Ouways Al Qarani : quelques instants autour d’une histoire

Tu t’es certainement déjà intéressé au sens des prénoms arabo-musulmans ainsi qu’à leur fréquence dans nos sociétés actuelles. N’est-ce pas ?

Sur Internet par exemple, ou encore dans un livre qui traite du sujet, tu trouveras que les statistiques mettent en avant les prénoms « Mohammed » (Le loué), Aicha, ou encore Mostafa. Et il y en a plein d’autres bien-sûr, probablement le tien !

Mais que veut dire « Ouways » ?

Intéressons-nous par exemple au prénom « Ouways », et quel joli prénom !

Toujours d’après les statistiques et certainement que ton environnement le confirmera, ce prénom reste moins fréquent. Le mot « Ouways » en arabe veut dire « don » ou encore « cadeau ». Dans la conscience et l’histoire musulmanes, entendre « Ouways » dépasse largement la dimension linguistique du mot. Pour beaucoup de musulmans, cela renvoie vers une grande personnalité qui a également marqué le premier siècle de l’Islam.

Ce « cadeau » dont nous parlons plus haut, le deuxième calife de l’Islam aura consacré des années à l’attendre. Omar Ibn Khattab, que Dieu l’agrée, cherchera durant plusieurs pélerinages à retrouver ce « don » divin qu’était Ouways. Et c’est à cette histoire que je t’invite à consacrer quelques instants …

Mais que nous apprend donc le Prophète Mohammed (paix et bénédiction de Dieu sur lui) sur cet homme du nom d’Ouways ?

Histoire d’Ouways Al Qarani

Le récit nous est donné par Ousayr Ibn Amr. Quand lui venaient les renforts du Yémen, Omar Ibn Al-Khattâb leur demandait s’il y avait parmi eux Ouways Ibn ‘âmir. Jusqu’à ce qu’il trouva Ouways. Il lui dit : « C’est bien toi Ouways Ibn ‘âmir ? » « Oui » Répond Ouways. « De la tribu de Mouràd et du clan de Qaran ? ». «Oui » Répond de nouveau Ouways. « Tu as une mère ?» Lui demande alors Omar. «Oui ».

Omar lui explique alors qu’il a entendu le Messager de Dieu (paix et bénédiction sur lui) dire : « Il vous viendra avec les renforts du Yémen Ouways Ibn ‘âmir, de la tribu de Mouràd et du clan de Qaran. Il était lépreux puis guérit n’en gardant qu’une marque de la grosseur du dirham. Il a une mère qu’il traite avec piété filiale, s’il faisait à Dieu un serment pour que Dieu lui fasse quelque chose, Dieu ne démentirait pas son serment. Si tu peux lui demander de prier pour ton absolution, fais-le ». « Aussi je te demande de prier pour mon absolution », demanda Omar. Et c’est ce qu’il fit.

Omar lui dit ensuite : « Où veux-tu aller? ». « A al-Koufa », répond Ouways. « Veux-tu que je t’écrive une recommandation auprès de son gouverneur ? ». « J’aime mieux être parmi les humbles ».

L’année d’après, l’un de leurs nobles alla en pèlerinage à La Mecque. Il rencontra par hasard Omar qui lui demanda des nouvelles d’Ouways. Il lui dit : « Je l’ai quitté habitant une maison très modeste et ne possédant pas grand-chose ».

Omar lui dit : « J’ai entendu le Messager de Dieu dire : « Il vous viendra …. Fais-le ».

Le noble yéménite alla trouver, à son retour, Ouways et lui demande de prier pour son absolution. Ouways lui dit : « C’est à toi plutôt de prier pour la mienne car tu retournes plus récemment que moi d’un saint voyage. Tu as donc rencontré Omar ? ». « Oui », lui répond le noble yéménite. Et Ouways pria pour son absolution.

Les gens comprirent alors l’importance d’Ouways, mais il se retira loin d’eux.

C’est ici que prend fin le récit donné par Ousayr Ibn amr.[1] D’autres textes historiques viennent compléter ce récit et apporter d’autres précisions, mais nous nous contenterons de cela pour notre sujet.

