Du savoir-vivre…ensemble
Entrée dans la salle de votes. Oui, bonjour. Je prends mes petits papiers, direction l’isoloir.
Hop, je tire le rideau. Pour certains, le choix est déjà arrêté. Quant à moi, j’hésite encore. Je finis par me décider pour l’un des candidats et glisse mon choix dans l’enveloppe.
Traditionnelle poignée de mains du maire, ma carte d’électeur, une signature : « A voté »
Ca y est. Comme 36 millions de français, ce dimanche, je suis allée aux urnes.
Dimanche soir, le résultat tombe. 27% UMP, 29% PS, 18% FN.
Sans être un éminent politologue, il paraît possible de suggérer quelques interprétations, même partielles, quant aux résultats, qui permettent d’en relever les orientations majeures. Ainsi, 27% des Français se reconnaissent dans la politique menée par Nicolas Sarkozy ces cinq dernières années et souhaiteraient qu’elle se poursuive. 29% choisissent l’alternance en la personne de François Hollande. 18%, enfin, se tournent vers Marine Le Pen. Et la France en débat encore, surprise -semble-t-il- du score élevé réalisé par l’extrême-droite, jamais historiquement atteint.
Mais derrière ces chiffres, il s’agit bien de voix, dans tous les sens du terme. Le vote fait l’écho des aspirations françaises à un certain modèle de société. Et face aux plus radicales de ces aspirations, la tentation du repli communautaire chez les musulmans est grande, comme l’envie de tout laisser tomber. « Ils n’ont qu’à rester entre eux. » « Qu’ils se débrouillent, après tout… »
Sauf que le « eux », c’est aussi « nous »… Chacun doit s’y résoudre : nous sommes condamnés à vivre ensemble !
Il nous faut, pour avancer, pour construire, pour répondre, prendre de la hauteur et dépasser ce sentiment d’agression. C’est vrai, il n’est pas facile de rester serein dans des temps aussi agités où certains politiques, corrompus de pouvoir, relayés efficacement par de serviles médias, ont décomplexé le racisme jusqu’à le rendre ordinaire. L’instrumentalisation de l’islam ne date pas d’hier ; seuls changent ceux à qui le « crime profite ».
Si nous nous reprenons, nous pouvons lire le monde et son actualité, même brûlante, à la lueur de l’invitation divine au vivre ensemble : « Ô hommes! Nous vous avons créés d’un mâle et d’une femelle, et Nous avons fait de vous des nations et des tribus, pour que vous vous entre-connaissiez. Le plus noble d’entre vous, auprès de Dieu, est le plus pieux. »[1]
Et si beaucoup de musulmans vivent de grandes discriminations, beaucoup de ceux qui ne le sont pas vivent de grandes peurs. Chacun semble redouter la rencontre, avec ce sentiment étrange d’avoir plus à y perdre qu’à y gagner. L’autre a-t-il envie de me connaître, de me découvrir, de m’aimer même, sans me juger ni me changer ?
Que les non-musulmans se rassurent, l’islam n’aliène pas, il n’uniformise pas l’être. Et ceux qui souhaitent s’y convertir n’ont pas, pour cela, à devenir arabes. Ils sont riches de leur prénom, de leur histoire et de leur personnalité.
Que les musulmans se rassurent, malgré quelques velléités assimilationnistes qui subsistent encore et voudraient bien voir l’islam se diluer dans le paysage français, ils n’y perdront ni leur âme, ni leur identité.
La France a la réputation d’avoir du style, de cultiver l’art du savoir-vivre. Mais que serait ce savoir-vivre pour soi, sans autre ? Une société uniforme, sans couleur et sans richesse. Je refuse de croire que c’est le modèle auquel la France aspire. Nous partageons, en grande majorité, ce désir de vivre ensemble. Alors, de quoi aurions-nous peur ?
Dieu est Grand, bien plus Grand que toutes nos craintes, nos réticences et nos doutes. Certaines rencontres transforment. Que celles que nous vivrons soient de celles-là.
Un sage indien nous rappelle que « chaque atome, chaque planète, chaque être dans l’univers attend le moment de l’éveil. » Que cet instant soit celui-là.
« C’est ainsi que Nous fîmes de vous une communauté du juste milieu pour que vous soyez témoins aux gens, comme le Messager sera témoin à vous »[2]