Pourquoi ne pas lui donner sa chance?

Cette expression qui est plus une prétérition qu’une interrogation est probablement à la base du triomphe électoral annoncé des candidats LREM aux élections législatives ; c’est ainsi qu’un jeune homme qui était pratiquement inconnu il y a deux ans, s’apprête à recevoir l’onction populaire d’un pouvoir absolu pour les cinq prochaines années…

La démocratie française est ainsi faite qu’elle peut habiller la république des sans-culottes d’un smoking ou d’une jaquette en ne faisant miroiter à l’opinion publique que  les apparences et les paillettes.

Guy Debord  aurait pu trouver dans la situation présente de quoi alimenter ses réflexions pertinentes sur la “société du spectacle”…

Car il s’agit bien de cela lorsqu’on peut constater le poids de l’image dans la perception de la vie politique, la prépondérance de la Com et du “paraître” dans la cristallisation des intentions de vote : comme dirait Paris-Match, c’est le choc des photos.

Pour avoir refusé de prendre ce train à l’issue du premier tour, Jean-Luc Mélenchon, qui avait pourtant réalisé une exemplaire campagne en faisant la pédagogie d’un possible (et raisonnable) “avenir pour tous”, va sans doute se retrouver relégué avec une bonne douzaine de députés à l’Assemblée nationale alors que le mouvement des “insoumis” dont il était le porte-parole, avait pu recueillir un peu plus de 7 millions de suffrages !

Le même sort semble réservé aux vestiges du Parti socialiste qui paye ainsi non seulement l’ardoise du quinquennat calamiteux de François Hollande mais aussi cette stratégie de la désunion, martingale habituelle de la social-démocratie, qui est mortifère pour la gauche.

Nous allons donc voguer vers l’inéluctable, c’est à dire vers le pouvoir absolu d’un homme dont on ignore les idées et les convictions, qui va s’appuyer sur un marais de plusieurs centaines de députés, étiquetés au centre ( c’est à dire à droite ) pour la mise en oeuvre d’une politique incertaine, globalement approuvée par le MEDEF et imposée aux syndicats ouvriers réduits à l’impuissance par l’ampleur de la victoire législative, le tout étant rythmé par la “marche consulaire à Marengo”.

La république bourgeoise peut continuer à cultiver son champ des privilèges et de l’injustice sociale où poussent “l’anémone et l’ancolie”, mais “où dort la mélancolie entre l’amour et le dédain”.

Adolphe Thiers aura eu de beaux héritiers.

Source : https://blogs.mediapart.fr

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

Bouton retour en haut de la page