Omar : « Ouways où es-tu ? »

Depuis le jour où le prophète Mohammed (paix et bénédiction de Dieu sur lui) avait incité Omar Ibn Al-Khattâb à rechercher Ouways, le deuxième calife en a fait une affaire personnelle. Les années passent, mais la volonté d’Omar ne fléchit pas : à chaque pèlerinage, ce dernier se met à la recherche du « don » divin, jusqu’à l’avoir trouvé.

Mais la question qui se pose à nous est la suivante :

« Comment est-ce que l’homme le plus puissant de la nation islamique peut  passer du temps à la recherche d’un inconnu ? Et pourtant c’est ce qu’il fera. Tu comprendras aisément, cher lecteur ou chère lectrice, qu’Omar a eu cet attachement extraordinaire à cette affaire car le Bien-aimé (paix et bénédiction sur lui) le lui a demandé.

Ô Omar ! Toi qui dois gérer les affaires d’une grande communauté ! Toi qui passais tes nuits à prier ! Toi qui te souciais de la condition des pauvres ! Toi auprès de qui des hommes et des femmes venaient chercher la justice ! Toi ? Mais quelle leçon d’attachement à la parole prophétique tu nous montres ici ! Et puis quelle leçon de modestie tu nous inculques !

A la rencontre d’Ouways, Omar soulagé lui transmet les dires du Messager de Dieu. Le Bien-aimé disait vrai, et cela Omar n’en a jamais douté. Jamais !

Tu remarqueras avec moi qu’Omar Ibn Al-Khattâb posera plusieurs questions à l’homme retrouvé, dans le but d’avoir devant ses yeux la bonne personne. La description recherchée est celle donnée par le Prophète Mohammed (paix et salut de Dieu sur lui) notamment qu’Ouways était d’une bonne compagnie envers sa mère.

« Nous avons recommandé à l’Homme la bonté envers son père et sa mère. »[2]

La piété filiale. Voilà donc une recommandation divine qui ne cesse de revenir dans la tradition musulmane. Dieu a « recommandé » à l’homme et à la femme la bonté, la bonne compagnie, le bon comportement envers ses parents.

Quant à l’éducation prophétique de Mohammed (paix et bénédiction de Dieu sur lui) qui est complémentaire, elle élève le statut de la mère et du père aux yeux du fils ou de la fille. Citons à titre d’exemple cette magnifique parole qui reste à méditer de nos jours : « Ô Messager de Dieu ! Je désire m’engager dans le combat sur la voie de Dieu, c’est pourquoi je viens te consulter. » Il lui dit : « Ta mère est encore en vie ? » Il dit : « Oui » Il lui dit : « Demeure auprès d’elle, car le Paradis est à ses pieds. »[3]

Pour revenir au cas d’Ouways Al Qarani, il est à noter qu’il se fait très rare de faire la description de quelqu’un en mettant en avant sa relation avec sa famille. Et tu remarqueras que pour retrouver Ouways, le Messager de Dieu indiquera à Omar qu’il était d’une bonne compagnie envers sa mère. A ma connaissance, c’est la première fois que le Prophète (paix et bénédiction sur lui) décrit un homme par plusieurs caractères dont la piété filiale. Mais peut-être que je me trompe !

Quoi qu’il en soit et à travers la personne d’Ouways, la sagesse prophétique veut qu’on s’attarde sur cette question de la bonté envers les parents, notamment envers la mère. Et comment ne pas avoir plus d’attention envers mère et père alors que le Messager de Dieu nous y incite fortement : « La satisfaction du Seigneur découle de celle du géniteur et Son mécontentement de celui du géniteur. »[4]

Et si je m’appelais Ouways !

Enormément d’enseignements sont à tirer de la vie d’Ouways ibn ‘amîr. Et à travers ces quelques lignes, nous n’en sommes certainement qu’à « l’entrée ». Qu’en est-il en effet de la relation spirituelle entre le Messager (paix et bénédiction sur lui) et Ouways ? Et que dira-t-on de l’humilité d’Ouways qui a toujours préféré rester effacé ? Et celle d’Omar devant Ouways ? Eh bien beaucoup de choses restent à dire et à méditer …

Il s’agissait ici de nous pousser à mieux apprécier la vie singulière de cet homme peu connu qu’était Ouways Al Qarani. Pour cela les écrits de nos pieux prédécesseurs, nos savants, nos traditionalistes nous y aideront certainement.

