Université d’été européenne – édition 2013

Choisir un lieu où le temps semble s’arrêter, monter une équipe organisationnelle de choc, réunir des hommes et des femmes pour un moment de rappel, enrober le tout de fraternité et saupoudrer de miséricorde, vous obtiendrez un weekend unique propice à la réflexion collective. C’est ainsi que l’on pourrait définir cette rencontre fraternelle à échelle européenne qui s’est tenue pour la neuvième année consécutive. L’édition 2013 s’est déroulé les 1er et 2 Juin derniers dans un centre de loisirs à proximité d’Anvers en Belgique sous le thème : « Transmission des valeurs vers les générations futures ».

Promenade écolo

Le week-end a débuté avec une promenade « écolo » sur le site fortement boisé de la rencontre. Ce moment de détente fut l’occasion de découvrir les subtilités du cadre naturel. Les gîtes étaient perdus au milieu d’une forêt de conifères, où l’on croise de temps à autre de petits plans d’eau ou des zones marécageuses, au travers de sentiers plus ou moins tracés, permettant d’apprécier le calme naturel qu’inspirent les lieux. Le guide de cette sortie matinale nous fît même un petit cours de botanique. Il nous informa que l’acidité des épines de pin provoque une disparition de la végétation au pied de ces arbres, loua les bienfaits d’une bonne soupe aux orties et la possibilité d’élaborer un purin « bio » en laissant les orties mariner quinze jours dans de l’eau, et rappela aussi le rôle des abeilles dans la pollinisation.

Ainsi, il sut faire parler ce silence que beaucoup ne savaient guère décrypter. La nature est dotée d’une harmonie particulière permettant à ses écosystèmes de s’établir. Souvent l’Homme, mettant en œuvre des logiques de profit, ne se donne pas les moyens de mesurer l’impact de ses actes sur l’environnement, et intervient de façon intrusive et préjudiciable.

Après cette petite excursion, nous retournâmes dans l’environnement studieux des logis afin de lancer l’édition 2013 de l’université d’été européenne…

Questions de transmission

Tout d’abord, une introduction qui pose les fondements du thème. Toute entité, tout système, toute structure dont la durée de vie se veut supérieure à celle de l’humain s’intéresse inévitablement à la question de la transmission. La jeunesse est en même temps louée et responsabilisée dans le Coran et la tradition prophétique. C’est l’une des ressources sur laquelle Dieu nous interroge : « Ta jeunesse, comment l’as-tu épuisée ? ». Les modèles ne manquent pas dans le Coran.  Le jeune futur prophète Abraham défia son peuple en cassant leurs idoles et affronta le feu du pouvoir despotique. Le jeune Joseph qui fit prévaloir son être pur face aux logiques charnelles de séduction, se retrouva récompensé d’une science et d’une sagesse qu’il utilisa pour sauver son monde de la famine.

Mais comment transmettre à la jeunesse ? Que léguer à la jeunesse ? Comment préparer la jeunesse à recevoir ? Quelles conditions doit-on remplir ? Quelle place donner à la jeunesse dans le projet ?… Une foule de questions et tant d’autres encore, qui nécessitent d’être décortiquées et qui ont été placées au cœur de cette rencontre fraternelle.

Les ateliers « tournants » et Forum-débat

Après cette introduction générale, les participants sont passés à l’œuvre afin de plancher plus en détail sur les questions. Nous eûmes l’opportunité de découvrir une nouvelle forme de réflexion : « les ateliers 180°», une sorte d’ateliers tournants[1]. Le principe consiste à mettre en place des ateliers, chacun caractérisé par un sujet et un hôte. Les participants sont répartis en autant de groupes que d’ateliers, puis un roulement s’effectue toutes les trente minutes de sorte que chaque groupe puisse apporter ses idées sur chacun des thèmes abordés dans les ateliers. L’hôte synthétise les discussions du groupe précédent avant de continuer avec le nouveau.

Une séance plénière regroupant l’ensemble des participants donne la parole aux hôtes pour restituer l’ensemble des débats. Celle-ci fut programmée pour le lendemain matin. Les ateliers furent une véritable ruche, ça bourdonnait de partout, chacun s’est senti impliqué et pouvait contribuer dans une réflexion commune dynamique et fraternelle. Il fallait donner le meilleur de soi pour avoir la meilleure matière à synthétiser pour tous.

Au cours des ateliers, un autre groupe, isolé, était chargé de créer une activité inédite. C’est en début de soirée que nous eûmes l’honneur de découvrir leur projet : une technique intéressante qui réconcilie divertissement et débat sérieux, «un forum-débat ». Sur scène, une sorte de show commence (débat, théâtre, …), puis à des moments précis le public s’en mêle et s’approprie le débat et la scène en réagissant de façon interactive.

L’assise spirituelle

En milieu de soirée, avec ces journées longues où il faisait encore jour, place à l’assise spirituelle pour écouter la Révélation. Les jeunes sont à l’honneur à travers plusieurs récits coraniques.

L’exemple des jeunes de la caverne qui se sont démarqués des fausses idoles de leur peuple, puis, persécutés, cherchèrent refuge auprès de Dieu dans une caverne. Dieu leur fit cadeau de voir leur peuple, trois cents ans plus tard, guidé sur le droit chemin.

Puis celui du jeune Mous’ab ibn ‘Oumayr, compagnon du Prophète, paix et salut sur lui, qui choisit de troquer sa vie aisée et opulente, pour une vie dédiée à Dieu. Il fut le premier ambassadeur du Prophète à Médine (ex-Yathrib) pour préparer l’Hégire. Il fit preuve de sagesse et d’intelligence.

Enfin, l’exemple du jeune apprenti sorcier qui fréquentait un dévot, a su faire son choix lorsqu’il découvrit la vérité. Il investit sa propre vie pour délivrer son peuple de ce qui, désormais, lui apparaissait comme une imposture.

Ainsi, cette assise a permis de prendre conscience du lien qui peut toujours s’établir entre un jeune et son Seigneur. Et surtout de mesurer le don de soi dont ont pu faire preuve des jeunes par choix et conviction au service de Dieu.

Conclusion

Le lendemain, après la prière de l’aube, la discussion se poursuivit. Après un petit déjeuner copieux, place aux comptes-rendus des ateliers. Puis, l’inéluctable mot et invocations de la fin.

La réflexion n’en est encore qu’à ses débuts, mais il est clairement constaté que la transmission à la jeunesse passe par la préparation d’un environnement adéquat, la maîtrise du contenu à transmettre et la manière de le transmettre, et enfin éveiller des vocations si la grâce et la guidée de Dieu Exalté nous vient en aide. C’est ainsi que l’on pourrait résumer les idées apportées par la réflexion collective autour des questions abordées.

 


[1] Cette méthode des « ateliers 180° » trouve son origine dans deux autres formes de réflexion que sont :

· le « Worlds café » : concept qui permet de prendre en compte la complexité dans la réflexion et donc d’éviter que n’apparaisse une polarisation du débat, et qui repose sur la participation/la contribution de tous (pour plus d’information, cf. Edgar MORIN).

. le mouvement des « villes en transition » : concept qui repose sur l’intelligence collective et qui place la concertation au centre (pour plus d’informations, cf. Rob HOBKINS).

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