Une fabuleuse rencontre avec Maria Montessori

C’est en cherchant une autre façon d’apprendre aux enfants que j’ai rencontré une femme d’exception.

Plusieurs fois, je me suis trouvée démunie face à un enfant en détresse ou complètement bloquée. Je me sentais impuissante et culpabilisais, car moi enseignante je n’avais pas de réponse, je ne pouvais donner ce que j’aime par-dessus tout, l’envie d’apprendre.

 

C’est alors, que j’ai entamé une recherche sur les nouvelles pédagogies, un souvenir d’un cours d’IUFM. Les méthodes nouvelles…

Mais celles-ci sont nées il y a plus d’un siècle. On peut se questionner sur ce temps de réflexion que l’on prend en France….. Car ces méthodes ont bien évoluées dans nos pays voisins et même de l’autre côté de l’Atlantique.

Celle qui a retenue mon attention est la méthode Montessori. J’ai découvert que ce n’était pas seulement une pédagogie mais l’histoire d’une femme qui m’a profondément touchée.

Maria Montessori est née en 1870 en Italie, elle intègre une faculté de médecine malgré les hostilités de son entourage et de ses confrères masculins. Elle continue et persévère et devient la première femme médecin en Italie en 1896.

Elle est par la suite nommée dans un hôpital psychiatrique pour s’occuper d’enfants dits « débile léger ». Elle y restera 10 ans. C’est en leur compagnie, qu’elle s’aperçoit que ces enfants ne relèvent pas de problèmes médicaux mais de problèmes de pédagogie. A l’aide de ses connaissances scientifiques et en s’appuyant sur les théories de Jean Itard et Edouard Seguin,[1] elle crée différents matériels et les expérimente avec ses enfants. Elle ira même jusqu’à leur faire passer le même examen de fin d’étude que des enfants normaux et ils auront les meilleurs résultats.

Le ministre qui suit ses travaux et lit ses rapports, lui propose alors de former des enseignants et lui donne une classe expérimentale dans un quartier en rénovation. Pour éviter que les enfants ne détériorent les bâtiments, ils iront en classe. C’est la première Casa dei bambini en 1907. C’est à cet instant, que sa méthode va devenir internationale.

Maria voulait que les enfants découvrent par eux-mêmes et construisent leur propre stratégie, l’éducateur est seulement là pour guider. Elle le dit par cette phrase : « l’enfant n’est pas un vase que l’on remplit mais une source que l’on laisse jaillir ». Telle est la philosophie de l’éducation de Maria Montessori.

Par cela, l’éducateur observe, ne juge pas mais propose et guide les enfants. Tout le matériel, qu’il soit scientifique, dans le langage, l’écriture, et autres commence par le sensoriel. L’enfant manipule, utilise tous ses sens, se contrôle (apprend à être autonome) et construit son savoir. Maria Montessori explique que les enfants ont des périodes sensibles et c’est donc pour cela qu’ils vont répéter pendant une journée ou plusieurs jours les mêmes gestes. Car ils découvrent et construisent leur savoir, s’approprient leurs stratégies.

Je peux vous dire que c’est une joie immense lorsque l’on est témoin d’une découverte. Exemple, lorsqu’un enfant découvre qu’en associant plusieurs lettres, il peut lire. Ou après avoir manipulé des lettres rugueuses qui permettent de sentir la graphie des lettres mais aussi d’y associer le son. Ou encore lorsqu’un enfant comprend que pour dix unités on a une dizaine, c’est magique ! Leurs yeux s’illuminent et sont heureux de vous expliquer ce qu’ils ont compris.

Lors de séances de soutien, je présente des plateaux aux enfants. Car tout le matériel se présente par plateau pour qu’ensuite l’enfant soit autonome. Maria Montessori a développé tout un ensemble de matériel en mathématiques, qui permet aux enfants de manipuler, sentir, puis d’y associer les symboles pour enfin passer à l’abstraction. Par exemple pour les techniques opératoires, les enfants utilisent le « jeu » de la banque, c’est un système qui permet d’énumérer et de faire des échanges.

Souvent, je leur demande ce qui ne va pas et pourquoi ils ne veulent pas apprendre ? Généralement, ils ne savent pas comment apprendre. Ils attendent qu’on leur dise quoi faire. Ils n’ont plus ce réflexe de découverte qu’ils peuvent avoir lorsqu’ils commencent à se déplacer et à découvrir leur univers. On les a amputés de ce pouvoir !!!

La méthode Montessori est la seule qui m’a permise de voir des enfants heureux de venir lire, compter, faire de l’analyse grammaticale et surtout avoir une envie d’apprendre, de découvrir. C’est un très bon outil pour travailler après la classe, ou expliquer d’une autre manière afin qu’ils puissent s’approprier leur cheminement.

Enfin pour conclure, quelques mots de Maria Montessori :

« Notre matériel a la particularité d’offrir ce contrôle d’une façon visible et tangible, un petit de deux ans peut s’en servir et en acquérir la notion en avançant sur la voie du perfectionnement. Avec la pratique quotidienne de ces exercices, il acquiert la possibilité de corriger ses erreurs et, en même temps, d’être sûr de lui. Cela ne veut pas dire qu’il devient parfait mais en acquérant la connaissance de ses propres possibilités, il devient capable de faire quelque chose. Il pourrait dire “je ne suis pas parfait, je ne suis pas puissant mais je sais faire cela, je connais ma force et je sais aussi que je peux me tromper et me corriger alors je connais mon chemin… ” Le contrôle matériel de l’erreur amène l’enfant à accompagner ses exercices d’un raisonnement, la conscience de l’enfant est ainsi préparée à contrôler ses erreurs, même quand ce ne sont plus des erreurs matérielles… »[2]

 


[1] Jean Itard, médecin français du 19ème siècle, spécialiste de la surdité et de l’éducation spécialisée. Edouard Seguin, un médecin et pédagogue français, pionner de la psychiatrie de l’enfant

[2] Extrait du Manuel Montessori

 

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