Voyage dans le temps de Dhoul Hijja
Dans quelques jours nous entrerons dans un nouveau temps !
Car les jours et les nuits ne se ressemblent pas dans la création de Dieu. Quelle que soit la météo extérieure ou les événements qui sont en premières places dans les discussions mondaines, le temps de Dieu établit ses propres règles, ses priorités, ses bénédictions, et les anges scribes continuent à écrire sans cesse jusqu’au terme imparti.
Le Prophète (paix sur lui) a dit : « Il n’y a pas d’œuvres meilleures que celles faites en ces 10 jours. ». Les Compagnons dirent : « Même pas le Jihâd ? » Il dit : « Même pas le Jihâd, sauf un homme qui sortirait risquant sa vie et ses biens et qui ne reviendrait avec rien (c’est à dire qu’il y perdrait sa vie et sa fortune). » (1)
Il s’agit des 10 premiers jours de Dhoul Hijja. Ce hadith authentique est suffisant pour donner au croyant une direction dans le brouillard général de cette vie d’ici-bas. Chaque œuvre est accueillie auprès de Dieu avec une satisfaction plus importante et des bénédictions en conséquence. Pourtant, cette annonce des 10 meilleurs jours qui passe et ricoche dans les réseaux sociaux ne fait pas forcément naître de résolutions fermes en nos cœurs.
Je pose donc la question :
Comment faire pour élever ma motivation, pour profiter de ces 10 jours de Dhoul Hijja comme il se doit ?
Cette question est la vraie préparation à ce type de grands événements uniques dans l’année. Je vous propose d’apporter quelques bribes de réponses qui alimenteront votre propre réflexion. Mais le simple fait de se poser cette question c’est faire un pas supplémentaire vers ce moment béni. Il s’agit d’une émigration d’un état d’insouciance à un état de présence à Dieu, d’inquiétude pour son devenir.
Le simple fait de se poser la question c’est l’occasion de passer de simple lecteur, spectateur, à acteur principal sous les projecteurs de l’attention divine.
Parfois l’état des lieux n’est pas très glorieux. On se sent fatigué de cette vie, des épreuves. On porte des blessures et on a du mal à se tenir debout. Les difficultés traversées par nos proches nous touchent directement et pèsent comme des montagnes sur nos épaules.
Alors cette bénédiction que Dieu nous offre dans Dhoul Hijja nous semble tellement inaccessible, tel un mirage qu’on regarde avec envie, nostalgie…
A ceux-là, mes frères et sœurs dans l’épreuve, j’aimerais partager avec vous un verset magnifique qui s’adresse à nous : « Ceux qui, après que la blessure les a frappés, répondirent à l’appel de Dieu et du Messager, il y aura une énorme récompense pour ceux d’entre eux qui ont agi avec excellence et ont pris garde. » (2)
Ce verset est descendu dans un contexte bien particulier. En effet, « après avoir quitté le champ de bataille, le jour d’Ouhoud, et pris la direction de la Mecque, les Quraysh regrettèrent de ne pas avoir anéanti les musulmans, et envisagèrent de revenir à Médine. Le Prophète (paix sur lui) le sut, et appela les musulmans à aller à la rencontre des idolâtres pour les dissuader de revenir. Seuls ceux qui avaient pris part à la bataille d’Ouhoud furent autorisés à sortir avec le Prophète (paix sur lui). Les gens se précipitèrent alors pour l’accompagner, malgré leurs blessures. » (3)
La bataille d’Ouhoud a été vécue comme une grande défaite par les musulmans et le moral était au plus bas. Les corps avaient les marques encore fraîches des blessures du combat. Et l’horreur était à son paroxysme lorsque la rumeur de la mort du Prophète (paix sur lui) a traversé les troupes. C’est dans cet état de fatigue générale que l’Appel de Dieu et de Son Prophète a reçu une réponse favorable des croyants.
Inutile de vous rappeler que tout ceci était planifié par Dieu Tout Puissant. Cette mise en scène a mis en valeur la réponse et la fermeté des croyants malgré les épreuves.
