Le Mariage, école de la vie

La douceur de la pluie et un ciel coloré
Donnent aux sages, matière à méditer
Tout autant que l’empreinte appuyée d’un passage
Qui témoigne de la venue des vertueux sans âge.
Telle est l’image de l’esprit collectif et de la force commune,
Car une seule goutte  n’arrose ni n’enrhume comme la brume.
Et cependant au nom de Dieu toute brume se dissipe,
Pour laisser place à la pensée et aux salutations sur le saint Prophète.

Les métallos de la foi

Les hommes de fer peuvent être gantés de velours. Solides dans leurs convictions, doux dans leurs réactions. Constamment en fusion, à force de se repentir, ils se renouvellent et ainsi se débarrassent de leurs défauts. Inoxydables, leurs cœurs vivant du rappel de Dieu tressaillent en Son souvenir. Malléables même à froid, ils s’efforcent d’entrer dans le moule prophétique. Ils en deviennent blindés, à l’épreuve des balles du destin, ils en deviennent éclatants, tout comme les joyaux des couronnes. Ils sertissent à merveille cette couronne par leur bonté et leur patience. Et aiment renforcer les maillons d’une chaîne vertueuse.

«Les gens sont des métaux, tels que  l’or et  l’argent, nous enseigne le Messager de Dieu, paix et salut sur lui. Les meilleurs d’entre eux avant leur conversion seront leurs meilleurs en Islam une fois qu’ils auront bien compris l’Islam. Les âmes sont des armées mobilisées. Celles d’entre elles qui se reconnaissent s’attirent et celles qui se méconnaissent se repoussent»[1].

Ainsi fut notre minute de sens.

Méditons quelques versets : sourate la vache, verset 177

«  La bonté pieuse ne consiste pas à tourner vos visages vers le Levant ou le Couchant. Mais la bonté pieuse est de croire pleinement en Dieu, au Jour dernier, aux Anges, au Livre et aux prophètes, de donner de son bien, quelque soit l’amour qu’on en ait, aux proches, aux orphelins, aux nécessiteux, aux voyageurs indigents et à ceux qui demandent l’aide et pour libérer les captifs, d’accomplir la prière et de s’acquitter de l’aumône légale. Et ceux qui remplissent leurs engagements lorsqu’ils se sont engagés, ceux qui sont endurants dans la misère, la maladie et quand les combats font rage, les voilà les véridiques et  les véritables pieux ! »

« Al birr » est une notion coranique très élevée qui synthétise la bonté, la charité, la générosité de bon cœur, d’une foi sincère. Issue directement du cœur, elle s’affranchit des filtres intellectuels et se manifeste par des gestes sincères et francs. 

Dans ce verset, nous retrouvons tout d’abord le désaveu de Dieu par rapport à ce que l’on peut nommer « le quiétisme », cette attitude passive, voire égocentrée sur son propre salut. Il nous rappelle l’abandon à Dieu avec conviction en adhérant pleinement à un message à portée autant spirituelle que sociale. D’abord, cette confiance en Dieu et en Ses promesses quant au Jour Dernier, Jour des conséquences. Puis cette sensibilité au monde invisible des Anges, cette certitude quant au Livre révélé et cette propension à marcher sur les traces des Prophètes. Et immédiatement, cette consistance intérieure se manifeste par des gestes de bonté, quitte à lutter contre son attachement, parfois à son propre détriment, en ce bas-monde. Mais la vie dernière nous réserve des délices plus intenses, nous enseigne le saint Prophète, paix et salut sur lui.

Enfin, Dieu témoigne en faveur de ceux qui incarnent ce modèle de patience et de sincérité. 

Le mariage, l’école de la vie

Parfois compris comme un simple acte social, ou une formalité familiale, quelquefois réduit à l’attachement affectif, ou au devoir parental, le mariage représente pourtant une véritable source d’enseignements.

« Si le serviteur se marie, il a complété la moitié de sa religion, qu’il craigne Dieu dans l’autre moitié. »[2]. Dans ce hadith célèbre, Le Prophète, paix et salut sur lui, nous enseigne que le mariage représente la moitié de la religion, l’autre étant constituée de la piété. Autrement dit, la piété, composante intime, invisible et non quantifiable est mise en pratique entièrement dans le couple. A travers différents versets, hadiths, situations et raisonnements, nous verrons que la vie de famille reprend l’essence de notre dévotion. C’est par différentes analogies que nous lierons l’évolution de l’être et l’expérience conjugale.

Le cheminement conjugal et spirituel

Lorsqu’une personne décille ses paupières et entrevoit la lumière de Dieu, elle s’aperçoit du bel avenir qui s’offre à elle si elle répond à cet Appel. De la même façon, lorsqu’un homme ou une femme célibataire songe au mariage et s’imagine une vie de famille épanouissante, il (elle) n’y voit que rire et joie, plaisir et sourire. Puis, le cheminement s’accélère, par une rencontre, un déclic, une lecture, et le moment d’entrer dans la paix de Dieu se fait plus proche, plus ardent.

De même, suite à une rencontre, une présentation, un sentiment amoureux, l’envie de passer l’anneau et de vivre pleinement à deux éblouit l’être humain. Un éblouissement similaire, qui d’ailleurs estompe les épreuves inévitables, les défauts incorrigibles, les différences de goûts ou les efforts incalculables. Puis passées les joies de la nuit de noces et de la lune de miel, la lassitude pointe son nez, les frictions ou les différences se font jour, les beaux jours se font oublier. Tout comme la ferveur de la conversion, la fraîcheur du repentir, qui laissent ensuite place à la désillusion, ou plutôt à la réalité amère promise par Dieu. Et c’est à ce moment que se construisent la foi et le mariage, dans l’adversité, les baisses de régime et les tumultes de la vie. Les arbres s’élèvent par leur âme, par leur cœur. Tout comme un couple si les conjoints souhaitent se retrouver unis auprès de Dieu.

Nous nous sommes d’ailleurs souvenus qu’un mariage conclu devant Dieu est éternel dans l’intention d’œuvrer ensemble en ce monde pour mériter ensemble les hauteurs du paradis.

C’est ainsi que dans une simple assise, l’apaisement, la méditation et la sérénité engendrent des flots de sagesses vers des cœurs prêts à être abreuvés.

 


[1] « Le jardin des vertueux », Imam An-Nawawi, hadith n°371, rapporté par Moslim

[2] Rapporté par Bayhaqui

 

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