Modération dans les adorations

On aurait tendance à croire, d’autant plus pendant ce mois de Ramadan, que plus on fait d’actes cultuels plus on se rapprochera de Dieu et plus on gagnera en mérite. Pourtant, quand bien même les pratiques spirituelles augmentent durant ce mois, il convient de garder une mesure et une modération en toute chose. Aicha, que Dieu l’agrée, rapporte que le Prophète, paix et salut sur lui, entra chez elle alors qu’elle était avec une autre femme. Il dit : « Qui est donc celle-ci ? » Elle dit : « Une telle qui vient me parler du grand nombre de ses prières. » Il dit : « Ne vous surchargez point ainsi car on ne vous a imposé que ce que vous pouvez supporter. Par Dieu, Dieu ne Se lasse pas de vous récompenser jusqu’à ce que vous vous lassiez de faire des œuvres de bien. » Aïcha conclut alors : « Les pratiques religieuses les plus agréables aux yeux du Prophète étaient celles accomplies avec régularité. »[1]

« Dieu n’impose rien à l’âme qui soit au-dessus de ses moyens »[2] , et « Dieu vous veut l’aisance et la facilité et ne vous veut pas de gêne »[3] ; le Prophète, miséricorde pour l’univers, rappelle cette réalité à l’être humain qui est parfois « plus royaliste que le roi ». La régularité et l’équilibre sont les maîtres mots. Mieux vaut une bonne action modeste et durable à une bonne action dans la surenchère et furtive.

Chaque chose dans la vie du croyant a sa place ; le temps des prières, de la lecture du Coran, de l’apprentissage… et aussi le temps des moments en famille, en couple, visiter en Dieu, du sommeil… Anas rapporte que le Prophète, paix et salut sur lui, est entré une fois à la maison. Il y trouva une corde attachée entre deux colonnes. Il dit : « Qu’est-ce donc que ces cordes ? » On lui dit : « Cette corde est pour Zeynab. Lorsque le sommeil s’empare d’elle, elle s’y accroche. » Le Prophète dit alors : « Détachez-moi cette corde ! Que l’un de vous prie tant qu’il en a la force et, dès qu’il est gagné par le sommeil, qu’il aille dormir ! »[4]

Par la miséricorde divine, en embellissant notre intention nous pouvons être en adoration à chaque moment de notre journée et de notre nuit. L’énergie investie dans la vie de famille ou dans le couple avec l’intention d’entretenir les liens de parenté tant valorisés par Dieu vaudra en mérite sûrement plus qu’une série de prières ou une lecture du Coran quand notre esprit est dispersé.

Habituons nos esprits à faire moins quand il faut, avec une présence du cœur accrue. Nous vivons dans une société à l’affût de la quantité au détriment de la qualité ; renversons ce paradigme en privilégiant la qualité (dont fait partie le renouvellement de notre intention) sur la quantité. Imaginons-nous lorsque nous prions deux unités de prière, comme dans un restaurant gastronomique où le plat est servi en portion réduite mais où nous le dégustons avec délectation, la satisfaction ressentie en est plus intense et notre présence dans ce moment est totale. Savourons chaque acte de prière et chaque acte de présence à Dieu comme si c’était le dernier de cette vie et en ayant la conviction, comme le mentionne la parole du Prophète, que Dieu ne Se lasse pas de nous récompenser tant que nous persistons dans les bonnes œuvres.

 


[1] Boukhari et Muslim

[2] Sourate La vache, verset 286

[3] Sourate La vache, verset 185

[4] Boukhari et Muslim

Un commentaire

  1. Merci bien. J’ai retenu qu’il ne faut pas tomber dans l’exagération comme zeynab, mais d’être modéré et constant dans l’accomplissement des bonnes œuvres.
    Qu’Allah vous récompense.

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