Je crois que nous pouvons nous inspirer pleinement de ce verset dans notre vie. En se rappelant que les difficultés que nous vivons, les différentes épreuves ne font que mettre en valeur nos efforts.
Cela étant dit, voici quelques conseils pour nous faciliter ce voyage dans le temps de Dhoul Hijja et profiter pleinement de ce mois béni.
Ecrire ses résolutions c’est le premier conseil pour mettre au défi sa véracité (Sidq)
Dans un article paru sur le site psm-enligne.org, nous trouvons les conseils suivants :
« Pour nos nouvelles résolutions, il est donc nécessaire pour les réaliser de les spécifier, c’est-à-dire que chaque objectif doit être bien défini, le plus clairement possible et de manière positive afin qu’il devienne attrayant et plaisant à réaliser. Un objectif flou a de fortes chances de le rester jusqu’à complètement disparaître.
Ensuite, notre objectif doit être mesurable pour pouvoir suivre son avancement, jusqu’à atteindre sa réalisation. La mesure dépend de chaque personne et de ses activités quotidiennes, et selon notre mode de vie, nous allons fixer la quantité mesurable par jour ou par semaine par exemple.
Il s’agit ensuite de se fixer un objectif atteignable, c’est-à-dire qu’il faut fixer la barre au bon niveau, ni trop haut pour ne pas être découragé et ni trop bas pour ne pas s’ennuyer car dans les deux cas, le risque est de délaisser cet objectif.
La condition suivante est qu’il doit être réaliste, c’est-à-dire qu’il doit prendre en compte nos ressources (temps, argent, …) et notre contexte (familial, professionnel, …). Un étudiant célibataire n’a pas les mêmes conditions qu’un parent par exemple. C’est une réalité dont il faut tenir compte, car le cas échéant elle finira par nous rattraper et rattraper nos objectifs évidemment.
Et enfin, « un objectif sans date est juste un rêve. » (4) … nos objectifs doivent avoir un délai, c’est ce qui y mettra du « piment », du bon stress car il y a une date butoir… et sans cette date, nos objectifs peuvent bien durer …. toute la vie !! »
Une bonne compagnie
Il n’y a plus de secrets, pour pouvoir élever les motivations, et les maintenir au beau fixe, il faut bien s’entourer. Trouver celles ou ceux qui partagent cette même flamme. Dhoul Hijja, comme l’ihtikaf (retraite spirituelle) auparavant, commence à s’installer dans les mosquées, les centres culturels… Des initiatives timides pour l’instant mais qui prennent de plus en plus de force, proposent de s’entraider pour adorer Dieu. Ensemble nous sommes plus forts. Et toute la vie du Prophète (paix sur lui) avec ses compagnons le confirme. Les compagnons avaient du mal à quitter le Prophète (paix sur lui) car il concrétisait la source de lumière à laquelle les compagnons puisaient pour cheminer vers Dieu. Le soir, après la dernière prière en groupe, certains compagnons restaient devant l’appartement du Prophète (paix sur lui) les larmes qui coulaient sur leur visage de cette séparation de quelques heures…
Ce sentiment d’amour qui prend force dans le groupe est d’autant plus essentiel dans les périodes où Dieu est plus attentif et plus prompt à récompenser tels que ces 10 jours de Dhoul Hijja.
Puisse Dieu nous accorder l’occasion de Le satisfaire.
(1) Rapporté par Boukhari, selon ibn ‘Abbas
(2) Sourate 3 verset 172 : الَّذِينَ اسْتَجَابُواْ لِلّهِ وَالرَّسُولِ مِن بَعْدِ مَآ أَصَابَهُمُ الْقَرْحُ لِلَّذِينَ أَحْسَنُواْ مِنْهُمْ وَاتَّقَواْ أَجْرٌ عَظِيمٌ
(3) Aysar At-Tafasir, As’ad Mahmud Hawmad, Maison d’Ennour, p.293
(4) Citation de Milton Erickson
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