De Science Po Paris à Harvard, les campus se mobilisent pour la Palestine

Alors que la colère d’étudiants américains propalestiniens contre la guerre grossit aux États-Unis, avec des face-à-face tendus avec la police, les forces de l’ordre ont évacué dans la nuit les étudiants qui occupaient les locaux de Science Po Paris.

« Science Po complice ! Israël assassin ! » C’est en scandant ce slogan que quelques dizaines d’étudiants de Science Po Paris ont évacué les locaux de l’école sur intervention des forces de l’ordre dans la nuit du mercredi 24 au jeudi 25 avril.

Mercredi soir, « l’amphithéâtre extérieur du campus du 1 rue Saint-Thomas a été occupé par une soixantaine d’étudiants militant en faveur de la cause palestinienne, contribuant à un fort climat de tensions pour les étudiants, les enseignants et les salariés » de l’école, selon la direction qui a transmis un message à l’AFP.

Cette mobilisation avait été organisée par le Comité Palestine de Sciences Po. Une vaste banderole aux couleurs du drapeau palestinien (rouge, blanc, vert et noir) avait été accrochée à une passerelle à l’intérieur du bâtiment.

« Vive, vive la Palestine ! », ont scandé les étudiants, notamment en arabe, tandis que des tracts étaient distribués aux personnes présentes, appelant à une « veillée pour la Palestine ».

Le 12 mars, quelque 300 étudiants et militants propalestiniens avaient occupé un amphithéâtre de la prestigieuse école, dans le cadre d’une « journée de mobilisation universitaire européenne pour la Palestine ». L’Union des étudiants juifs de France (UEJF) avait alors dénoncé des propos antisémites, ce qu’ont contesté les étudiants pro-Gaza.

Selon des témoignages recueillis par l’AFP mercredi soir, les étudiants rassemblés sur le site de la grande école parisienne réclamaient que Science Po « coupe ses liens avec les universités et les entreprises qui sont complices du génocide à Gaza » et « la fin de la répression à l’encontre des voix propalestiniennes sur le campus ».

Ce sit-in s’est tenu alors que plusieurs universités américaines sont le lieu de mobilisations étudiantes avec en toile de fond la guerre que mène Israël à Gaza.

La colère d’étudiants américains propalestiniens contre la guerre a même grossi mercredi aux États-Unis, avec des face-à-face tendus avec la police au Texas, à New York, en Nouvelle-Angleterre et en Californie.

Mercredi 25 avril, 93 personnes ont été interpellées lors d’une manifestation sur le campus de l’université de Californie du Sud à Los Angeles.

En visite à l’université Columbia à Manhattan, d’où est parti cette dernière vague de manifestations étudiantes commencées en octobre, le président républicain de la Chambre des représentants du Congrès, Mike Johnson, a menacé : « Si la situation n’est pas maîtrisée rapidement et si les menaces et intimidations ne cessent pas, il sera alors temps de faire appel à la Garde nationale ».

Proche de l’ex-président républicain Donald Trump candidat à sa réélection, Mike Johnson a averti qu’il exigerait du président démocrate Joe Biden d’« agir » et jugé que les manifestations propalestiniennes « mettaient une cible sur le dos d’étudiants juifs aux États-Unis », qui comptent le plus de juifs au monde (quelque six millions) après Israël.

Depuis plus d’une semaine, des dizaines d’étudiants ont installé un « campement de solidarité avec Gaza  » sur la pelouse de l’université Columbia en plein centre de New York, source de tensions sur le campus. Ils demandent à la direction de l’université de couper ses relations avec des entreprises possédant des liens avec Israël.

Depuis le regain de tensions la semaine dernière à Columbia, le mouvement s’est étendu à 30 universités au cours des derniers jours, et des étudiants de plusieurs autres ont signalé leur intention de se joindre à ce qui est considéré comme l’une des plus grandes mobilisations contre la guerre et le complexe militaro-industriel américain depuis la guerre du Vietnam.

Notamment dans les États de la Nouvelle-Angleterre, dans le nord-est, où des prestigieuses universités ont demandé à la police d’interpeller des manifestants étudiants qui dénoncent l’alliance militaire, diplomatique et économique des États-Unis avec Israël et critiquent les conditions actuelles des Palestiniens.

Dans la nuit de lundi à mardi, 120 personnes ont été brièvement interpellées devant l’université de New York (NYU), à Manhattan. À Yale, dans le Connecticut, une cinquantaine de manifestants ont aussi été interpellés. Entre discours et concerts, les manifestants ont également organisé des prières musulmanes ainsi que des repas pour fêter la Pâque juive, célébration qui a débuté lundi.

Mardi, les administrateurs de l’université ont construit un mur pour empêcher les manifestants de s’emparer des principaux biens immobiliers du campus.

Plusieurs passants se sont arrêtés, ont pris des photos et se sont moqués de ce qu’ils ont qualifié de « réponse pathétique de l’université » pour réprimer la liberté d’expression.

La construction du mur, selon les étudiants, illustre la manière dont l’université a traité les étudiants et les professeurs qui ont osé aborder le sujet de la Palestine ou de ce qu’ils appellent le génocide en cours à Gaza. Ils évoquent une culture d’intimidation, de peur et de manipulation à l’origine de la suspension d’étudiants et de la résiliation de contrats du personnel enseignant.

À Harvard, la plus ancienne université des États-Unis, en banlieue de la cité historique de Boston, a vu aussi mercredi se monter sur son campus arboré un campement.

À l’autre bout du pays, l’université du Texas à Austin, ville dynamique progressiste de cet État conservateur du sud des États-Unis, a été le théâtre d’un face-à-face entre des centaines d’étudiants propalestiniens et la police, dont nombre d’officiers à cheval et en tenue anti-émeute.

Certains brandissaient des drapeaux palestiniens et portaient le keffieh, d’autres, encadrés par des policiers, s’étaient enveloppés dans des drapeaux d’Israël.

Et à l’université de Californie du sud (USC), plusieurs centaines d’étudiants ont manifesté aux cris de « libérez la Palestine  », « révolution par l’Intifada ».

Dans la foule très diverse, certains agitaient des drapeaux palestiniens, d’autres portaient des keffiehs et des pancartes appelant à « arrêter le génocide » et à un « cessez-le-feu ».

Via
Middle East Eye

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