liberté :

– Dans la notion de liberté chez les philosophes des Lumières, c’est d’abord la liberté dans la rupture et la révolte, jamais dans la réconciliation ou la paix. C’est la liberté pour l’individu de ne vivre que selon ses propres  intérêts sans interférence aucune. C’est une liberté réclamée contre la puissance sociale et le contrôle des esprits de l’institution cléricale. Par la suite, la modernité associée à cette idée de « rupture » justifiera toutes les violences sociales et guerres « légitimes » au nom des « valeurs universelles » qui doivent dominer.

– Dans  la notion de liberté pour la bourgeoisie marchande qui accédait au pouvoir, c’est cette idée d’une liberté de posséder et d’échanger, sans aucune limite morale ni aucune limite imposée par les privilèges du sang. C’est une liberté réclamée contre les privilèges et l’organisation sociale dominante de la noblesse. Par la suite, cette liberté associée à la non-reconnaissance des limites (et donc des règles), légitimera le libéralisme qui imposera sa domination sociale et politique par l’argent et sa prédation de toutes les richesses de la planète.

L’association des deux, la « modernité marchande », c’est le règne de la domination violente « des valeurs humanistes » par l’argent et pour l’argent. Contre l’Homme, Dieu et Sa création.

Le fait de qualifier le système mondialisée qui nous domine par « capitalisme », « libéralisme » ou « néo-libéralisme », c’est lui donner qu’un seul aspect économique, ce qui est une erreur.

Le fondement de ce système est basé sur une croyance qui n’a pu se mettre en place qu’à partir des idées des Lumières, ce qu’on appelle la modernité.

Il n’est pas possible de critiquer le libéralisme économique sans remettre en cause la modernité et les philosophies humanistes des Lumières qui l’ont accompagné.

La modernité a chassé l’Homme, en l’isolant de Dieu, dans l’espoir que sa proie tombe dans les filets du libéralisme économique.  Et aujourd’hui, on voudrait s’en prendre aux filets sans parler du chasseur !

C’est la grande supercherie des mouvements de gauche et d’extrême-gauche qui adulent les idées des Lumières tout en critiquant les effets néfastes du libéralisme économique. Analyser la domination que sous son aspect économique, c’est se limiter aux apparences pour ne pas s’attaquer aux racines du mal qui obligerait à de lourdes remises en cause.

Basse hypocrisie ou ignorance coupable, ces deux monstruosités, modernité et libéralisme économique, se complètent et se renforcent. La bête immonde se mondialise en se nourrissant des deux, elle manipule le cœur des Hommes à son profit pour ensuite être présent dans tous les aspects de notre vie « marchandisés ». Et dans sa course vers une domination totale, elle ne produit que désolation sur notre planète.

Combattre la bête aujourd’hui, c’est combattre la « modernité marchande », c’est rétablir Dieu au centre de nos vies et de nos sociétés. Au profit  de la paix des cœurs et au profit de la Justice.

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