Si aujourd’hui je m’appelle autrement qu’Ouways, je peux cependant essayer de partager le prénom avec lui. Cela revient en partie à répondre aux recommandations du prophète concernant la bonne compagnie des parents. De cette manière, « Ouways » sera sans aucun doute plus fréquent comme prénom dans notre société.

Tu seras donc d’accord avec moi pour dire que nous pouvons d’une certaine manière tous être un « Ouways » de cœur et dans la pratique.


[1] Voir recueil des hadiths Sahih Mouslim

[2] Coran, S.46 v.15

[3] Rapporté par An-Nassâî

[4] Rapporté par At-Tirmidhî

15 commentaires

  1. bismillah
    assalam aleykoum
    un récit très touchant .
    Etant converti ,je me pose souvent la question:
    comment mettre en pratique cette piété filiale ,cette bonne compagnie que le prophète(pbsl)nous recommande lorsque nos parents ne sont pas musulmans?
    J\’ai de bons rapports avec eux(téléphone ,visite ,respect dans les paroles)mais les contacts sont malgré tout limités ainsi que ceux avec leurs petits enfants du fait qu\’ALLAH,le très haut ,nous dit de ne pas prendre pour amis ,alliés les non musulmans si on est croyants
    mes parents ont compris que ce manque de relations venez de ce fait.
    Faut il avoir seulement des relations courtoises et respectueuses ?
    barakaoufikoum

  2. Alaykoum salam,

    La base de l\’enseignement du Prophète est le noble caractère. Ceci peut se traduire par le fait d\’être de bonne compagnie, d\’être utile, d\’être serviable envers les autres à commencer par les proches.

    Dieu nous ordonne d\’être de bonne compagnie vis-à-vis des parents quelquesoit leur confession (cf. Sourate 31 V15). Il ne nous est pas demandé de résultat de guidance dans cette démarche. Dieu guide qui Il veut.

    Dieu ne nous interdit pas de prendre pour ami des non-musulmans, il nous interdit en revanche de prendre comme allié les gens qui combattent avec conviction la Foi musulmane et ce qui s\’y rapporte. Cette dernière interdiction s\’inscrit dans un contexte de lutte conflictuelle, ce qui est rarement le cas dans la relation parent-enfant converti.

    On trouve dans la sourate 60, V8 et 9:

    [b]Dieu ne vous défend pas d\’être bienfaisants et équitables envers ceux qui ne vous ont pas combattus pour la religion et ne vous ont pas chassés de vos demeures. Car Allah aime les équitables.
    Dieu vous défend seulement de prendre pour alliés ceux qui vous ont combattus pour la religion, chassés de vos demeures et ont aidé à votre expulsion. Et ceux qui les prennent pour alliés sont les injustes.
    [/b]

  3. très belle histoire et jolie prénoms j’adors
    inqhAllah je donnerai ce jolie prénom à notre fils UWAYS OU fille OUWAYSSA
    Que ALLAH GUIDE NOTRE PROGENITURE DANS LE DROIT CHEMIN AAMINE

  4. Salem alikoum
    Très belle histoire et je suis très content car j’ai appelé mon fils ouways
    Je connaissais un peu l’histoire mais pas en détails.
    Baraka Allaho fikoum

  5. La clé 🔑 du paradis se trouve sous le talon du ventre qui nous a porté, le devoir d’accompagner sa mère jusqu’à son dernier souffle est le graal, l’excellence inestimable, la richesse du cœur ❤️ dans toute sa sincérité.
    Cela demande du dévouement, et surtout faire abstraction de ses désirs personnels, pour laisser place au plaisir de faire plaisir à notre mère, par la présence permanente, surtout lorsque le grand âge commence à la rendre vulnérable et fragile comm un nouveau né.
    C’est la priorité indiscutable, un devoir qui ouvre le chemin de l’humilité.

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