Un petit mot de reconnaissance, pour un GRAND HOMME
Mot d’ouverture à l’occasion de l’hommage rendu à l’imam Abdessalam Yassine le 1er Janvier 2013 en Ile de France.
Au nom de Dieu, Le Tout Miséricordieux, Le Très Miséricordieux
Chères sœurs, Chers frères,
Nous sommes réunis aujourd’hui, en hommage à un grand homme : l’Imam rénovateur et novateur Abdessalam Yassine, fondateur de l’Ecole de Justice et Spiritualité (Al Adl Wal ihsane).
Il vient de nous quitter après avoir accompli sa mission. Une des plus nobles dont un homme peut rêver sur terre.
Que dire? Et par quoi commencer quand on a la délicate tâche de parler d’un homme de cette envergure, un homme exceptionnel parmi les grands hommes qui marquent l’histoire, ou plutôt par qui, Dieu, Exalté, oriente l’histoire.
1- Sa vie était un long voyage spirituel, une quête sincère de Dieu seul, qui l’a élevé au degré de la certitude et la véracité.
C’est un homme de Dieu (Rabbani), un maître éducateur à qui des générations successives sont redevables d’être orientées et guidées par ses soins sur la voie méthodique du cheminement vers Dieu, par la parole éloquente et touchante, par les actes concrets du jour et de la nuit du croyant, par le modèle sincère de sa propre personne.
2- Sa vie était une vie de labeur, faite d’apports abondants dans des domaines variés et difficiles à concilier ou à cerner par une seule personne : Le spirituel, l’intellectuel, l’éducatif, le scientifique ou l’organisationnel.
Il est un penseur hors norme. Il l’est par la profondeur et par l’étendu d’une pensée fertile, abordant des domaines aussi variés que la spiritualité, la jurisprudence, l’histoire, l’économie, l’éducation, la poésie et la linguistique. Il l’est d’autant plus qu’il n’est pas de ces intellectuels qui s’enferment dans leur tour d’ivoire loin de la réalité. A la réflexion théorique, il a toujours joint l’action de terrain, éduquant, formant des générations de femmes et d’hommes aspirant à Dieu, organisant leurs rangs pour asseoir les bases d’une communauté juste, fraternelle, invulnérable et hors d’atteinte des gros bras du despotisme marocain.
Malgré les moyens colossaux déployés par les irradicateurs de sa pensée et de son œuvre cherchant -par tout les moyens- à le réduire au silence, il est resté inébranlable comme une montagne, répandant autour de lui la lumière et la sagesse qui est la sienne, il n’épargnait ni ses prières ni ses conseils à ceux qui lui ont fait le plus de tort.
Son œuvre, aujourd’hui unanimement reconnue et respectée au Maroc, a franchi les postes frontières depuis bien longtemps en dépit d’une surveillance policière très étroite. Ce géant est trop grand pour être maintenu cloîtré dans les « réalités marocaines », il est universel et son œuvre est un cadeau dédié à l’homme au-delà de toutes les frontières.
Saluée et appréciée par un large spectre d’intellectuels et d’hommes de sciences l’Ecole de la Méthode prophétique « Minhaj Annabawi » a de nos jours une présence sur les cinq continents et sa production littéraire est étudiée de par le monde.
3- La vie de cet auguste homme était un parcours sans faute de résistant de la première heure, de combattant juste (moujahid), alliant sincérité profonde, constance qui ne fléchit point et intransigeance qui ne décolère jamais face à l’injustice. Il n’a cessé de dénoncer les travers du passé et du présent qui conduisent à la servilité de l’Homme, le privant de son droit fondamental et suprême d’être serviteur de Dieu Seul.
C’est normal, il est un homme Libre, libéré de toute pesanteur, susceptible de le pousser à fléchir ou à donner la moindre concession au détriment de ses principes ou à se contenter du verre à moitié plein dans sa quête de justice. Un homme juste, qui ne s’incline que devant Dieu SEUL, Exalté, voilà l’excellence.
Un mot ici pour saluer sa petite famille qui ne lui a jamais fait défaut, qui l’a constamment épaulé dans les moments difficiles, endurant avec lui l’injustice et l’oppression, et subissant pour cela d’énormes contraintes.
C’est plus qu’un simple hommage que nous voulons lui rendre aujourd’hui, rien de semblable à ces cérémonies d’usage à chaque fois qu’un être cher nous quitte, dénombrant ses qualités avec émerveillement en l’espace de quelques heures pour céder ensuite rapidement à l’oubli.
C’est au contraire un rappel perpétuel pour nous tous, retentissant à l’infini, nous invitant à prendre exemple sur la vie de cet homme modèle, nous incitant à méditer sur son cheminement, à découvrir et à redécouvrir sa pensée, à écouter avec nos cœurs ses conseils de maître et d’expert.
C’est une invitation à maintenir l’éclat de l’école qu’il a fondé, à diffuser l’œuvre monumentale qu’il nous a léguée pour le bien de l’Homme, pour le salut de l’Humanité. Car il était un homme pétri d’amour pour cette Humanité toute entière.
Lourd est donc le testament qu’il nous a laissé, colossal est le legs qu’il nous a confié. Ni la profondeur de la pensée, ni le courage exemplaire du combattant sincère qu’il était ne doivent nous cacher le pilier central autour duquel s’est construite cette œuvre monumentale et s’est déroulée cette vie glorieuse : Parler de Dieu, guider vers Dieu, rappeler Dieu, faire connaitre Dieu :
« Je serai le plus heureux si mon témoignage gagne l’ouïe d’auditeurs conscients, si mon cri calme les réveille de leur insouciance, et éveille leur cœur, s’ils tournent le dos aux (tentations) de la vie ici-bas et s’alertent vers qui les guide à Dieu, au point de connaître Dieu.
Je serai le plus heureux si mon registre de bonnes actions recèle des foules de bel-agissants (mohsinine) à qui j’ai été une voix disant : La voie, c’est par ici ! Le commencement c’est ici ! »[1]
« Nous sommes à Dieu, et à Dieu nous retournerons »
Invoquons et prions Dieu, le Très-Haut, afin qu’Il l’enveloppe de Sa grande Miséricorde, qu’Il l’élève parmi les véridiques et les sincères en compagnie de notre bien-aimé Prophète, paix et salut sur lui. Amin
[1] Paroles de l’imam Abdessalam Yassine, que Dieu lui fasse Miséricorde